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Blockchain : la technologie derrière le bitcoin va révolutionner nos vies (et même sans jamais acheter de crypto-monnaie)
©Davidstankiewicz / Wikimedia

Post-internet

Une technologie en passe d'éclipser le succès du bitcoin et du principe même des cryptomonnaies fait de plus en plus parler d'elle : le blockchain.

Michel Ruimy

Michel Ruimy

Michel Ruimy est professeur affilié à l’ESCP, où il enseigne les principes de l’économie monétaire et les caractéristiques fondamentales des marchés de capitaux.

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Jean-Paul Pinte

Jean-Paul Pinte

Jean-Paul Pinte est docteur en information scientifique et technique. Maître de conférences à l'Université Catholique de Lille et expert  en cybercriminalité, il intervient en tant qu'expert au Collège Européen de la Police (CEPOL) et dans de nombreux colloques en France et à l'International.

Titulaire d'un DEA en Veille et Intelligence Compétitive, il enseigne la veille stratégique dans plusieurs Masters depuis 2003 et est spécialiste de l'Intelligence économique.

Certifié par l'Edhec et l'Inhesj  en management des risques criminels et terroristes des entreprises en 2010, il a écrit de nombreux articles et ouvrages dans ces domaines.

Il est enfin l'auteur du blog Cybercriminalite.blog créé en 2005, Lieutenant colonel de la réserve citoyenne de la Gendarmerie Nationale et réserviste citoyen de l'Education Nationale.

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Atlantico : Si on entend énormément parler du bitcoin, on entend de plus en plus parler du blockchain, la technologie qui permet notamment l'existence du bitcoin. On pourrait penser que cette technologie ne profite qu'aux afficionados des monnaies numériques. Pourquoi le blockchain est pourtant en train de changer la vie de tout le monde, même de ceux qui n'ont pas un millionième de bitcoin en poche ?

Michel Ruimy : Pour mieux vous répondre, je commencerai par vous rappeler, en quelques mots, ce qu’est la blockchain et comment elle fonctionne.

La blockchain est un registre qui répertorie des transactions. Elle stocke, par ordre chronologique, ces échanges de données, qu’on appelle « blocs ». Si une blockchain privée autorise un nombre limité d’acteurs à enregistrer des transactions ou à modifier le registre, par contre, une blockchain publique est d’une part, ouverte à l’ensemble des utilisateurs, dénommés « nœuds », et d’autre part, régulée grâce à un système de contrôle, distribué entre les utilisateurs. C’est le principe de décentralisation. Lorsqu’un utilisateur souhaite effectuer une transaction, cette opération est transmise au réseau de nœuds de la blockchain pour validation. Cette validation s’appuie notamment sur l’historique des opérations antérieurement enregistrées. Après validation, cette transaction est affectée à un bloc qui vient s’ajouter à la blockchain. Les blocs étant diffusés sur le réseau, chaque nœud peut vérifier cette opération de validation. Ceci renforce la sécurité de la blockchain.

L’objectif visé est d’éliminer les risques liés à un stockage centralisé des données en lui substituant un système décentralisé plus long, plus vaste qui rend plus ardu l’isolement d’opérations, situation qui pourrait rendre possible une transaction frauduleuse.

Ceci étant dit, si un de ses « enfants », le bitcoin, a, ces certains temps, défrayé la chronique, la chaine de blocs, en questionnant fondamentalement les schémas informatiques traditionnels de la mise à disposition et du partage sécurisés d’information, apparaît comme une technologie prometteuse pour divers secteurs. Elle permet, surtout, de créer de la confiance entre cocontractants sans intervention d’une tierce partie, de réduire, de manière importante, les coûts de transaction et de rendre possible l’automatisation de contrats immuables. C’est en ce sens qu’elle changerait la vie de chacun.

