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Pourquoi l’assurance-vie connait un retour en grâce auprès des épargnants
©ERIC PIERMONT / AFP

Edito

L’assurance-vie connait à nouveau une période faste, après avoir été longtemps boudée. Comment s’explique dès lors le changement de comportement des épargnants ?

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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C’est la surprise de l’été dans le monde de l’épargne. L’assurance-vie connait à nouveau une période faste, après avoir été longtemps boudée par les épargnants. Au cours du premier semestre, elle a engrangé 12,2 milliards d’euros supplémentaires, soit davantage que pour l’ensemble de l’année2017.Ainsi a pris fin un creux enregistré entre septembre 2016 et juin 2017, où les rumeurs les plus folles avaient couru dans la période préélectorale que connaissait le pays. Tout se conjuguait pour éloigner nos compatriotes de ce qui était considéré jusqu’ici comme le placement privilégié des Français. On invoquait pour s’en éloigner les risques de changement dans les avantages fiscaux concédés, le danger éventuel d’un retrait de la France de l’euro, sans parler de la baisse régulière des rendements provoqués par le niveau particulièrement faible des taux d’intérêt. Ainsi en l’espace de huit ans, la rémunération du fonds en euros est tombée de 3,38% en 2010 à 1,83% en 2018 compensant à peine le rythme de l’inflation.

Comment s’explique dès lors le changement de comportement des épargnants ? On peut dire qu’ils reviennent à l’assurance-vie par défaut plus que par enthousiasme. Les Français disposent aujourd’hui de nombreuses liquidités qui restent en attente et viennent souvent gonfler les comptes courants, voire sont thésaurisés en billets comme en témoigne l’augmentation de 7,5% de la masse des coupures imprimées l’an dernier par la Banque de France et qui n’a pas encore trouvé un usage sur le marché. Il est vrai qu’il y a moins d’attraits pour d’autres formes de placement. La Bourse a connu un encéphalogramme plat au premier semestre avec une forte volatilité qui éloigne les épargnants craintifs. Certains se détournent de l’immobilier soumis à la nouvelle forme de l’impôt sur la fortune, qui exonère en revanche les actifs financiers, donc l’assurance-vie. Le souci d’Emmanuel Macron d’orienter davantage vers les placements à risque afin de dynamiser l’épargne retraite a connu un premier résultat encore modeste des supports en unités de compte qui représentent désormais 30% des souscriptions contre 28 en 2017 et 26% en 2016 : ils ne prévoient pas la même garantie en capital, mais peuvent offrir des rendements très supérieurs, à condition que la Bourse se montre optimiste. Les assureurs étudient présentement d’autres formules pour rendre l’assurance-vie plus attrayante, en prenant conscience que le bon vieux fonds traditionnel en euros a bien joué son rôle, mais qu’il est à bout de souffle dès lors que les taux d’intérêt sont au plus bas et n’ont pas de chance de remonter avant un an selon les prévisions de la banque centrale européenne. Le taux de rémunération ne peut que diminuer, même s’il reste encore largement au-dessus de celui du livret A. Mais le gouvernement a aujourd’hui une autre ambition, celle de lui faire jouer un rôle essentiel en matière d’épargne-retraite, alors qu’elle représente déjà une masse considérable supérieure à 1700 milliards d’euros. Toute réforme suppose beaucoup de doigté, car les capitaux sont de plus en plus mobiles dans le monde contemporain. Il est donc essentiel de préserver sa stabilité, en évitant de rogner sur les avantages acquis, en renonçant également aux tentations qui se présentent régulièrement de vouloir demander davantage aux épargnants pour compenser les tentatives infructueuses des pouvoirs publics en faveur d’une diminution du déficit public et des dettes de l’Etat.

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