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Brésil : Une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle !
©MAURO PIMENTEL / AFP

On rit ou on pleure ?

On peut voir le verre à moitié plein. On peut également le voir à moitié vide. Au Brésil, c’est les deux à la fois…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Commençons par la bonne nouvelle : le candidat de la gauche, Fernando Haddad a été battu. Continuons avec la mauvaise : Jair Bolsonaro a été élu. Ses partisans sont en liesse. Les électeurs de Haddad sont en pleurs. Et avec eux, Libération (qui parle d’ « Apocalypse now ») et le Monde.

Pendant plus de treize ans la gauche – en l’occurrence le Parti des travailleurs – a régné sans partage sur le Brésil. À cette époque bénie entre toutes, le gratin des gauches européennes se rendait au forum social de Porto Alegre pour y célébrer la fin imminente et désirée du capitalisme.

Aveugles qu’ils étaient, ces fervents pèlerins n’avaient d’yeux que pour l’envoûtant carnaval de Rio. Ils refusaient de voir que le Brésil était gangrené par la violence et la corruption. On tuait là-bas dans les favelas et on tuait sans relâche. À telle enseigne qu’au Brésil le produit industriel brut (PIB) avait été remplacé par le PCB (produit criminel brut).

De cette période, Fernando Haddad est l’héritier. Il paye pour Lula, icône de la gauche française, emprisonné pour corruption. Il paye pour sa dauphine, Dilma Rousseff, destituée pour les mêmes raisons. Au Brésil la criminalité était une plaie bien plus saignante que le chômage et la pauvreté. Elle touchait avant tout les petites gens des favelas. Les riches, eux, habitaient les beaux quartiers et avaient des gardes du corps.

Ce sont ces petites gens, révoltés et écœurés, qui ont élu Jair Bolsonaro. Ce dernier n’est pas de ceux que nous inviterions à notre table. Il brûle d’amour pour la dictature militaire des années 80. Une période particulièrement sanglante avec son lot de torturés et de disparus. Une phrase de lui : « On n’aurait pas dû se contenter de torturer, on aurait dû tuer ! » 

En dépit de ça – ou peut-être grâce à ça – Bolsonaro est devenu président du Brésil. Du retour à l’ordre il a fait son credo. Il a promis de modifier la législation sur les armes « pour que les braves gens puissent faire justice eux-mêmes ». Les Brésiliens dans leur majorité n’attendaient que ça.

Un cycle s’achève. Pendant longtemps le vent de l’Histoire a soufflé à gauche. Aujourd’hui il souffle dans le sens inverse. Et comme il souffle en tempête, ça fera des dégâts.

Mais n’oublions pas que Bolsonaro ne vient pas de nulle part. Il a des parents. Son père s’appelle Lula. Et sa mère Dilma Rousseff. N’oublions pas non plus qu’en France nous avons aussi nos favelas…

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