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Et si les candidats à la présidentielle étaient des écoliers ?
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Peut mieux faire

Christian Millau fait revivre ses souvenirs sur fond de campagne présidentielle dans son "Journal d'un mauvais Français". Pour le 1er avril, il se met dans la peau d'un instituteur et donne des appréciations à certains candidats à l'élection présidentielle (Extrait 2/2).

Christian Millau

Christian Millau

Grand reporter, critique littéraire notamment pour le journal Service Littéraire, satiriste, Christian Millau est aussi écrivain.

Parmi ses parutions les plus récentes : Au galop des hussards (Grand prix de l'Académie française de la biographie et prix Joseph-Kessel), Bons baisers du goulag et aux éditions du Rocher,  Le Petit Roman du vin, Journal impoli (prix du livre incorrect 2011), Journal d'un mauvais Français (21 avril 2012) et Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi (Rocher, 2013)

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1er avril

Le 22 avril, je pourrai vous dire qui a perdu et le 6 mai qui a gagné. En attendant, je ferme mon Journal. Pour moi, l’école est finie. C’est le moment de distribuer les bulletins de fin d’année, assortis, selon les dernières directives de l’Éducation nationale, d’un court portrait psychologique de chaque élève.

  • Sarkozy Nicolas


S’est ressaisi après une période de relâchement. Devrait retrouver sa place de premier de la classe. Son bagage littéraire s’est amélioré. Il s’est mis à lire les bons auteurs. Toutefois, aucun progrès en musique, en dessin ou en histoire de l’art. Pour le reste, il étonne par son énergie, son culot et sa faculté à s’adapter aux situations nouvelles.

Dans le passé, son impulsivité lui a joué des tours, mais on le sent plus concentré et réfléchi. Ses professeurs et ses condisciples admirent ses dons d’orateur, dont il a donné récemment une nouvelle preuve à l’occasion du banquet de la Saint-Charlemagne. Certains se plaignent néanmoins de son insistance à vouloir les convaincre à tout propos de la supériorité de ses opinions. D’aucuns le soupçonnent même de vouloir renverser M. le Principal pour prendre sa place.
Orientation:
les sports de compétition ou les arts du spectacle.

  • Hollande François


Élève studieux, attentif en classe, jamais turbulent, toujours prêt à aider ses petits camarades. Un bon niveau scolaire dans toutes les matières, en particulier en orthographe, récitation et calcul. Aspire à devenir le premier de la classe mais se fait à l’idée d’en être le second. Discret et bien élevé, il ne cherche pas à s’imposer mais, au contraire, à trouver en toute chose une possibilité de compromis ou de conciliation. D’un naturel doux et même un peu passif, il s’expose le moins possible. Ainsi a-t-il abandonné les cours de boxe française et de judo au profit du vélo d’appartement.
Orientation: le notariat, la magistrature. S’épanouirait sans doute mieux en province que dans les turbulences de la vie parisienne.

  • Marine Le Pen


Bonne élève, sauf en arithmétique et en économie où ses notes sont très au-dessous de la moyenne. Sous des allures de jeune fille enjouée se cache une nature de chef, péremptoire et autoritaire, dont ses camarades de classe font souvent les frais. Elle pourrait en grandissant devenir
despotique et intolérante. Beaucoup de bagout et même, durant les cours, une propension à couper la parole à sa maîtresse. A son avis sur tout et entend non seulement le donner, mais l’imposer.
Orientation: les relations publiques, les techniques de vente, la conduite de poids lourds.

  • Mélenchon Jean-Luc


Doué d’une intelligence vive, portée sur l’histoire et la philosophie, mais complètement fermée aux sciences exactes et à l’économie politique.
Pose beaucoup de problèmes à la direction du collège. Il a créé une cellule, La Carmagnole : se mettant – par jeu – dans la peau d’un tribun de la Révolution française, il menace de couper la tête des parents d’élèves qui disposent de revenus élevés, voire simplement confortables.

Les enfants de ces derniers soutiennent avec enthousiasme le projet. Il n’a pas son pareil pour rameuter dans la cour de récréation les garçons et les filles de tous âges – quoique les filles se montrent plus réservées à son égard depuis qu’il les a traitées de « perruches ». Déconnecté du monde moderne, il vit dans le passé, en particulier à l’époque de la Terreur et de la Commune. Son discours vindicatif et primaire ne doit toutefois pas être pris au pied de la lettre : ambitieux et roublard, il est capable d’en changer selon les circonstances et au mieux de ses intérêts. En privé, c’est un jeune homme courtois, d’un abord agréable et dénué, semble-t-il, de toute méchanceté.
Orientation: trader ou commercial dans le secteur de l’automobile ou des assurances. Pourquoi pas le spectacle de cabaret, style « one-man show ». (...)

J’arrête là. Légèrement amer, comme le serait le passionné de rugby quittant le stade avant de savoir qui a remporté le Tournoi des six nations. Mais en même temps, parcouru par la délicieuse excitation du parieur qui vient de déposer sa mise au guichet d’un champ de courses.

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Extrait de Journal d'un mauvais Français, Editions du Rocher (20 avril 2012)

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