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Pourquoi la rentrée dispersée de LR est une opportunité pour la droite de se distinguer d’Emmanuel Macron
©Thomas SAMSON / AFP

Dispersion

La rentrée politique se fait en ordre dispersé chez LR : Pécresse à Brive, Wauquiez au Mont Mézenc, Bertrand à Chalons (peut-être avec Pécresse), Retailleau à la Baule. Et plus significatif, il n'y aura pas d'université d'été générale.

Samuel Pruvot

Samuel Pruvot

Diplômé de l’IEP Paris, rédacteur en chef au magazine Famille Chrétienne, Samuel Pruvot a publié "2017, Les candidats à confesse", aux éditions du Rocher. 

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Atlantico : La rentrée politique se fait en ordre dispersé chez LR : Pécresse à Brive, Wauquiez au Mont Mézenc, Bertrand à Chalons (peut-être avec Pécresse), Retailleau à la Baule. Et pour couronner le tout, il n'y aura pas d'université d'été générale. Cette dispersion, si elle montre clairement une mésentente des ténors du parti et de potentiels dysfonctionnements, ne pourrait-elle pas devenir une force stratégique pour LR, en proposant une lecture plus régionale et locale de leur action politique, à l'opposé d'un LREM ultra-centralisé ?

Samuel Pruvot : Cette dispersion est le signe d’une nouvelle féodalité. Le propre de la droite française, c’est de se chercher un chef incontesté. Cette sempiternelle recherche l'unité d’un homme fort est une quête du graal qui n’a jamais cessé depuis la Révolution française. On peut citer pêle-mêle Bonaparte, le général de Gaulle et, plus proches de nous, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy. A chaque fois, le peuple de droite – si tant est qu’il existe à l’état pur – réclame un chef charismatique capable de sauver la mise. En faisant l'unité par la synthèse impossible des courants.

Présider une région (surtout depuis qu'elles sont plus grandes) semble donner une autre dimension à un homme politique. Est-ce devenu une forme de grade intermédiaire entre la députation et la présidentiabilité ?

Je n’en suis pas certain. A terme, cet éclatement de la droite en une multitude de fiefs n’est pas souhaitable. Cette droite confetti peut faire illusion un moment. Mais pas dans la durée. On peut y voir une forme de régression (même si d’autres plaideront la liberté et l’indépendance retrouvée). La force des nouveaux féodaux est à la mesure de la faiblesse du chef.

La vie politique française ne peut se limiter à la coexistence entre des baronnies qui n’ont plus grand-chose en commun. Laurent Wauquiez le sait. La rentrée 2018 offre un paradoxe cruel. Le fonds de commerce idéologique de LREM est un libéralisme tempéré – une sorte de « néo girondisme » ou de « néo orléanisme » pour reprendre les catégories de René Rémond – censé fleurir loin des oukases la capitale. Aujourd’hui, c’est un peu le monde à l’envers. Les députés LREM défendent la généralisation de la limitation de vitesse à 80 km de la Bretagne au pays basque en passant par les Vosges. Ce passage en force contre l’avis des responsables locaux – même pour la bonne cause – a quelque chose d’autoritaire. A contrario, la droite privée de centre, se disperse aux périphéries en attendant des temps meilleurs. Et les notables girondins qui ont rallié Emmanuel Macron se trouvent obligés de jouer aux censeurs jacobins.

Il n'en resterait pas moins qu'à la fin, il n'en restera qu'un pour représenter le parti lors des prochaines élections présidentielles. En laissant leur autonomie à X. Bertrand, B. Retailleau et V. Pécresse, Laurent Wauquiez ne s'assure-t-il pas d'une part une certaine tranquillité (après une première année très houleuse) à la tête du parti tout en divisant pour mieux régner ?

Diviser pour mieux régner est une stratégie à court terme. Laisser de l’autonomie aux barons de LR est une chose, être capable de rassembler demain en est une autre. Sans doute les personnalités que vous citez cultivent une ambition nationale. L’enracinement local étant envisagé comme un tremplin. Pour revenir au parti, on pourra toujours invoquer le caractère pluriel de la droite depuis ses origines pour justifier une certaine pagaille idéologique. Mais la victoire suppose toujours de savoir s’unir. A l’horizon, on voit déjà poindre l’échéance des élections européennes. L’Europe a toujours été une pierre d’achoppement à droite. Et le temps manque pour inventer une doctrine commune, pour trouver le plus petit dénominateur commun. Entre un souverainisme musclé et un fédéralisme qui ne dit pas son nom, il y a incompatibilité. Et l’heure du choix se rapproche.

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