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Syrie, baisse du dollar et ambition saoudienne, la potion qui propulse le prix du baril de pétrole à son plus haut depuis 2014
©MARWAN NAAMANI / AFP

Explosif

La guerre en Syrie bien sûr mais les ambitions d'une dynastie saoudienne et le contexte monétaire ont tous influencé la forte hausse du pétrole depuis quelques années.

Stephan Silvestre

Stephan Silvestre

Stephan Silvestre est ingénieur en optique physique et docteur en sciences économiques. Il est professeur à la Paris School of Business, membre de la chaire des risques énergétiques.

Il est le co-auteur de Perspectives énergétiques (2013, Ellipses) et de Gaz naturel : la nouvelle donne ?(2016, PUF).

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Atlantico : Dans un contexte géopolitique troublé par la question syrienne, les prix du baril de pétrole ont pu marquer un plus haut depuis le mois de décembre 2014. Au-delà de la question de la riposte occidentale au régime syrien, quels sont les autres facteurs qui ont également pu participer à cette hausse ? 

Stephan Silvestre : La crise syrienne a entraîné une tension sur les cours du pétrole, mais cet effet est assez marginal et ne fait que s’ajouter à une tendance de fond haussière liée à deux autres facteurs. Le premier est la baisse du dollar, voulue et entretenue par l’administration Trump depuis son accession au pouvoir pour favoriser les exportateurs américains. De fait, le dollar a perdu 17% de sa valeur, tandis que le baril de WTI augmentait dans les mêmes proportions par effet de compensation. Le second facteur est lié à la volonté de l’Arabie Saoudite de replacer le baril dans le canal des 60-70$, qu’elle juge correct pour la valorisation du capital de la société nationale Aramco, qui va être ouvert dans les prochains mois. Pour ce faire, elle n’a pas hésité à s’allier avec la Russie pour mieux contrôler la production mondiale, ce qu’elle ne parvenait plus à faire avec l’OPEP. Enfin, ajoutons à cela une demande toujours croissante, en particulier en provenance d’Asie. 

Le cas syrien peut-il réellement être une source durable de hausse des prix ? Le poids pris par les États-Unis, qui pourraient prendre la place du premier producteur mondial, ne rend-il pas le contexte géopolitique mondial moins important qu'il ne le fut ?

Comme toutes les crises géopolitiques, le contentieux syriens n’impactera les cours que temporairement. La Syrie n’est pas elle-même un gros producteur et les installations des acteurs majeurs ne sont pas directement menacées. Le fait que les États-Unis deviennent le premier producteur mondial, si tant est que cela se produise, aurait un impact symbolique, mais ne changerait pas l’équilibre du marché pour le moment. En effet, les États-Unis resteraient l’un des plus gros importateurs mondiaux. Or, seuls les exportateurs peuvent contrôler le marché. Cependant, la baisse des importations américaines rendent ce pays beaucoup moins sensible aux crises du Moyen-Orient ou de l’Afrique, de même que pour l’Europe. Or, les marchés financiers des matières premières sont basés en Occident, ce qui joue effectivement sur leur baisse de sensibilité à ces crises. 

Quels sont les niveaux de prix envisageables en cas d'escalade militaire relative au conflit syrien ?

Ce genre de prévision est toujours très aléatoire. On a déjà vu les prix des matières premières s’envoler pour des raisons strictement financières que personne n’avait vu venir, alors qu’il n’y avait aucun conflit géopolitique majeur. Depuis la bulle de 2008, qui avait poussé le Brent à 145 dollars, les marchés ont tendance à penser que l’impact de la géopolitique est assez marginal. Il ne faut donc pas s’attendre à retrouver ce genre de niveau.

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