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Dépendance : pourquoi Agnès Buzyn ne semble pas plus avoir compris l’ampleur du défi que ses prédécesseurs
©PASCAL LACHENAUD / AFP

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​Après un début d'année conflictuel entre les personnels des Ehpad et le gouvernement, la ministre de la Santé dévoilera un plan consacré à cette question des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Claude Le Pen

Claude Le Pen

Claude Le Pen est un économiste français, professeur à l'université Paris-Dauphine où il dirige le master d’économie de la santé. Il est président du Collège des économistes de la santé.

 
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  1. ​Après un début d'année conflictuel entre les personnels des Ehpad et le gouvernement, la ministre de la Santé, Agnes Buzyn, dévoilera un plan consacré à cette question des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. Selon les informations révélées par France Inter, le plan apporterait plusieurs réponses : une infirmière de nuit dans chaque Ehpad, la télémédecine, et une augmentation de 430 millions d'euros soit 20 000 postes supplémentaires en équivalent temps plein. Au regard de ces premières annonces, comment préjuger de l'action du gouvernement en la matière ? 

Claude Le Pen : C’est une réponse limitée mais réelle aux besoins des Ehpad qui constituent effectivement un des maillons faibles de notre système social. Rappelons qu’historiquement et contrairement à d’autres pays, notamment en Europe du Nord, la France a fait le choix de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées. Les Ehpad ont ainsi « récupéré » si on peut dire les patients les plus lourds médicalement et souvent les plus défavorisés socialement. Cela étant, il existe une très grande disparité entre les établissements en ce qui concerne le confort, le personnel, le suivi médical…. etles prix avec des tarifs mensuels allant du simple au double, de 2000/2500 € à plus de 5000 €. Améliorer les conditions de fonctionnement des Ehpad existantes c’est bien mais il reste également à en augmenter le nombre et à aider au financement de l’hébergement des plus défavorisés.  

Au regard de l'enjeu de moyen-long terme que représente le vieillissement de la population française, la prise de conscience politique de la situation peut-elle être considérée comme appropriée ? 

On a perdu du temps sur cette question de la dépendance. Roseline Bachelot, à la fin du quinquennat Sarkozy, avait lancé une vaste réflexion avec des groupes de travail qui avaient chiffré les besoins dans différents horizons de temps, évalué les solutions existantes et proposé des scénarios d’organisation de de la prise en charge. Fallait-il créer une nouvelle branche de la Sécu (« le 5ème risque ») ? comment la financer ? Quelle place accorder à l’assurance privée ? Quelle réforme de l’APA ? Tous ces sujets étaient abordés. Mais cette réflexion s’est perdue et le statu quo a perduré avec une prise en charge insatisfaisante et des restes à charge importants pour les familles. Il est temps de la reprendre.
  1. Les mesures dévoilées ici sont-elles suffisantes pour faire face au mécontentement actuel, de répondre aux enjeux les plus immédiats ? Faut-il en conclure que ce plan a plus un objectif de court terme qu'une véritable prise de conscience ? 

L’avenir le dira mais je fais crédit à la Ministre pour cela ne soit pas sans lendemain. A partir de 2025, les très grosses générations de babyboomers nés à partir de 1945 vont atteindre l’âge de 80 ans… Non seulement ils étaient plus nombreux au départ mais ils survivent en plus grand nombreque les générations précédentes. Même si 10% seulement d’une génération devient dépendante,les besoins vont exploser. Et 2025 c’est demain…

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