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Les liaisons dangereuses entre le féminisme et le communautarisme face au machisme de l'homme blanc occidental hétérosexuel
©PASCAL PAVANI / AFP

Bonnes feuilles

Le féminisme est entré dans une phase d'exaltation de toute manifestation identitaire et communautaire afin de mettre à bas un modèle de société. Extrait du livre "Libérons-nous du féminisme" de Bérénice Levet, publié aux éditions de l'Observatoire (2/2).

Bérénice Levet

Bérénice Levet

Bérénice Levet est philosophe et essayiste, auteur entre autres de La Théorie du Genre ou le monde rêvé des anges (Livre de Poche, préface de Michel Onfray), le Crépuscule des idoles progressistes (Stock) et vient de paraître : Libérons-nous du féminisme ! (Editions de L’Observatoire)

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Le féminisme, un agent du séparatisme

Comment expliquer la collaboration des féministes avec un islam qui voile les femmes, les voue à l’invisibilité, comment interpréter leur réquisitoire contre la laïcité à la française ? Le politiquement correct, la hantise de se rendre suspect d’islamophobie en dénonçant des pratiques étrangères à nos mœurs n’expliquent pas tout. L’enjeu dépasse ici la cause des femmes, de leurs libertés et de leur égalité, il concerne l’identité de la France, son universalisme, sa passion du monde  commun, et sa conversion ou non au communautarisme, à un modèle de société « inclusif ». Ce féminisme entré dans l’âge identitaire, ainsi que nous l’avons vu, exalte toute manifestation identitaire et communautaire, encourage tout ce qui travaille à décomposer la France. Je l’ai dit d’entrée de jeu, le thème des violences faites aux femmes est un alibi pour le militantisme féministe. Il est la cause capable d’entraîner le plus grand nombre, mais l’objectif est de mettre à bas un modèle de société. Il faut asseoir dans les esprits que la violence faite aux femmes est un fléau social – à quoi les campagnes #balancetonporc et #metoo auront apporté un appui inespéré et dépassant toute mesure –, convaincre ainsi que ce fléau est inhérent à notre modèle de société, et amener chacun à conclure que la seule issue est de déconstruire ce modèle, le mettre à bas. La militante Caroline De Haas ne s’en est d’ailleurs pas cachée lorsqu’au lendemain de la tribune des cent femmes, parue dans Le Monde, sur la liberté d’être importunée, donnant libre cours au fiel qui la ronge, elle déclarait : « Les porcs et leurs allié•e•s s’inquiètent ? C’est normal. Leur vieux monde est en train de disparaître. » Ce vieux monde qui serait à son crépuscule, qui répugne tant à la cofondatrice d’Osez le féminisme ! et à ses semblables, est un monde où être un homme n’est pas encore être coupable, où les hommes ne sont pas asservis, terrassés par les femmes, où la confiance règne entre les deux sexes. Les choses ne nous sont évidemment pas présentées ainsi, on accuse une société qui aurait accordé tous les privilèges aux hommes, laissant des miettes aux femmes. Faire rendre gorge au mâle blanc, incarnation de l’Occident, tel est toutefois l’objectif, et la formule n’est pas excessive. Le 3 février 2018, le quotidien Le Monde propose un entretien pleine page avec le cinéaste Jonas Mekas, « figure de l’underground new-yorkais », âgé de quatre-vingtquinze ans. « Que vous inspire le soulèvement féministe déclenché par l’affaire Weinstein ? » lui demande-t-on. « Je suis d’accord avec William Burroughs, qui a dit que la race blanche avait pris de force le contrôle de la civilisation occidentale. Et voilà le désastre actuel est son œuvre ! Il est temps que les femmes prennent le pouvoir ! Que cet élément macho si négatif, qui a produit une civilisation si violente, soit balayé ! C’est ce qui est en train de se passer depuis la chute de Weinstein, et c’est très bien. Et cela va s’étendre à tous les champs de l’activité humaine. » Parole d’autorité et parole choc que Le Monde choisit de mettre en exergue. Il est temps que les femmes prennent le pouvoir ! Que cet élément macho, qui a produit une civilisation si violente, soit balayé. Quel féministe n’a pas jubilé en lisant ces lignes ?

Le soutien que l’islam ostentatoire rencontre du côté des féministes s’inscrit dans l’inlassable entreprise de repentance de l’Occident. Dans Comptes à rebours, Hubert Védrine, qui souligne cette inclination au repentir propre à l’Europe et spécialement à la France, propose une analogie fort inspirée : « Quand Darwin a fait paraître en 1859. De l’origine des espèces, beaucoup d’Anglais se sont indignés en déclarant impossible d’admettre qu’ils “descendaient du singe” (en fait d’un ancêtre commun mais peu importe). Aujourd’hui, beaucoup d’Occidentaux voudraient ne pas descendre des… Occidentaux. » Tout élément étranger est accueilli comme un instrument de rédemption. 

De là, dernier venu dans le volapük du féministe, l’apparition du terme d’« intersectionnalité » des luttes et d’un féminisme se revendiquant intersectionnel. Le principe en est simple : au croisement de la lutte contre le sexisme, le racisme, l’homophobie se trouve un même ennemi, l’homme blanc occidental hétérosexuel. Donc plutôt que de servir, chacun dans son coin, sa propre cause, il convient d’unir les forces. L’universalisme républicain, cette passion du monde commun qui fait le magnifique pari que chacun peut s’affranchir de ses appartenances premières, qu’au milieu des déterminismes il est une enclave de liberté grâce à laquelle nous pouvons prendre part à une histoire plus vaste, à un héritage civilisationnel, cet universalisme et son corrélat, le refus de toute expression communautaire, ne serait qu’une ruse de la raison machiste pour « invisibiliser » les femmes, et une ruse de la raison nationale et occidentale pour exterminer les identités particulières. Ainsi travaillent-ils ensemble à promouvoir les identités, à les faire bouillonner, à aiguillonner et exciter leurs revendications, afin de pulvériser cette France fière de sa devise « une et indivisible ». À l’unité et à l’indivisibilité de la République, opposer la diversité des communautés ; au monde commun, l’insularité et la ghettoïsation des groupes ; à la participation à l’universel, l’assignation à résidence ethnique, raciale, sexuelle.

Extrait du livre "Libérons-nous du féminisme" de Bérénice Levet, publié aux éditions de l'Observatoire 

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