Jean-Paul PinteLorsque vous évoquez dans une réunion, une conférence, voire encore une discussion le concept de blockchain il est souvent aisé de constater que les regards sont dubitatifs, interrogatifs à l’annonce de ce terme ne sachant pas bien de quoi il en retourne. Et pourtant certains rapports ou livres blancs positionnent le sujet comme l’un des sujets principaux de notre siècle, voire encore comme la seconde révolution numérique de notre société.

La blockchain (chaîne de blocs) est une technologie qui permet de stocker et transmettre des informations de manière transparente, sécurisée et sans organe central de contrôle. Elle ressemble à une grande base de données qui contient l'historique de tous les échanges réalisés entre ses utilisateurs depuis sa création. La blockchain peut être utilisée de trois façons : pour du transfert d'actifs (monnaie, titres, actions…), pour une meilleure traçabilité d'actifs et produits et pour exécuter automatiquement des contrats (des "smart contracts").

Les smart contracts sont concrètement des programmes informatiques conçus pour exécuter les termes d’un contrat de façon automatique lorsque certaines conditions sont réunies. Le but est toujours le même : désintermédier, « ubériser Uber » comme le dit Alex Tapscott, l’auteur du livre Blockchain revolution!

Un article de Journal du Net nous apprend que  la grande particularité de la blockchain est son architecture décentralisée, c'est-à-dire qu'elle n'est pas hébergée par un serveur unique mais par une partie des utilisateurs. Il n'y a aucun intermédiaire pour que chacun puisse vérifier lui-même la validité de la chaîne. Les informations contenues dans les blocs (transactions, titres de propriétés, contrats…) sont protégées par des procédés cryptographiques qui empêchent les utilisateurs de les modifier a posteriori.

Un livre blanc récent (novembre 2017) présente un aperçu du paysage actuel des développements DLT / Blockchain et examine de près les problèmes qui sont au cœur du développement de DLT / Blockchain. (DLT : DistributedLedger Technologies).

Les principales conclusions de ce rapport reprises sur le site de IATRANSHUMANISME  mettent en avant les défis et opportunités face à la DLT/Blockchain, le  rôle potentiel des normes par rapport à DLT / Blockchain.

Défis face à la DLT / Blockchain

Manque de clarté sur la terminologie et l’immaturité perçue de la technologie.
Les risques perçus lors de l’adoption anticipée et la perturbation probable des pratiques industrielles existantes.
Données insuffisantes sur les gains des entreprises et impact économique plus large.
Manque de clarté sur la façon dont la technologie est / serait gérée.
Incertitude autour de la réglementation.
Implémentations multiples non interopérables et la fragmentation qui en résulte.
Maintenir la sécurité et la confidentialité des données.
Assurer l’intégrité des données et un cryptage fort.
Nature énergivore de la technologie.
Manque de clarté concernant les contrats intelligents et comment les mettre en œuvre via DLT / Blockchain.

Opportunités pour la DLT / Blockchain

Fournir des gains d’efficacité (y compris des économies de coûts) pour les entreprises et les utilisateurs finaux.
Permettre de nouveaux modèles économiques et commerciaux.
Améliorer la résilience et la sécurité dans les systèmes transactionnels.
Autonomiser les utilisateurs finaux et améliorer la confiance dans les transactions.
Offrir des avantages pour l’enregistrement et la communication de données et d’activités grâce à des capacités d’immutabilité.
Permettre la gestion de l’identité numérique par la cryptographie à clé publique.
Fournir le mécanisme sous-jacent pour les contrats intelligents et permettre des capacités d’audit intelligentes.

Rôle potentiel des normes par rapport à DLT / Blockchain

Bien qu’il soit trop tôt pour considérer les normes liées aux aspects techniques, les normes peuvent potentiellement jouer un rôle dans les domaines suivants:

Établir un consensus sur une terminologie cohérente.
Assurer l’interopérabilité entre plusieurs implémentations.
Répondre aux préoccupations en matière de sécurité, de confidentialité et de gouvernance des données.
Favoriser la confiance, y compris la gestion de l’identité de l’utilisateur final.
Faciliter la mise en œuvre du suivi de la provenance.

En dehors de ces aspects le rapport dresse également une analyse sectorielle : État, énergie, IoT, culture, notariat, covoiturage, assurance, vie privée, logistique, citoyenneté, crowd-Equity.

Il y a donc de quoi faire avec la blockchain et les idées ne manquent pas à en croire les articles qui circulent sur le sujet. Le gouvernement français s’intéresse d’ailleurs de près à la technologie et a été le premier état à sortir une ordonnance sur le sujet.

Ainsi peut-on lire que grâce à la blockchain, deux ingénieurs ont créé un coffre-fort numérique pour les sans-abri. L’association Reconnect a créé un "cloud solidaire" qui permet aux personnes sans toit d’archiver leurs documents administratifs, et de faciliter leurs démarches. Un système bientôt sécurisé grâce à la technologie blockchain.

La blockchain a pris racine et a vu ses premières expériences arriver dans le monde de la finance et de l’assurance. Elle est sur  le point aussi de révolutionner la sécurité informatique car les chaînes de blocs peuvent contribuer à protéger l'information en garantissant l'intégrité et l'authenticité des données et fichiers, tout au long de leur cycle de vie. Une chronique du Journal  Le Monde nous annonce que la « blockchain » est en passe de devenir une mémoire et une sécurisation de toutes les transactions mais aussi des contrats, des votes ou des échanges de données personnelles. Autant dire qu’il s’agit aussi d’un bouleversement sociétal et une révolution des pratiques numériques.

La blockchain va aussi démocratiser le recours à la preuve car on sait stocker sur la blockchain la preuve de l’antériorité de ses œuvres.

Le monde de l’édition a aussi compris l’intérêt de la blockchain à en croire wespr. Wespr repose sur l’écosystème Ethereum Cette plateforme d’édition collaborative wespr souhaite tirer parti de la technologie blockchain, wespr et veut permettre aux acteurs du monde littéraire (auteurs, éditeurs, maquettistes, correcteurs, traducteurs, lecteurs, critiques littéraires, etc.) de se rassembler dans le même milieu numérique, de nouer des relations économiques, de déposer des livres en ligne, de collaborer collectivement à l’écriture d’un ouvrage tout en partageant collectivement les droits de l’oeuvre, d’investir dans un ouvrage, d’accéder à des soutiens financiers pour des maisons d’édition ou encore de vendre tout simplement son ouvrage. 

Notre identité n’échappe pas à la chaîne de blocs et une plateforme de gestion de l'identité comme Blockpass. Cette plateforme de gestion de l'identité est centrée sur l'utilisateur et devrait réduire les frais liés aux exigences de connaissance du client dans les institutions financières.

On parle aussi d’applications en santé pour sécuriser l’accès aux données personnelles des patients, ou dans la logistique pour tracer les produits…

Dans le monde de l’automobile la « chaîne de blocs » va accompagner la révolution des voitures autonomes. Les blockchains pourront par exemple faire le plein et payer sans aucune intervention humaine. Assurance auto, historique de navigation du véhicule, services de covoiturage, recharge des voitures, … tout va s’accélérer avec la technologie blockchain.

On risque d’assister dans notre société à une mise en concurrence du capitalisme et donc à la naissance d’un modèle économique nouveau comme le tokennisme. D’autres voient également  la blockchain comme le nouveau contrat social de la 4e révolution industrielle.

De nombreux commentateurs, pour donner une idée de l'importance de cette nouvelle technologie, comparent le blockchain à internet. Cette comparaison ne vous semble-t-elle pas exagérée ? Ou s'agit-il d'une véritable nouvelle ère qui s'ouvre à nous aujourd'hui ?

Jean-Paul Pinte : Plus rien, c’est sûr ne sera comme avant et la blockchain semble se présenter comme la révolution la plus importante depuis celle d’Internet. C’est le développement exponentiel des données sur Internet qui a nécessité cette sorte de livre de comptes décentralisé et contrôlé de façon collective, sur le principe du pair à pair (peer-to-peer).

