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Les épines du rosier 
6) Comment la gauche s'est montrée aveugle face au développement de la corruption à l'échelle locale
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Pamphlet

Dans un pamphlet qu'Atlantico publie en feuilleton et alors que François Hollande fait figure de favori des sondages, Roland Hureaux a souhaité faire le point sur les grandes lignes des politiques passées et à venir des socialistes. 6ème épisode : La gauche et la corruption locale.

Roland Hureaux

Roland Hureaux

Roland Hureaux a été universitaire, diplomate, membre de plusieurs cabinets ministériels (dont celui de Philippe Séguin), élu local, et plus récemment à la Cour des comptes.

Il est l'auteur de La grande démolition : La France cassée par les réformes ainsi que de L'actualité du Gaullisme, Les hauteurs béantes de l'Europe, Les nouveaux féodaux, Gnose et gnostiques des origines à nos jours.

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Le second volet de la loi Defferre fut le transfert du contrôle des collectivités locales des préfets aux tribunaux administratifs, les premiers continuant cependant à assurer une sorte de ministère public. Là comme ailleurs, on retrouve une marotte de la gauche, peut-être inspirée par les nombreux avocats qui y militent : l’idée que le contrôle serait assuré avec plus d’objectivité par des tribunaux que par les préfets : il en est résulté un engorgement  des tribunaux administratifs qui rendit nécessaire la création de cours administratives d’appel, la mise en place de 25 chambres régionales des comptes et un alourdissement considérable des procédures de contrôle.

Au même moment, l’établissement public régional, qui jusque-là réunissait pour une réflexion stratégique en commun les principaux élus de la région, devint une collectivité plénière ayant ses élus propres et des services qui n’ont pas manqué de se renforcer. Un niveau supplémentaire d’administration était ainsi crée.

L’alourdissement considérable des moyens de contrôle alla, comme il arrive souvent, avec une inefficacité accrue. Le contrôle administratif des collectivités locales, comme le contrôle comptable, furent presque toujours aveugles face au développement de la corruption chez les élus. Corruption au plus haut niveau qu’ont révélées certaines affaires où les socialistes eurent une  part  importante (Urba, Boucheron, etc.) ; corruption à petite échelle qui se traduit par des recrutements fondés sur le favoritisme, au mépris du statut de la fonction publique, des marchés arrangés, et les multiples accommodements que permettent au plan local des budgets massivement accrus.

Le caractère inopérant des contrôles, favorisé par le retrait plus ou moins volontaire des préfets, a permis l’émergence du grand lobby des élus locaux, qui a la main sur plus de 10 % de la richesse nationale et qui, verrouillant les partis, permet d’étouffer l’émergence de talents qui pourraient menacer les petites féodalités. Cette situation n’est pas pour rien dans l’affaiblissement et le discrédit de la classe politique française. Des hommes aussi talentueux que François Mitterrand ou Gaston Defferre, qui sont à l’origine de cette évolution eussent-ils pu percer dans la vie politique telle quelle est aujourd’hui ? On en doute.

Un nouveau champ de corruption a été instauré par la loi sur les sociétés publiques locales, votée par le parlement à l’unanimité le 28 mai 2010. Elle instaure un régime de sociétés entièrement publiques et donc contrôlées par les élus, exonérées des règles de la concurrence dans l’accès aux marchés des collectivités locales, mais de droit privé et donc exemptes de tout contrôle administratif. Il est significatif que cette loi émane du groupe socialiste du Sénat. Il est également significatif que le gouvernement Sarkozy n’ait rien trouvé à objecter tant est puissant désormais le réseau des élus locaux.

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