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Agir : ce qu’ambitionne la droite pro-Macron (pour la France... et pour elle)
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Bonne question...

Les fondateurs du parti Agir, émanation du groupe des "Constructifs", créé en novembre dernier, ont pu su réunir ce jeudi 29 mars en séminaire, pour présenter ses référents départementaux, ainsi que le programme de ses prochaines réunions.

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Les fondateurs du parti Agir, émanation du groupe des "Constructifs", créé en novembre dernier, ont pu su réunir ce jeudi 29 mars en séminaire, pour présenter ses référents départementaux, ainsi que le programme de ses prochaines réunions. Alors que les membres du parti revendiquent leur compatibilité "constructive" avec Emmanuel Macron, comment expliquer leur position actuelle d'entre deux ? L'écart idéologique entre Agir et En marche justifie-t-il cette séparation, ou s'agit essentiellement d'une position politique ?

Bruno Jeudy : La création d'Agir a permis d'acter une différence d'approche de l'action d'Emmanuel Macron à droite. Il y a ceux qui veulent accompagner le mouvement des réformes initié par le successeur de François Hollande, et il y a ceux qui ont choisi, selon la formule de François Mitterrand, de s'opposer, parce que lorsqu'on est dans l'opposition, on s'oppose, comme le disait l'ancien président socialiste. Du coup, cela a créé deux lignes ; la ligne des Républicains canal historique, Laurent Wauquiez, qui s'oppose, frontalement sur de nombreux sujets, mezzo voce sur d'autres et approuve de temps en temps quelques textes notamment les réformes économiques, c'est le cas pour le statut des cheminots par exemple. En face, il y a les 19 co-fondateurs d'Agir, Franck Riester en tête qui eux ont décidé d'accompagner le mouvement des réformes et même de voter pratiquement tous les textes économiques, ce qui est le cas depuis le début du mandat, il n'y a que la hausse de la CSG qui les fait tiquer. Cette droite-là, plus modérée, plus européenne, plus libérale a décidé de s'organiser en une sorte d'UDF qui ne dirait pas son nom et de garder l'autonomie par rapport à la République en Marche plutôt que de la rallier, ce qui fut le cas notamment des ministres qui sont entrés au gouvernement d'Emmanuel Macron mais aussi de personnalités de droite comme Thierry Solère. Cela est à mon avis un choix temporaire parce que ce parti, Agir, qui n'est pas une écurie présidentielle pour reprendre le mot de Franck Riester, qui n'a pas vocation à soutenir un candidat à la présidentielle issu de ses rangs, est forcément un véhicule qui tôt ou tard finira d'une manière ou d'une autre, associé, voir se dissoudre, à la République en Marche.

Faut-il voir l'absence d'alliance actuelle comme une volonté d'occuper un espace politique séparé d'En Marche en cas d'échec du parti du Président, et ainsi pouvoir se poser en alternative ? Quelles sont les personnalités d'Agir pouvant incarner une telle alternative ?

Bruno Jeudy Je pense qu'il n'y a pas de personnalité alternative, il n'y a pas de volonté de miser sur un échec d'Emmanuel Macron, c'est toute la différence avec le club politique de Valérie Pécresse, "Libre", qui lui, mise sur un échec du président parce que ses réformes ne seraient pas suffisantes, parce qu'il contournerait des sujets comme les questions d'organisation de l'Islam, de laïcité. Et donc, Agir n'est pas dans une logique de miser sur un échec, elle ne le formule pas comme cela alors que Valérie Pécresse estime qu'Emmanuel Macron ne va pas assez loin et que son club politique est une écurie présidentielle pour préparer son éventuelle candidature à l'Élysée en 2022. C'est la différence avec Agir. Xavier Bertrand est à peu près dans la même logique que Valérie Pécresse, son think-tank, la Manufacture est une écurie présidentielle qui ne dit pas son nom mais qui prépare un renouvellement des idées et un renouvellement peut être aussi de la façon de faire de la politique, il n'est pas non plus dans une logique d'opposition systématique à Emmanuel Macron, mais il est dans une logique d'affirmation de ses propres idées, de ses propres analyses et d'un positionnement politique de droite sociale, mais pas de droite frontale.

Le parti Agir devra se prononcer sur la question de son ralliement, ou non, à la liste "En marche pour l'Europe" pour les prochaines européennes. Quelles seront les conséquences d'une telle décision pour le parti ? 

Bruno Jeudy Cette question est déjà tranchée. Il ne fait guère de mystère que Franck Riester, qui a rencontré à la fois Emmanuel Macron et Christophe Castaner, ainsi que d'autres membres d'Agir, sont dans une logique d'alliance avec En Marche dans la perspective des européennes de 2019. Il y a aujourd'hui une eurodéputée, Tokia Saifi, dans le parti, il y en a deux autres qui devraient rallier Agir, Arnaud Danjean et Elisabeth Morin-Chartier, il ne serait pas étonnant de voir un de ces noms figurer sur la liste de la République En Marche en 2019. Je pense que cela n'aura aucune conséquence dans la mesure où cela est déjà un parti qui fonctionne comme un parti, non pas allié à LREM comme l'est le Modem, mais qui déjà, de fait, est dans une démarche totalement constructive sinon collaborative avec la République en Marche.

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