Joseph Stiglitz: “Ces parasites qui transforment l’économie américaine en machine à creuser les inégalités” <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Joseph Stiglitz: “Ces parasites qui 
transforment l’économie américaine 
en machine à creuser les inégalités”
©

Mauvais augure

Le "prix Nobel" de l'économie accuse certains secteurs de vampiriser l'économie américaine, et craint une reprise de la crise, et un retour en récession. En cause : les monopoles, les dépenses militaires ou encore les industries extractives. Un constat alarmant.

C’est une image lugubre que l’économiste Joseph Stiglitz a utilisée pour décrire l’état actuel des Etats-Unis, dans une interview au journal The Europeande lundi.

"Nous traversons une transition très difficile depuis une économie industrielle vers une économie de services. Nous ne sommes pas parvenus à faire cette transition doucement. Si nous ne corrigeons pas cette erreur nous allons payer un prix très élevé. L’Américain moyen souffre déjà de cette transition ratée. Mon souci, c’est que nous avons mis en marche une économie négative et une politique négative. Une grande partie des inégalités américaines est causée par la recherche de rentes, des manipulations en vue de faire du profit à tout prix : les monopoles, les dépenses militaires, les industries extractives, les psychotropes. Nous avons des secteurs économiques en très bonne forme, mais nous avons aussi beaucoup de parasites. La vision optimiste est que l’économie peut croitre si nous nous débarrassons des parasites et nous concentrons sur les secteurs productifs. Mais dans toute maladie il y a toujours le risque que les parasites dévorent les parties saines du corps. Rien n’est joué."

L’économiste craint une “récession à double creux”. Aussi appelée "récession en W", elle désigne une séquence économique où se succèdent une récession, puis une période de croissance de courte durée, suivie d’une autre récession.  Le PIB redevient négatif après un ou deux trimestres dans le positif.

Ce type de récession est réputé extrêmement destructeur, tant pour l’économie que pour le moral des citoyens. La seconde vague, ou le second « creux » est en général plus grave que le premier, en raison du pessimisme et du découragement général des acteurs économiques.

 Dès le début de la crise économique mondiale, en 2009 et 2010, de premières inquiétudes se sont élevées quand à la possibilité d’entrer dans ce type de récession. Le Huffington Post écrivait alors « un chômage élevé, la crise de la dette européenne, un ralentissement de l’économie chinoise, un marché du logement instable, et une chute du cours des action pèsent sur la fragile récupération de l’économie américaine. »

 Les inquiétudes de Stiglizt interviennent au moment où se propagent des rumeurs de retour en récession en Grande Bretagne. Le pays attend fébrilement les chiffres officiels de la croissance du premier trimestre 2012, qui seront officiellement annoncés demain mercredi 25 avril.

Pour Stiglitz, le deuxième creux de la récession se profile, et ce à cause des politiques d’austérité.

Mais les politiciens ne sont pas les seuls responsables. Selon Stiglitz, les chercheurs en économie ont joué un rôle important dans les causes de la crise, car leurs modèles étaient beaucoup trop simplistes, distordus, et mettaient de côté beaucoup d’aspects essentiels. Ce sont ces modèles qui auraient ensuite encouragés les décideurs à croire que les marchés, autorégulés, règleraient tous les problèmes. Stiglitz déplore d’ailleurs le manque d’auto-critique de la part des économistes : pour la plupart, ceux qui prônaient le libre marché auparavant sont restés sur leurs positions, et très peu nombreux sont ceux qui ont osé un mea culpa, en disant « nous avons eu tort. » A l’inverse, ceux qui critiquent aujourd’hui le libre marché, y étaient en général déjà opposés avant la crise, qu’ils avaient parfois prévue.

L’économiste a conclu au sujet de la campagne présidentielle américaine : "Même les républicains sont devenus plus conscients de la puissance de l'argent, en constatant comment l’argent a influencé et faussé les primaires. Les résultats ne correspondent pas à ce que l'establishment du parti républicain avait espéré. La catastrophe est devenue clair - mais cela ne mènera pas à des solutions immédiates. Les élus dépendent de cet argent. Il faudra un fort tiers parti ou une puissante la société civile pour faire quelque chose à ce sujet. "

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !