



Joseph Stiglitz : “Les excédents des uns étant les déficits des autres, le système économique mondial fonce dans le mur”
Joseph Stiglizt a présenté un exposé intitulé : "Le mercantilisme est-il condamné à échouer ? La Chine, l'Allemagne et le Japon et l'épuisement des pays débiteurs." Pour l'économiste américain, la réponse est clairement oui.
Son raisonnement est simple. Certaines puissances comme la Chine, l'Allemagne et le Japon ont prospéré dans un système mercantile en dominant toutes les exportations, face à quelques pays comme les États-Unis qui, eux, affichent des déficits commerciaux colossaux.
Ainsi, les pays en excédent commercial imposent des coûts aux autres. Or, la persistance de ces excédents a entraîné une situation insoutenable, que Stiglitz baptise "l’épuisement du débiteur et du déficit".
Ce système est donc voué à disparaître. En effet, les pays réalisent que leurs déficits commerciaux ne sont pas tenables à long terme, et tentent dans le même temps de retrouver des excédents commerciaux.
Bien sûr, tous ne peuvent pas dégager des excédents. L’économie devient donc un jeu de patate chaude, chacun renvoyant le déficit vers quelqu'un d'autre, par l'intermédiaire de mouvements commerciaux agressifs, tels que des dévaluations de la monnaie.
Le système serait donc au bord de l'effondrement. Afin de mettre fin à ce système instable, il convient pour Stiglitz d’« empêcher les pays excédentaires de dégager un excédent ». Pour cela, une seule méthode : responsabiliser les pays déficitaires. Ces derniers doivent "refuser d’être passifs", "éviter un déficit" de leur côté, rendant ainsi mécaniquement impossible l’excédent de l’autre côté.
Cependant, Stiglitz évoque un début de solution, sous la forme d’un système mondialiste. L’économiste recommande la mise en place d’une monnaie de réserve autre que le dollar, un système de régulation global, et une plus grande coordination de la politique monétaire pour éviter les guerres de devises et les dévaluations compétitives.
L’idée de remplacer le dollar comme monnaie de réserve n’est pas nouvelle. La Chine avait déjà manifesté sa volonté de remplacer le dollar par une autre monnaie. Cependant, le yuan chinois ne serait pas encore en mesure de remplir ce rôle, selon Justin Lin, premier vice-président de la Banque mondiale.