A partir d'une base de données distribuée on peut aujourd’hui assurer la sécurité des transactions en mutualisant la confiance. La blockchain se présente donc comme un système réputé transparent et infalsifiable dont le champ d'application va bien au-delà de la seule monnaie. Cette technologie semble donc être plus une composante sécuritaire nécessaire à la survie d’Internet et c’est là que l’on pourrait plus parler de la blockchain comme une seconde révolution d’Internet.

La blockchain fera au système financier ce qu'Internet a fait aux médiasnous explique cet article du MIT Media Lab en dressant des parallèles. Comme Internet, les cryptocurrences comme Bitcoin sont guidées par les progrès des technologies de base et par une nouvelle architecture ouverte, la blockchain Bitcoin.

Comme Internet, cette technologie est conçue pour être décentralisée, avec des "couches", où chaque couche est définie par un protocole ouvert interopérable au-dessus duquel les entreprises, ainsi que les individus, peuvent construire des produits et des services.

Comme Internet, dans les premières étapes du développement, il existe de nombreuses technologies concurrentes, il est donc important de spécifier de quelle blockchain l’on parle. Et, comme sur Internet, la technologie blockchain est la plus forte lorsque tout le monde utilise le même réseau, donc à l'avenir, nous pourrions tous parler de «la» blockchain.

Une seule différence majeure nous précise encore l’article serait que l'Internet précoce était non commercial, développé initialement à travers le financement de la défense et utilisé principalement pour relier les institutions de recherche et les universités. Il n'a pas été conçu pour faire de l'argent, mais plutôt pour développer le moyen le plus robuste et le plus efficace de construire un réseau. Ce manque initial de joueurs et d'intérêts commerciaux était critique - il a permis la formation d'une architecture de réseau qui partageait les ressources d'une manière qui ne se serait pas produite dans un système axé sur le marché.

Comme le courrier électronique, il est probable qu'une forme de Bitcoin persistera. Mais la blockchain prendra également en charge une variété d'autres applications, y compris les contrats intelligents, les registres d'actifs et de nombreux nouveaux types de transactions qui iront au-delà des utilisations financières et légales.

L'utilisation principale et même les valeurs des personnes utilisant de nouvelles technologies et infrastructures tendent à changer radicalement à mesure que ces technologies évoluent. Ce sera certainement le cas pour la technologie blockchain qui se confondra dans l’Internet que nous connaissons de demain. On peut dire que sans Internet il n’y aurait pas eu de blockchain et que grâce à cette technologie on passe de l’Internet de l’information à l’Internet des valeurs.

Michel Ruimy : En fait, en dépit de certains problèmes notables, la technologie blockchain présente des caractéristiques innovantes qui modifieront, en profondeur, notre environnement quotidien après avoir résolu ces lacunes. Quelles sont ces insuffisances ?

Tout d’abord, la vérification des transactions prend du temps, en moyenne 8 minutes. Ce laps de temps freine, aujourd’hui, l’adoption et la diffusion de cette technologie par les acteurs économiques. C’est pourquoi le réseau et, notamment, les technologies de networking sont nécessaires pour accélérer les échanges mais aussi les sécuriser. Par ailleurs, il n’y a, à ce jour, aucune supervision réglementaire : le système de pair à pair (« peer-to-peer ») distribué semble ne laisser aucune place à une instance de régulation. Cette situation interpelle car elle soulève la question d’un fonctionnement de la blockchain sans cadre juridique. Ensuite, cette technologie est incompatible avec les systèmes informatiques existants. Elle exige donc d’un côté d’importantes modifications des processus et d’un autre, de lourds investissements lors de la phase de la transition. Enfin, bien que la blockchain fasse appel à des techniques cryptographiques avancées, le partage des livres de comptes des transactions peut néanmoins permettre des fuites d’informations et menacer la confidentialité des données.

