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Xavier Dupont de Ligonnès : la thèse du suicide relancée
©Thomas COEX / AFP

Bonnes feuilles

On croyait tout savoir sur l’affaire Dupont de Ligonnès. Tout, sauf l’essentiel : qu’est-il advenu de l’auteur présumé du quintuple assassinat de Nantes ? Extraits de "L’Affaire Dupont de Ligonnès : la secte et l'assassin" de Guy Hugnet, publié chez l'Archipel. (2/2)

Guy  Hugnet

Guy Hugnet

Guy Hugnet est un journaliste indépendante spécialisé dans les enquêtes scientifiques et les faits divers. Auteur d'enquêtes documentaires sur Omar Raddad et Guy Georges pour la série "Affaires criminelles" diffusée sur NT1, il publie Affaire Raddad : le vrai coupable (L'Archipel, 15 juin 2011).

 

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Dès l’instant où il a envisagé cette apocalypse, il a hésité entre suicide individuel et suicide collectif. Suicide, dans tous les cas. Il le sait, il ne survivra pas à cette ignominie. Il a mis un point d’honneur à cacher ses crimes tout en imaginant des explications délirantes. On ne se souviendra pas de Xavier de Ligonnès comme d’un monstre mais comme d’un héros qui luttait contre le fléau de la drogue. C’est pourquoi il ne s’est pas suicidé sur place, à Nantes. Néanmoins, rester en vie reviendrait à se condamner à une damnation éternelle. À vivre dans l’angoisse permanente d’être pris. À prendre le risque d’une humiliation suprême. Quant à se réfugier dans une secte ou un monastère, dans son esprit, ce n’est même pas envisageable. On l’a trop bercé d’illusions avec la religion et, de toute façon, Dieu l’a abandonné.

La question du suicide a souvent été au centre des longues conversations théologiques entre Xavier et sa sœur Véronique. Chacun a le droit de mettre fi n à ses jours, soutenait-il. Cela ne lui posait pas de problème moral, dans la mesure où il avait rompu avec un Dieu tout-puissant. Pour sa sœur, au contraire, seul le Créateur pouvait retirer la vie. À ses yeux, le suicide était un péché. Donc proscrit Xavier a toujours cherché à recoller les morceaux entre les membres de sa famille. Il déplorait le diff érend religieux qui séparait Véronique d’un côté, sa mère et Christine de l’autre. Malgré les confl its, les désaccords, Xavier conservait une grande tendresse pour sa mère et sa sœur Christine. Il leur pardonnait leurs illuminations. Dans sa dernière lettre, il les prie de se réconcilier puisqu’elles ont « le même Jésus ». C’est pour ne pas blesser Véronique qu’il est allé mettre fi n à ses jours maudits dans un labyrinthe perdu au cœur de la montagne. Là encore, il met un point d’honneur à ce qu’on ne sache pas. Un trait commun à ce type de personnalité, selon les psychiatres. Une façon également de ne pas souiller du sang de ses crimes le blason des Dupont de Ligonnès – « de gueules à un heaume d’or taré de trois-quarts, accompagné de trois étoiles d’argent » – cette prestigieuse famille aristocratique qui a connu tant de fi gures héroïques : mousquetaires, sénéchal, gouverneurs, garde de la porte du roi, lieutenant, maire, évêque… Des hommes d’honneur, à côté desquels il ferait fi gure de minable si l’on découvrait la vérité dans toute son horreur.

(...)

Il faut garder à l’esprit que Xavier connaît parfaitement la région. Il a vécu à Draguignan, Lorgues, Sainte-Maxime…, a passé des vacances, étant plus jeune, chez sa tante à Grimaud, a sillonné la région en long et en large au cours de ses nombreuses tournées commerciales. Mais de plus, selon toute vraisemblance, il a également habité avec Agnès et les enfants à Roquebrune-sur-Argens, lieu même de sa disparition. Dans une lettre, non datée, que la police a eue en main, Agnès évoque une maison avec piscine située à Roquebrune. Elle s’excuse de ne pouvoir recevoir, comme prévu, les enfants de sa belle-sœur, du fait que la piscine n’est pas sécurisée. Les enquêteurs ont pris cette information très au sérieux. Ils ont multiplié les recherches – auprès des impôts, de la mairie et de la poste… –, mais n’ont rien trouvé. Ce qui plaide dans le sens d’un séjour de courte durée, vacances ou bien entre deux déménagements. La maison n’a pas été identifi ée. Qu’elle se soit trouvée dans le hameau de La Bouverie – à deux pas du Formule 1 – est néanmoins une hypothèse solide, les maisons avec piscine étant légion sur cette colline. Ce qui explique sans doute que des fouilles aient été organisées, nous l’avons signalé, du côté de Bagnols-en-Forêt, commune qui se situe au-dessus de La Bouverie. Xavier connaissait les lieux. Ce n’est donc pas un hasard s’il a choisi cet endroit pour disparaître. Au moment où le policier laisse le message sur son répondeur, il est déjà loin. En sortant de l’hôtel, il a pris à gauche sous le tunnel pour emprunter la route des Châtaigniers ; il a dépassé les dernières habitations et grimpe la colline. Il ne prend pas la direction de l’ouest, comme l’ont supposé les enquêteurs, mais celle du nord. En empruntant la piste de Palayson ou celle du Trou de la Jarre.

"L’Affaire Dupont de Ligonnès : la secte et l'assassin" de Guy Hugnet, publié chez l'Archipel

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