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Le FN appelle à voter LR dès le 1er tour à Mayotte : un symbole, mais pas trop
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

La possibilité d'une île

Marine Le Pen a annoncé qu'elle soutiendrait le candidat LR lors des élections législatives qui doivent avoir lieu à Mayotte.

Jacques de Guillebon

Jacques de Guillebon

Redacteur en chef de l'Incorrect

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Atlantico : Marine Le Pen a demandé à ses électeurs du département de Mayotte de voter pour le candidat LR, Mansour Kamardine. Une première qui fera date et qui commence une histoire ou l'exception qui confirme la règle ?

Jacques de Guillebon : Tout d'abord, il ne me semble pas que cela soit une première. C'est déjà arrivé en Nouvelle-Calédonie dans un contexte différent. Les territoires ultramarins n'ont pas les mêmes configurations politiques que celle de l'Hexagone. Là en l'occurrence, la situation à Mayotte fait qu'elle a relativement peu d'intérêt à proposer un candidat au dernier moment. Elle pourrait, d'une certaine manière, envisager la même chose en Corse. Un candidat ne signifie pas de l'influence, et ce n'est pas forcément dans son intérêt de voir certains adversaires l'emporter, surtout dans ces territoires assez compliqués.

Mansour Kamardine est le seul candidat LR à avoir voter la confiance au gouvernement d'Edouard Philippe. N'y a-t-il pas une certaine incohérence ou désorganisation derrière ce choix ?

Je pense que cela montre surtout le mépris qu'ont les gens pour les élus d'outre-mer. Le fait qu'il ait voté la confiance au gouvernement en place importe peu. 

Marine Le Pen a appelé à passer "au-dessus de étiquettes partisanes" dans cette élection étant donné la situation critique que connait l'île. L'union nationale, la logique de "rassemblement" qu'indique le nouveau nom choisi par le Front National, est-elle devenue un objectif viable qui s'appliquerait à une certaine stratégie d'union de la droite ?

Possiblement. Je pense en tout cas que c'est ici bien manœuvré de la part de Marine Le Pen qui a profité de l'occasion qui s'offrait à elle de façon assez intelligente. Elle peut désormais arguer du fait qu'elle est pour le bien commun car au-delà de l'intérêt des partis. Ce n'est peut-être pas grand-chose, notamment sur la scène médiatique, mais ce choix lui donne cette image-là. Et ce même si, bien entendu, elle espère que ce renoncement à un candidat propre va ennuyer les Républicains dans le même temps. 

Après, la possibilité d'union des droites ne s'offre à elle aujourd'hui qu'en cas de situations critiques et anormales - comme celle à laquelle nous assistons, avec une crise sur l'île et une absence de candidat. Dans les autres cas, les appareils des partis fonctionnent toujours très bien et empêcheront à l'échelle nationale, dans l'Hexagone, qu'une telle situation se reproduise. Surtout quand on observe à quel point les Républicains ne cessent de répéter leur mantra du "jamais d'alliance avec le Front National" depuis l'annonce de la présidente du Rassemblement National. Dans cette situation, cela s'explique car seul le Front National a à y gagner. Ils restent donc sur la défensive, comme le montre leurs réactions ce matin. Le parti nationaliste, à rebours, pourra se targuer aux Européennes de refuser la logique des partis, d'être hors système et de chercher avant tout à rassembler des partis qui se retrouvent sur la même ligne... Une certaine cohérence qui s'opposerait ainsi à l'attitude de Républicains campés sur leur pré carré et tentant de tracer des limites à leur droite comme à leur gauche.

Il sera cependant intéressant d'observer comment la situation pourrait évoluer au niveau local. Cela ne se fera pas de la même façon aux législatives, où c'est trop visible, mais dans des cas de configuration un peu compliquées au second tour au niveau local, on peut s'attendre à ce que, comme c'est déjà arrivé, des candidats acceptent de passer outre la ligne rouge fixée par la logique des partis. L'avenir nous le dira. 

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