Vous voyez donc que la blockchain n’est pas l’unique solution à tous les problèmes de notre quotidien. Elle en résout certains mais d’autres subsistent pour l’instant. Pour autant, en confiant à la totalité des utilisateurs, le rôle jusqu’ici réservé à quelques-uns, de tiers de confiance, elle a, par essence, le potentiel de faire du plus grand nombre, des acteurs de la transformation numérique. En d’autres termes, aucun « tiers de confiance » n’est jamais en possession de l’information complète. En ce sens, nous pourrions entrer dans une nouvelle ère car s’il est possible de valider des transactions par ce type de protocole, pourquoi ne pas l’utiliser pour valider autre chose ? Par exemple, des mots de passe, des titres d’identité, des diplômes et autres certificats ou même des votes électroniques. La fraude sur l’authenticité de nombreux documents ou procédures pourrait s’en trouver considérablement réduite.

Ainsi, un changement radical des pratiques et des métiers nous attend. En effet, cette technologie s’inscrit dans le mouvement d’économie collaborative qui touche actuellement l’ensemble de la société, où non seulement les clients et les utilisateurs sont en relation directe, mais il où n’y a plus de différence entre utilisateurs de services et prestataires de services, les utilisateurs participant à leur guise à la production, grâce à l’éclatement de toutes les activités en opérations distinctes que chacun entreprend de réaliser selon ses possibilités et ses motivations. Cette forme de division du travail va plus loin que des offres comme Uber ou AirBnB puisqu’il n’existe même plus de point central privilégié pour assurer la mise en relation des uns et des autres, comme une centrale de réservation qui serait l’analogue d’un gouvernement local, avec tous les avantages, mais aussi tous les risques qui y sont attachés.

Mais, je le répète, entre opportunités de développement et impacts négatifs sur les ressources humaines (la blockchain transformerait ou ferait disparaitre certaines fonctions), les arbitrages ne sont pas binaires. Il s’agit non pas de savoir s’il faut mettre en œuvre ou pas une blockchain mais plutôt de faire de bons choix. Pour cela, il faut avant tout définir précisément le périmètre à couvrir : A quelle échelle faut-il la déployer ? Qui l’utilisera ? L’utilisation sera-t-elle partielle ou complète ? Selon quelles modalités ?

Quelles sont les utilisations potentielles du bitcoin dans les années à venir ?  Lesquelles sont, selon vous, les plus prometteuses ?

Michel Ruimy : La finance a été le premier domaine à s’intéresser à cette technologie. Depuis 2013, de grandes entreprises du secteur financier (Visa, Deloitte, Western Union…) ont investi dans cette technologie. Aujourd’hui, d’autres secteurs d’activité (administration, santé, commerce…) s’y intéressent aussi pour réinventer leurs processus et leurs infrastructures. Dès lors, en quoi la blockchain est-elle intéressante pour les différents secteurs de l’économie ?

Premièrement, elle met fin aux rôles des intermédiaires. Par exemple, dans le domaine financier, les paiements nécessitent le concours de banques qui jouent le rôle de tiers de confiance. Or, l’intervention de ces intermédiaires d’une part, ralentit l’exécution des opérations et d’autre part, puisqu’il faut les rémunérer, accroît le coût de ces paiements, surtout dans le cas de transactions internationales. Dans ce cas, la blockchain peut éviter le recours à des tiers de confiance. En effet, grâce à cette technologie, les banques peuvent effectuer des transferts de fonds transfrontaliers en temps réel à moins coût. En effet, dans un contexte où les virements internationaux génèrent, au niveau mondial, près de 20 milliards de dollars de commissionnements d’intermédiaires, la blockchain se révèle précieuse pour abaisser les coûts de transaction.

