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Pourquoi le monde n’est pas à l’abri d’un nouveau choc pétrolier
©FRED TANNEAU / AFP

Edito

Sournoisement, les cours du pétrole sont repartis à la hausse alors que le monde s’était habitué à leur modération. Et ce qui fait le bonheur de quelques-uns est loin d’être partagé par la majorité des pays.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Sournoisement les cours du pétrole sont repartis à la hausse alors que le monde s’était habitué à leur modération. Le brut a retrouvé ainsi le niveau de 77 dollars le baril, traduisant ainsi un triplement depuis janvier 2014. Pour les Européens c’est une double peine, puisque parallèlement, la devise des Etats-Unis qui est la monnaie de cotation, est repartie à la hausse par rapport à l’euro qui a amorcé un mouvement de repli. Déjà certains observateurs n’hésitent pas à estimer que l’on pourrait retrouver bientôt le niveau des cent dollars qui représenterait un véritable danger pour la croissance économique mondiale. Encore que la prévision dans ce domaine soit parfaitement aléatoire puisque le Fonds Monétaire Internationale avait pronostiqué un niveau moyen de cinquante dollars pour cette année. Il est vrai que les cours étaient tombés à 45 dollars le baril en juin 2017 et que le rebond depuis cette période atteint désormais soixante pour cent, ce que personne n’avait prévu.

Cette éruption volcanique des cours n’est pourtant pas une surprise. Elle est d’abord le fruit de la dégradation de la situation géopolitique au Moyen-Orient. Les échauffourées qui se multiplient entre la Syrie, l’Iran et Israël ont pris une allure inquiétante, tandis que le retrait des Etats-Unis de l’accord international pour arrêter la montée en puissance de Téhéran dans le domaine du nucléaire fait croître brutalement la tension non seulement dans la région, mais aussi sur le commerce international en raison des menaces proférées par Donald Trump. Déjà l’approvisionnement du marché en pétrole pourrait être menacé, si l’Iran réduisait ses fournitures, alors que le Venezuela qui intervenait encore pour deux millions de barils jour l’an dernier, est en chute libre aujourd’hui et que l’on n’est pas en mesure d’attendre un changement de comportement des pays de l’Opep au cours de sa prochaine réunion le mois prochain à Vienne. Le statu quo devrait être maintenu, les pays du cartel et la Russie ayant tout avantage à voir remonter les prix : l’Arabie saoudite est en train de sortir d’une situation d’endettement qui la baisse des prix des années précédentes avait rendu inquiétante, tandis que Moscou a tout intérêt à la poursuite de la hausse, car le pétrole et le gaz sont les deux mamelles de son économie chancelante.

Ce qui fait le bonheur de quelques-uns est loin d’être partagé par la majorité des pays. Sans parler de l’Europe pauvre en ressources énergétiques du sous-sol, la plupart des nations en développement rapide, devenues grosses consommatrices avec des équipements automobiles voraces en carburants, comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie ou la Turquie vont commencer à souffrir. D’autant que ces nations sont fortement endettées et que le poids de leurs emprunts devient de plus en plus lourd. Car il s’y ajoute le renchérissement des taux d’intérêt conduits par les Etats-Unis, où la barre des trois pour cent vient d’être franchie.

Ainsi, au fil des semaines le fameux alignement des planètes générateur d’une expansion économique régulière s’est rompu, alors que le bas coût de l’énergie et des taux d’intérêt étaient les meilleurs atouts d’une montée en puissance de la croissance. Cette dernière est aujourd’hui menacée, alors que les premiers signes d’un ralentissement de la conjoncture étaient déjà en train d’apparaître. Il serait urgent de pouvoir faire baisser la tension au Moyen-Orient, ce qui parait hypothétique dans le climat actuel, alors qu’on peut encore espérer tempérer le mouvement de hausse du pétrole grâce à la soupape que représente l’exploitation du gaz de schiste, où les Américains sont passés maîtres.  Mais pour l’heure, la belle euphorie des derniers mois sur le renouveau économique risque d’être mise sous le boisseau.

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