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Comment la Fondation Marc-Bloch fut un think tank marquant
©LUDOVIC MARIN / AFP

C'était il y a 20 ans

Fondée le 2 mars 1998, la Fondation Marc-Bloch avait pour objectif de promouvoir les valeurs et la culture républicaines. Elle entendait notamment lutter contre la pensée unique sur les enjeux tels que la mondialisation et les questions nationales et économiques qu'elle pose.

Marc Crapez

Marc Crapez

Marc Crapez est politologue et chroniqueur (voir son site).

Il est politologue associé à Sophiapol  (Paris - X). Il est l'auteur de La gauche réactionnaire (Berg International  Editeurs), Défense du bon sens (Editions du Rocher) et Un  besoin de certitudes (Michalon).

 

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Personne n’est venu saluer le 20e anniversaire de la Fondation du 2 mars, dite Marc-Bloch. Ç’avait pourtant été un coup de tonnerre dans le paysage intellectuel français. Des personnalités venues des deux rives politiques entendaient conférer ses lettres de noblesse à l’euroscepticisme, face à la pensée unique. Sous la houlette de Philippe Cohen, cette sensibilité, tantôt chevènementiste, tantôt séguiniste, revendiquait une forme de « souverainisme ». À la fougue initiale, des Jean-Claude Barreau, Henri Guaino et autres Emmanuel Todd, succéda bientôt la routine et le char du souverainisme fut tiré à hue et à dia.

En l’an 2000, la Fondation Marc Bloch ne se releva pas de son changement de nom. De 2001 à 2003, la présidence de Pierre-André Taguieff, et le secrétariat d’Élisabeth Lévy marquèrent un reflux. Succéda à Taguieff une grosse prise, venue du camp adverse, Philippe Raynaud, qui avait été proche de la Fondation Saint-Simon, mais la Fondation Marc Bloch n’était déjà plus que l’ombre d’elle-même.

En 2004, naquit la Fondation pour l’innovation politique ; en 2005, la Fondation res publica. Globalement le clivage gauche-droite avait recouvré ses droits, même si quelques personnalités de droite figurent à la Fondation Res Publica et, a fortiori, quelques personnalités de gauche à la Fondation pour l’innovation. La sensibilité souverainiste survivait à la Fondation pour l’innovation du fait du lancement de la revue 2050, sous l’égide de Jean de Boishue. Celui-ci avait fondé auparavant, au sein du RPR, une revue gaulliste de gauche, baptisée « Une certaine idée ». Cette revue fut concomitante du lancement de la fondation Marc Bloch et joua un rôle non négligeable dans le bouillonnement d’idées d’alors.

Philippe Cohen m’envoya une lettre de remerciements pour avoir fait partie des 80 membres-donateurs qui permirent de sauver, de l’astreinte réclamée par certains héritiers, l’association dont il était secrétaire général. A l’époque, Philippe Cohen fut également la cheville ouvrière d’un numéro mémorable de la revue Panoramiques contre le « lynchage médiatique ». Le bilan de la Fondation est plus mitigé car, à l’inverse de Philippe, la plupart des participants n’étaient soucieux que de pousser leurs propres pions.

Nonobstant, la Fondation Marc Bloch marqua les esprits et produisit d’excellentes notes de travail émanant de personnalités intellectuelles. Citons notamment Élisabeth Altschull, « Voyage au pays du pédagogisme » ; Jean-Claude Chesnais, « L’insouciance démographique » ; Michel Troper, « L’Europe la constitution et la démocratie ». Ce dernier travail, clair et concis, signé d’un éminent constitutionnaliste, montre les zones d’ombre, contradictions, diversions, omissions, raccourcis qui caractérisent l’européisme français. Quant à 2050, la revue de la Fondation pour l’innovation politique, il suffit de Google-iser le label « 2050 » pour mesurer son rôle pionnier.

*Marc Crapez publie "Elles l'ont combattu. Femmes contre le totalitarisme au 20ème siècle" (éd. du Cerf).

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