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La recherche sur les protéines avance et elle pourrait être le futur de la science
©Reuters

Médecine et protéines

Depuis plusieurs années, les connaissances des chercheurs en matière de protéines permettent d'envisager une révolution de la médecine. Et leur potentiel paraît immense.

Pierre  Roubertoux

Pierre Roubertoux

Pierre Roubertoux est professeur de génétique et de neurosciences à Marseille. Il a créé et dirigé le laboratoire "Génétique, neurogénétique, comportement" du CNRS et a travaillé au laboratoire "Génomique fonctionnelle, comportements et pathologies" du CNRS, à Marseille. Il mène aujourd'hui ses recherches au sein du laboratoire de génétique médicale de l'Inserm.  Ses travaux sur la découverte de gènes liés à des comportements lui ont valu le prix Theodosius Dobzhansky, aux États-Unis.

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Atlantico : Selon un article de Bloomberg, les avancées en matières de génétique et d'informatique ont permis des avancées considérables en ce qui concerne les protéines et la manière dont elles sont construites, à tel point qu'il semble désormais possible de les modeler et d'en créer de nouvelles pour guérir des maladies. À quel point la création de nouvelles protéines pourrait-elle changer la médecine dans les prochaines années ?

Pierre Roubertoux : Ca pourra changer la médecine parce que, lorsqu'il y a une mutation, c'est la protéine qui va être utilisée par la cellule qui va produire le déficit qu'on obtient. Simplement, le gros problème que je vois, ce n'est pas tellement de fabriquer une protéine - ça, on sait le faire depuis longtemps -, c'est, d'une part, de savoir non pas comment cette protéine agit dans la cellule, mais comment elle va interagir avec les autres protéines. On estime à peu près à 100.000 le nombre de protéines ou isoformes de protéines qui fonctionnent dans notre organisme et l'on sait que, pour à peu près 15.000 d'entre elles seulement, on connaît des interactions avec d'autres protéines. Et c'est là le problème : quand vous allez rajouter quelque chose dans la cellule, vous n'allez pas savoir automatiquement ce que cela va produire avec les protéines "normales" ou "anormales" existantes. Le deuxième point, c'est qu'une protéine - et c'est le problème majeur -, va s'exprimer dans un certain nombre, un certain type de cellules. Tout le problème va être de diriger la protéine vers un type de cellules. Pour le moment, c'est ce qu'on essaye de faire, mais on ne sait pas bien le faire.

Quels peuvent être les risques inhérents à la création de nouvelles protéines ?

On peut fabriquer ces protéines, on va les essayer sur ce qu'on appelle des organismes modèles, autrement dit, sur des animaux. Cela peut ne pas donner la même chose dans des cellules de souris et dans des cellules humaines. En général, ça donne le même résultat. Mais même si on est sûr que le modèle animal est bon, on n'est pas sûr à 100% que la totalité de cette protéine que vous avez injectée va aller se placer dans la bonne cellule. Dans le cerveau, par exemple, il y a à peu près 70 structures différentes qui sont définies par des critères cytologiques, anatomiques, biochimiques différents. Vous allez injecter cette protéine, elle va se répartir dans tout le cerveau alors qu'elle est déficiente uniquement dans un type de cellules, par exemple dans le striatum, qui est une des structures qui composent le cerveau. Si vous avez augmenté la quantité de la protéine A dans les cellules du striatum, rien ne vous dit que, comme vous allez aussi augmenter la quantité de ces protéines dans les cellules de l'hippocampe, ça ne va pas produire au niveau de l'hippocampe des effets non-souhaitables. Ces protéines sont des médicaments, et elles vont être, comme n'importe quel médicament, soumises à une autorisation de mise sur le marché.

Est-ce qu'en théorie, créer de nouvelles protéines pourrait permettre de guérir tous les maladies existantes ? 

Oui, cela pourrait permettre de tout guérir à condition qu'on ait pu au préalable maîtriser l'endroit où l'on envoie ces protéines. Et qu'on les envoie dans la cellule A, mais pas dans la cellule B parce qu'un surcroît de protéines dans la cellule A, s'il se retrouve dans la cellule voisine, risque de faire des catastrophes.

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