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La République en Marche se cherche un chef mais peine à se trouver une voie
©ludovic MARIN / POOL / AFP

Définir le macronisme

La volonté d’Emmanuel Macron de créer une approche nouvelle du Politique était plutôt incantatoire pendant la campagne. Depuis, les contours précis de cette promesse restent assez flous.

Alexis Massart

Alexis Massart

Alexis Massart  est directeur d'Espol, école européenne de sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Lille.

 

 

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Atlantico : Après l'arrivée de Christophe Castaner au ministère de l'Intérieur, LREM se retrouve avec un nouveau chef par intérim, Philippe Grangeon, et se prépare à élire son nouveau patron le 14 novembre prochain. Qui sont les candidats à la succession de Castaner ? Ont-il un véritable projet pour le parti ?

Alexis Massart : La nomination de Christophe Castaner au ministère de l’Intérieur ouvrait naturellement la voie à un changement à la tête de LREM. Il était difficilement concevable que le chef du parti majoritaire soit en même temps celui qui va organiser les élections et procéder au prochain découpage électoral. 

La procédure de son remplacement est donc lancée. A ce stade certaines personnalités de LREM ont manifesté leur intérêt. Marlène Schiappa, membre du gouvernement, mais aussi certains parlementaires dont Stanislas Guerini, Sylvain Maillard pour les plus connus.

Pour le moment la liste définitive n’est pas connue car les dépôts de candidature doivent intervenir entre le 29 octobre et le 14 novembre pour une désignation prévue le 1er décembre. Entre temps, la recevabilité de chaque candidature sera étudiée puis validée par un bureau exécutif mi-novembre qui vérifiera si les conditions requises sont effectivement réunies. Une chose est certaine par contre, le délégué général par intérim, Philippe Grangeon, ne sera pas candidat.

Chaque candidat va désormais pouvoir tenter de faire valoir sa vision du fonctionnement de LREM. C’est bien de vision de fonctionnement dont il va s’agir car le parti du Président n’a finalement que peu de marges de manoeuvre. Ce type de parti, comme c’est le cas depuis le début de la 5ème République, est avant tout cantonné dans la transmission de la parole présidentielle.   

Si la doctrine macroniste est claire, le parti semble avoir du mal avoir du mal à construire son propre corpus idéologique et à sortir de l'ombre d'Emmanuel Macron. Avec ces élections et alors que le parti organisait, ce samedi, une journée de réunion, cela est-il sur le point de changer ? L'identité du parti se précise-t-elle ? 

Comme indiqué précédemment, le parti du Président  est paradoxalement dans une situation contrainte. C’est d’autant plus vrai qu’il s’agit, pour LREM, d’un parti créé dans la foulée de la victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle. La ligne est donc évidente, il s’agit de porter les messages issus du programme présidentiel. Ceci étant, une mise en forme de ce programme sous un angle plus idéologique est en cours au sein de LREM. L’objet est de transformer des propositions programmatiques en corpus idéologique. C’est un des enjeux de la réunion, ce week-end, des cadres du parti. La journée d’hier a été consacrée, par un colloque, à ce travail idéologique dont le maître mot est «Le Progressisme » en France et en Europe. Ce terme a été décliné autour des questions de dignité, émancipation, engagement, ouverture et responsabilité. Autour de ces notions, se posait aussi la question de la méthode. Sur ce dernier point, l’inspiration se retrouve dans la méthode élaborée par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle. Les cadres du parti insistent pour garder l’esprit des marcheurs au travers de l’écoute, le dialogue et le parler vrai.

LREM a souvent déclaré vouloir ce distinguer de la politique politicienne, de l'ancien monde. Alors que le parti semble se structure davantage, comment peut-il allier nouveauté et échéances politiques habituelles (démissions, élections européennes à venir..) ? 

La question de la distinction est un réel enjeu pour LREM. La volonté d’Emmanuel Macron de créer une approche nouvelle du Politique était plutôt incantatoire pendant la campagne, les contours précis restaient assez flous. Depuis, la succession de discours, la volonté d’équilibrer société civile et personnel politique chevroné issus des différents bords de l’espace politique et la place laissée à de jeunes responsables en ont donné une vision un peu plus claire. Ceci étant, LREM va forcément, avec le temps, connaitre une certaine forme de normalisation. Des phénomènes de contestation, dans un parti qui intègre des militants venus tant de droite que de gauche, vont inévitablement se poursuivre. Reste à en voir l’ampleur. Des jeux de pouvoir interne, eux-aussi, vont se développer progressivement, comme dans toute forme d’organisation. Certes des procédures un peu différentes des autres formations vont se poursuivre, telles les appels à candidature très ouverts pour les différents types d’élections mais toute la difficulté, pour la prochaine direction, sera bien d’assurer un équilibre entre, en même temps, les pratiques de l’ancien monde et les aspirations du nouveau monde... 

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