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Obèses malgré eux ? Les 5 causes n’ayant rien à voir avec les comportements individuels qui expliquent (aussi) l’épidémie en cours
©Reuters

Ça fait peur…

Même si la quantité de nourriture ingérée et l'absence d'activité physique restent les principaux facteurs expliquant la progression de l'obésité, d'autres raisons plus subtiles se cachent dans l'assiette. Et, malheureusement, il est beaucoup plus difficile d'y échapper.

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul

Arnaud Cocaul est médecin nutritionniste. Il est membre du Think Tank ObésitéSIl a dernièrement écrit Le S.A.V. des régimes aux éditions Marabout.

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Le nutritionniste Arnaud Cocaul détaille les cinq pièges moins visibles que la quantité de nourriture ingérée qui sont également responsables de la progression de l'obésité dans les pays développés.

1 - Les antibiotiques présents dans l'alimentation

On sait que les antibiotiques peuvent transformer la flore bactérienne. Or certaines des 100 000 milliards de bactéries que nous avons dans notre organisme (dont la plupart vivent en harmonie avec nous) vont extraire de l'énergie des aliments que nous consommons avec plus ou moins de facilité. On sait par exemple que les obèses ont une flore bactérienne modifiée, car quand votre poids évolue, votre population bactérienne n'est plus la même.

La consommation d'antibiotiques va modifier le profil de vos bactéries. Cela va faire que certains d'entre nous vont extraire mieux l'énergie contenue dans les aliments. Si vous mangez un morceau de viande bourré d'antibiotiques, il va donc modifier votre flore bactérienne, et vous allez stocker plus d'énergie, et vous allez grossir. C'est un processus avéré.

2 - Les autres produits augmentant la production de viande (type hormone de croissance)

En France, il est interdit de mettre des hormones de croissance dans la nourriture, pour prévenir les effets potentiellement toxiques de ces substances. Et cette toxicité peut endommager le foie, qui fabrique le cholestérol, et toucher également les tissus graisseux. Le risque est d'avoir des réserves de graisse qui se forment en dehors des zones normales (c'est ce que l'on appelle des "dépôts ectopiques"). Il y a toujours une prédisposition génétique à ce phénomène (certains individus sont génétiquement programmés pour être plus gros que les autres), mais il existe aussi des "détonateurs" externes, et les hormones de croissance peuvent avoir un impact là-dessus. 

3 - Les pesticides et les perturbateurs endocriniens

La réponse est formelle : oui, il y a une responsabilité de ces substances dans les problèmes d'obésité. Les pesticides par exemple sont stockés dans les tissus adipeux qui agissent comme un tampon. Ce n'est d'ailleurs pas forcément mauvais en soi, puisque cela peut empêcher l'apparition de certaines maladies graves.

Le problème, c'est que face à la présence de pesticide, le corps peut justement réagir par une "adipogenèse", c’est-à-dire une stimulation de la création de tissus adipeux. Le corps, en fait, sentant l'agression des pesticides, va stocker les polluants en générant lui-même ces tissus.    

4 - Les édulcorants

Ces additifs peuvent déjà présenter une toxicité, comme pour la saccharine. Concernant la question du poids, le problème se retrouve avec ce que l'on appelle les "édulcorants intenses" comme l'aspartame. Ils augmentent "l'appétence pour le sucre". Le mécanisme est le suivant : en faisant ingérer des édulcorants, vous donnez aux consommateurs un goût de sucre, sans pour autant avoir l'apport calorique correspondant. Les organismes seront incités à chercher ailleurs du sucre, car ils ont reçus l'information selon laquelle il y en avait. Vous rendez en fait les gens accros au sucre alors même qu'il n'y en a pas dans les édulcorants.  

5 - La communication de l'industrie agroalimentaire… et des autorités !

L'agroalimentaire commence à écouter un peu mieux les recommandations des nutritionnistes et des associations de consommateurs. Mais les efforts ne sont pas suffisants, notamment déjà au niveau du sel, où la France est championne d'Europe de la consommation.

De gros efforts sont à faire au niveau du packaging, les portions en France s'étant accrues. Quand vous allez dans un magasin, la portion des plats préparés ne correspond pas aux besoins de tous, et pour certaines personnes, l'apport est bien trop important. Il faut aussi mettre le doigt sur les offres promotionnelles qui sont clairement obésogènes : les incitations de type "+25% gratuit" poussent à la consommation, car les gens ne veulent pas gaspiller (les consommateurs français gaspillent déjà chaque année sept kilos de nourriture emballée en moyenne). Autre astuce de l'industrie agro-alimentaire : faire payer aux consommateurs le coût d'élimination des produits en faisant des grosses promotions sur des produits dont la date de péremption est très proche. Cela crée des besoins qui n'existaient pas. Enfin, je rappelle aussi que les bons alimentaires ne se font jamais sur les fruits et légumes, mais toujours sur les produits transformés. 

Les incitations publiques à la consommation de certains produits – comme par exemple les "produits laitiers" – peuvent aussi poser problème. Ces campagnes sont faites pour lutter contre la montée en puissance des communautarismes alimentaires (comme les gens qui – parfois à tort – se présentent comme "intolérants au lactose".), et ne visent pas intelligemment les bonnes populations (comme les CSP-, plus sensibles aux problèmes de l'obésité) en incitant indifféremment à la consommation. 

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