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Paris : les voies sur berge méritent une autre vision que celle de Mme Hidalgo
©LOIC VENANCE / AFP

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La décision du Tribunal Administratif de Paris annulant la piétonisation des voies sur berges rive droite a fait l’effet d’une véritable bombe politique sur l’Hôtel de Ville.

Jérôme  Dubus

Jérôme Dubus

Jérôme Dubus est Conseil de Paris, Porte-Parole du groupe Parisiens Progressistes Constructifs et Indépendants (PPCI), représentant de la Majorité Présidentielle dans le 17ème arrondissement et En Marche ! depuis mars 2017. Un site internet lui est consacré : http://www.jerome-dubus.fr/

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La décision du Tribunal Administratif de Paris annulant la piétonisation des voies sur berges rive droite a fait l’effet d’une véritable  bombe politique sur l’Hôtel de Ville. Mesure phare du mandat d’Anne Hidalgo, votée en 2016 et mise en application en 2017, cette décision a été justifiée principalement par la lutte contre la pollution automobile à Paris.

Le jugement est particulièrement sévère pour la Maire actuelle dont l’absence d’esprit d’ouverture et de sens de la concertation caractérise désormais un mandat débuté en 2014. Car la « méthode » Hidalgo devient synonyme d’échecs répétés : annulation du contrat Decaux sur les panneaux publicitaires ; suppression en catastrophe du marché de Noel et de la Grande Roue ; fiasco industriel du Vélib’ ;  la liste des erreurs et des bourdes s’allonge jour après jour. Jamais Paris n’aura connu autant d’avaries judiciaires que lors de ce mandat. Pour quelqu’un qui se targuait lorsqu’ elle était 1ere adjointe en charge de l’Urbanisme de « gagner tous les procès » intentés à la Ville, le coup est rude !

La comparaison avec la piétonisation de la rive gauche, un axe de circulation certes moins emprunté que la rive droite révèle l’incroyable capacité de Mme Hidalgo à susciter des oppositions et des conflits par sa volonté de transgresser les règles urbanistiques et les pouvoirs dévolus au Maire de Paris par la loi. Réalisée par son prédécesseur, la piétonisation de la rive gauche ne suscite plus aujourd’hui aucun débat : des centaines de milliers de personnes profitent de la reconquête des berges et de la proximité retrouvée de la Seine. Une nouvelle fois, Mme Hidalgo a voulu passer en force alors que de nombreuses voix, et pas seulement celles de l’opposition, lui avaient conseillé un calendrier plus prudent et une concertation plus large et plus approfondie. Pour un édile, qui a fait de la modernité son talisman électoral, sa marque de fabrique, c’est toute une  image, finalement assez factice qui s’effondre. La modernité, c’est un peu comme l’amour : il ne suffit pas d’en parler. Encore faut-il en apporter des preuves notamment dans le mode de gouvernance d’une des quatre villes-mondes.

De même, la lutte contre la pollution atmosphérique ne se limite pas à la lutte contre la voiture. Le chauffage urbain porte dans ce domaine la même responsabilité. Or sur ce sujet, Paris accumule les retards. La méthode actuelle n’est donc pas la bonne. Faut-il pour autant condamner définitivement la reconquête du fleuve et de ses berges ? Ce serait une erreur manifeste que de vouloir revenir au statut pré 2016. Toutes les grandes capitales régionales françaises traversées par un fleuve comme Lyon ou Bordeaux ont réussi brillamment et sans remise en cause judiciaire la mise en valeur de leur patrimoine fluvial. Il en de même à Londres ou à Rome.

Oublions l’échec de Mme Hidalgo : il lui est directement imputable par manque d’humilité et d’ouverture. Mais ne condamnons pas définitivement un projet auquel il convient désormais de donner une ambition régionale, européenne voire mondiale. Un grand concours international d’architectes élaboré de concert avec la Métropole et le Région pourrait relancer cette belle ambition au service des Parisiens et des Franciliens. En effet, tous les atouts touristiques de ce lieu unique sont loin d’être exploités : nous devons aussi  en tenir compte désormais.

Les voies sur berges méritent une autre vision que celle étriquée de Mme Hidalgo. L’urbanisation de Paris se ralentit,  par l’achèvement proche des grandes opérations d’aménagement actuelles et faute de nouveaux terrains disponibles. Dans les décennies qui viennent, l’embellissement du Paris existant  redeviendra  la priorité.  Dans cet objectif, les voies sur berges, classées au patrimoine mondial de l’Unesco, devront occuper dès demain une place de choix.

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