Autre illustration, le réseau internet reliant des objets (« internet of things », IoT). Dans cet environnement, les objets peuvent agir de manière autonome et communiquer entre eux pour exécuter des tâches en chaîne voire mettre à jour leur logiciel. Ce processus nécessite une « structure », en charge de la gestion de leur interconnexion. Grâce à la blockchain, une fois les équipements de l’Internet des objets reliés à cette technologie, ce pôle n’a plus lieu d’exister. Ainsi, dans le secteur du transport, la falsification de documents d’expédition représente un coût important (elle peut aboutir au vol de marchandises, à de la contrebande). Grâce à cette technologie, il est possible d’installer des capteurs dans les conteneurs afin de suivre les expéditions en temps réel, pour vérifier le respect des délais et pour détecter d’éventuelles anomalies. Toutes ces informations sont collectées et enregistrées, de manière sécurisée, au moyen de la blockchain.

Nous pouvons parler aussi d’une exécution plus efficace des contrats. Un contrat intelligent (« smart contract ») est un programme informatique qui exécute une logique contractuelle déterminée par les parties concernées et agit comme un tiers autonome dans le cadre des dispositions convenues. Cela se traduit par une efficacité et une transparence accrues dans l’exécution de tout type de contrat numérique, grâce à une réduction au minimum des opérations manuelles.

Finalement, nous assistons aujourd’hui aux balbutiements de la blockchain qui est appelée à se développer dans différents domaines au gré de ses évolutions futures, du fait notamment de sa fiabilité et de la sécurité qu’elle inspire.

Jean-Paul Pinte : La technologie blockchain fait rêver Internet. Alors que la première génération d’Internet nous permettait seulement de partager de l’information, la seconde, qui s’appuie que la technologie blockchain, permet aux utilisateurs de partager de la valeur et de l’argent entre homologues a expliqué Don Tapscott, auteur et consultant, à EURACTIV dans une récente interview.

La blockchain vient résoudre  l’un des problèmes les plus anciens et complexes de l’informatique: assurer la sécurité et instaurer la confiance dans un réseau de poste à poste en l’absence d’une autorité centrale. Elle vient bouleverser également tous les postes affectés à l’intermédiation des opérations ou à la centralisation des informations comme le signale cet article. Ce qu’il y a de plus marquant avec cette technologie c’est qu’elle modifiera la manière dont les entreprises interagissent entre elles, car les clients auront directement accès aux informations relatives aux produits et services des sociétés.

Les investisseurs pourront financer des entreprises sans avoir recours aux marchés financiers.

Dans les entreprises, les informations circuleront en toute fluidité et les décisions et comportements seront parfaitement transparents. Les modèles d’entreprise seront radicalement modifiés, les structures de coûts deviendront nettement plus efficaces et la conclusion de marchés sera directe nous signale encore ce même article.

Rendant la triche plus difficile beaucoup, voire tous les secteurs de notre société voudront et ne pourront faire autrement que de s’en emparer car argent, titres, contrats, musique, créations artistiques, découvertes scientifiques, propriété intellectuelle, et même votes peuvent aujourd’hui être stockés et échangés de manière sécurisée. Là où il y a le plus à attendre c’est dans le monde des contrats intelligents qui consistent en une série de règles établies à l’avance, à la suite de l’accord entre les deux parties, encodées dans la blockchain, et qui ne sont automatiquement exécutées qu’une fois que l’ensemble des conditions prévues ont été remplies.

Il est aisé d’imaginer toutes les applications qui pourront s’en inspirer dans notre société.

Dans le marketing, il y a beaucoup à retirer aussi de la technologie notamment dans la vérification de l’affichage des bannières afin de s’assurer que les clicks ou les affichages sont réels, pour connaître aussi les parcours digitaux pseudonymisés. Le "personal branding" cher aux entreprises de marketing s’en verrait aussi renforcé.

Enfin, le secteur de la santé doit y trouver tout son intérêt. L’exemple de Diabéo montre que la blockchain pourrait permettre de gérer de manière transparente, sure et infalsifiable les données des patients et restreindre le partage des données aux principaux tiers de confiances : médecins, hôpitaux, laboratoires pharmaceutiques, … Tout cela au bénéfice du patient qui saura où sont ses données et qui y a accès.

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