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Emmanuel Macron et le syndrome du seul contre tous
©ERIC FEFERBERG / POOL / AFP

L'Etat, c'est moi

Emmanuel Macron semble traverser un été meurtrier avec l'affaire Benalla. Cette "affaire d'Etat" ou cette "tempête dans un verre d'eau" révèle néanmoins la véritable personnalité du Président, qui augure mal de la fin de son quinquennat.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Est-ce un été meurtrier pour Emmanuel Macron ? La question mérite d’être posée. Ce que l’on qualifie usuellement d’« affaire Benalla » a incontestablement instillé un poison lent dans la perception du Président français, jusqu’au sein de ses plus ardents soutiens. Parmi eux, une partie des « macronistes » de la première heure, qui tel ou tel député ou élu, s’interroge sur le thème « est-ce bien cela le nouveau monde que nous avions voulu et auquel nous avons cru ? ». Le changement de ton est également spectaculaire de la part de la grande presse anglo-saxonne, pourtant ralliée de la première heure au macronisme, comme l’atteste la photo assassine du dernier The Economist montrant Monsieur Benalla « en action » et se demandant : « Cela consiste-t-il vraiment à protéger le Président ? ».

Disons-le tout net : rien qui ne nous surprenne. Nous avions bien avant l’élection d’Emmanuel Macron pointé ce qui nous semblait être son manque de gravitas, au sein latin du terme, pour exercer la fonction. 
Bien sûr, au-delà de l’affaire Benalla, il faudrait enfin s’arrêter sur le fond. L’on prendrait alors la mesure de la litanie des échecs et renoncements qui caractérisent son début de mandat, alors même que chacun instruit de la réalité politique sait que plus le quinquennat avance et plus la réforme est difficile. Bénéficiant d’un alignement d’astres politiques et économiques exceptionnel, qu’en a-t-il fait ? Les réformes engagées au plan économique sont des réformettes (allant souvent dans le bon sens), incapables de remettre la France sur le sentier de croissance nécessaire et de restaurer nos finances publiques et notre compétitivité, conditions indispensables à la survie de l’euro. Le bilan européen et diplomatique, à l’exception de l’opération en Syrie, est désastreux. Au niveau européen, la France est isolée comme rarement. 
Pourtant, l’« affaire Benalla » présente bien un intérêt. Elle révèle pour la seconde fois la véritable personnalité du Président, qui augure mal de la fin de son quinquennat.
Une première fois, avec la démission de Pierre de Villiers, Chef d’Etat-Major des Armées, le Président a montré son vrai visage. Un narcissisme et un autoritarisme sans commune mesure avec celui de ses prédécesseurs. Car au fond, l’affaire Villiers était surtout la manifestation par le Chef de l’Etat du scandale que représentait pour la simple idée que l’on puisse, d’une manière ou d’une autre, s’élever contre sa volonté. Entre lui, quelques collaborateurs, et le peuple : rien !
L’affaire Benalla s’inscrit dans la même logique. Au-delà des faits proprement dits, c’est la première déclaration qu’a faite le Président de la République qui instruit. Au-delà d’une vulgarité qui égale Nicolas Sarkozy, mais dont personne ne lui fait le reproche, Emmanuel Macron, en lançant un « qu’ils viennent me chercher », a montré sa véritable conception des Institutions. Se sachant protégé par leur lettre qui, sous la Vem, lui garantit une impunité politique, il en piétine l’esprit, celui d’un Chef dont l’exemplarité seule lui permet, au-delà de l’élection, de prétendre incarner la France. 
Discrédité auprès des militaires, ayant taxé les services de sécurité intérieure d’un « coup monté » contre lui, montrant un mépris à peine déguisé à l’égard du Parlement dont on prend un peu tard la mesure du rôle de contre-pouvoir dans nos Institutions déjà tellement déséquilibrées, l’on se demande qui le Président va maintenant se mettre à dos. Déjà, la presse bruisse de l’idée que la Haute fonction publique, pourtant passablement épurée par le hollandisme et le spoil system, devra faire l’objet d’une nouvelle chasse aux sorcières. La plupart des hauts fonctionnaires déjà en place sous François Hollande et qui sont restés à leur place doivent trembler…
Se dessine ainsi la réalité d’un Pouvoir, excessivement concentré par la Vem République, qui se referme sur lui-même. Un Pouvoir entouré d’ennemis. Hier les militaires. Aujourd’hui les parlementaires, la police et les hauts fonctionnaires. Et demain, sans doute, des chefs d’Etat et de gouvernement européens qui, faute de n’avoir pas compris les fulgurances de Jupiter, se permettraient de questionner la réalité des réformes économiques françaises, ou, plus simplement, de défendre leurs intérêts nationaux. Emmanuel Macron, qui se prétend le plus européen des Présidents, par son intransigeance et son arrogance, va-t-il, paradoxalement, être celui qui va le plus abîmer l’Europe ? Il faut le craindre.
De tout ceci une interrogation émerge : peut-on encore sauver ce quinquennat ? La réponse est sans doute dans la personnalité du Président. Il y a le feu…  

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