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Science de la famille : ces raisons pour lesquelles les frères et soeurs sont largement aussi importants que les parents dans la vie
©THOMAS BREGARDIS / AFP

Harmonie familiale

Selon un article publié par The Atlantic, 82% des enfants vivent avec un frère ou une sœur, tandis que 75% des personnes de plus de 70 ans ont encore un frère et une sœur, ce qui en fait la relation la plus longue de nos vies. Pour le meilleur comme pour le pire, ces relations ont une influence bien plus forte que nos parents dans notre construction.

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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Atlantico : En quoi la fratrie construit-elle davantage notre identité que le rapport entre parents et enfants ? 

Pascal Neveu :Ils peuvent rendre notre vie meilleure… ou pire : 
Tout dépend bien évidemment des liens tissés dans la fratrie, ainsi que de la systémique créée par les parents.
Les liens inconscients de jalousie interviennent également. 
Le cinéma à d'ailleurs exploité ce meilleur ou ce pire à travers de nombreux films ou séries ainsi que des dessins animés.
Tour à tour sont déclinés les relations de préférence, les droits d'aînesse, les rancœurs qui ressurgissent bien des années plus tard, les désaccords concernant la prise en charge des parents vieillissants et les incontournables histoires d'héritage.
Tout le monde conserve en mémoire Dallas, Dinasty qui incarnent le pire.
Tout comme à l'inverse Rain Man qui exploite le lien fort entre deux frères. 
A l'identique dans l'opéra avec Hänsel und Gretel.
Les thèmes des familles unies ou désunies, de la découverte d'enfants naturels, des familles qui s'entredéchirent mais aussi des familles recomposées... permettent de décrire des moments de vie qui nous concernent toutes et tous.
Il ne faut pas oublier non plus que certains parents créent une rivalité, une jalousie entre frères et sœurs.
Parfois reproduisant leur vécu.
Même si la majorité rêvent de créer de forts liens entre leurs enfants.

En fonction de la position de la fratrie, des traits de caractère de nos frères et sœurs, quelles sont les situations ayant le plus d'influence sur une personne ? 

Dans le cas d'une mauvaise relation, les conséquences peuvent être plus graves qu'avec les parents : 
Rappelons-nous la mythologie et l'histoire de Romulus ainsi que le meurtre d'Abel par Cain, fils d'Adam et Eve.
Les relations sont donc au coeur notre histoire collective et symbolique, qui plus est du premier meurtre de l'histoire de l'Homme. 
Les conséquences peuvent être multiples, même si les familles tentent de conserver des apparences. Il est donc de bon ton de "faire comme si" et de s'épargner des guerres dignes du Parrain.
On peut observer des fratries très soudées et d'autres qui suite à de plus graves conflits n'échangeront plus qu'entre avocats, s'évitant même le jour de  la lecture d'un testament.
Il est vrai que l'on peut choisir ses amis, mais que la famille est souvent subie.

Quelles sont les forces que peuvent produire une fratrie, et quelles sont les faiblesses qu'elles peuvent engendrer en fonction de ces circonstances ?

Nous nous assimilons plus facilement sur nos frères et sœurs que sur nos parents : 
Les mécanismes d'identification sont plus simples. 
En partie car les frères et sœurs sont les premiers compagnons de jeux.
Ils sont parfois également amenés à se protéger afin d'éviter une punition parentale, s'entraider pour des devoirs, s'occuper du petit frère ou de la petite sœur.
Sans pour autant parler d'un premier lien social, il s'agit des liens humains qui dépassent les premiers objets d'amour que sont dans un premier temps la mère puis le père.
La perte d'un frère ou d'une sœur est plus difficile  à gérer et peut avoir plus d'influence : 
Tout dépend du lien développé entre frères et sœurs et la bonne gestion des ressentis inconscients.
En effet tout deuil invite à passer par des sentiments embivalents d'amour et de haine. Autrement dit une forme de culpabilité peut freiner et rendre plus compliqué le deuil.
D'autre part, la notion de "petit(e)" ou "grand(e)" frère prend un sens plus particulier.
D'autant plus en fonction des causes du décès.
Imaginons un suicide, une maladie... qui sont d'ailleurs des deuils particuliers à effectuer. L'idée même de n'avoir pu jouer le rôle du "soignant" a une influence.
De même la figure et la place symbolique liée à la nature du lien fraternel, la personnalité...

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