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Les épines du rosier
10) Immigration : comment la gauche a instrumentalisé les bons sentiments
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Pamphlet

Dans un pamphlet qu'Atlantico publie en feuilleton et alors que François Hollande fait figure de favori des sondages, Roland Hureaux a souhaité faire le point sur les grandes lignes des politiques passées et à venir des socialistes. 10ème épisode : la gauche et l'antiracisme, les lois mémorielles et l'utilisation politique du FN.

Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

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L’immigration des pays du Tiers Monde vers une Europe occidentale encore prospère est certes chose naturelle. Mais il est probable qu’elle n’aurait pas connu le caractère déstabilisateur que nous lui voyons aujourd’hui en France (au point que certains observateurs d’outre-Atlantique prévoient, à terme rapproché, un délitement progressif de notre pays) si la gauche, tout le temps qu’elle a été au pouvoir depuis trente ans, n’avait pas privilégié la politique des bons sentiments, voire la démagogie, non exclusif du sectarisme le plus haineux à l’égard de ceux qui s’inquiètent, de manière pourtant légitime, des conséquences pour la paix civile et pour la cohésion nationale de cette immigration mal maîtrisée et mal intégrée.

Que ces bons sentiments aient fait l’objet d’une cynique instrumentalisation politique apparaît à la création de SOS Racisme, en 1984, sous les lambris de l’Élysée mitterrandien. Ses promoteurs ont compris que, renonçant à ses objectifs sociaux sous l’effet de la mondialisation, la gauche se devait désormais de mettre en avant la problématique morale, sous la forme d’un antiracisme accusateur. Au même moment, François Mitterrand mettait en place un système électoral favorable au Front national, l’émergence de ce dernier ayant le double effet de diviser la droite, et de plomber tout débat raisonnable sur le fait migratoire.

Un antiracisme agressif se répand alors dans la société française, prenant l’alibi de la supposée montée du Front national. La profanation du cimetière juif de Carpentras en mai 1990 amène, dans la foulée, le vote de la loi Gayssot du 13 juillet 1990 (Gayssot est communiste ! ) qui pénalise toute remise en cause du génocide des juifs. La loi Taubira du 21 mai 2001 fait de même pour la traite des noirs.

La gauche a ainsi pris plus que sa part dans l’escalade des lois mémorielles tendant à limiter la liberté d’expression, contestées par les historiens et même certains hommes de gauche comme Robert Badinter. La loi étendant ces censures à la négation du génocide arménien, proposée, elle, par la droite, en 2011, a été invalidée par le Conseil constitutionnel avec des arguments qui auraient pu aussi bien s’appliquer aux lois précédentes.

De son côté, la vieille revendication du Parti socialiste de donner le droit de vote aux immigrés aux élections locales n’a pas seulement pour effet d’affaiblir le sens de la citoyenneté, elle encourage l’installation en France d’immigrés supplémentaires.

Même générosité désordonnée aux effets funestes sur la justice et la paix sociale en matière d’aide aux plus défavorisés. Tous ceux qui ont participé à des campagnes électorales, à quelque niveau que ce soit, auront entendu chaque jour les doléances de ce qu’il faut bien appeler la classe ouvrière, de ceux que les sociologues redécouvrent sous le nom de "travailleurs pauvres", rémunérés au SMIC ou un peu au-dessus, contre les bénéficiaires des minima sociaux quels qu’ils soient. Et tout pousse à considérer que ces doléances sont tout aussi répandues dans l’électorat de gauche que dans celui de droite, chez les autochtones autant que chez les immigrés. Les travailleurs immigrés (les vrais, ceux qui travaillent effectivement) ne sont pas les derniers à en vouloir à leurs congénères qui vivent de l’aide sociale.

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