La souveraineté : ultime enjeu européen avant le Brexit ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
La souveraineté : ultime enjeu européen avant le Brexit ?
©DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

Bonnes feuilles

Alors que l'Europe s'est déchirée sur la crise des migrants et que le Brexit approche, Bruno Alomar dévoile les complexités de l'UE et les courants entre les souverainistes et les fédéralistes. Extrait du livre de Bruno Alomar, "La réforme où l'insignifiance Dix ans pour sauver l'Union européenne" aux éditions de l'école de guerre, ligne de front (1/2).

Bruno Alomar

Bruno Alomar

Bruno Alomar, économiste, auteur de La Réforme ou l’insignifiance : 10 ans pour sauver l’Union européenne (Ed.Ecole de Guerre – 2018).

 
Voir la bio »

Ce qu’il faut faire : l’indispensable clarification politique par la réaffirmation de la primauté des États-nations

L’hétérogénéité culturelle, géographique, historique, politique, linguistique conduit à une conclusion nette : en l’état, car il n’est pas interdit de penser qu’un long processus sur plusieurs générations invalide cette analyse, il n’y a pas de peuple européen. La souveraineté n’existe et ne doit exister qu’au niveau des États-nations. L’Union européenne est une organisation internationale au service de ses États membres.

Réaffirmer ce qui nous semble des évidences ne suffit pourtant pas.

Sur le plan juridique, il faut clarifier la question de la primauté des droits constitutionnels nationaux sur le droit européen, en ce compris les traités européens, et inscrire clairement dans les traités européens que, quelles que soient les compétences qui lui sont attribuées, l’Union européenne ne dispose pas de l’attribut de la souveraineté, aux seules mains des États qui la composent.

La question, cependant, est essentiellement politique. La clarification du lieu où se situe la souveraineté doit permettre de mettre fin à ce qui est sans doute l’un des effets les plus négatifs de la construction européenne : l’incapacité à distinguer clairement qui est responsable de quoi. Si l’on considère en effet le rapport à l’Union européenne, par exemple en France, il se  partage en deux attitudes diamétralement opposées, mais qui se nourrissent de l’ambiguïté que crée le brouillage des responsabilités respectives entre le niveau national et le niveau européen.

D’un côté, les fédéralistes veulent voir l’Union européenne comme une souveraineté latente, ce qui justifie chez eux les abandons de souveraineté au niveau national. D’un autre côté, les souverainistes n’ont de cesse de proclamer que la souveraineté a échappé aux États-nations, ce qui est largement faux. Opposés dans leur but, souverainistes et fédéralistes sont solidaires dans leur mécompréhension, pour partie réelle, pour partie feinte, d’une Union européenne qu’ils voient, espèrent, ou redoutent beaucoup plus importante qu’elle n’est en réalité. À cet égard, l’un des effets positifs du Brexit est incontestablement la fin proche de ce jeu de défausse permanent entre le niveau national et le niveau européen : pour le pire ou pour le meilleur, à compter de 2019, les Britanniques seront à nouveau maîtres de leur destin, et ne pourront plus chercher le salut ou la cause de leurs malheurs à Bruxelles. Il leur restera à répondre à cette question : que signifie être maître de son destin dans un monde interconnecté, et quand, parce qu’il s’agit du Royaume-Uni, l’ouverture au monde est l’ADN des Britanniques.

Extrait de "La réforme où l'insignifiance Dix ans pour sauver l'Union européenne", de Bruno Alomar, aux éditions de l'école de guerre, ligne de front

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !