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Emmanuel Macron, François Hollande, Nicolas Sarkozy : le match des bilans après 7 mois de mandat
©JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Première année

Les débuts de quinquennats de nos trois derniers Présidents de la République présentent des différences, mais aussi des constantes. Pour arriver, en décembre, à des niveaux popularité de 52% (pour Sarkozy), 37% (Hollande), et 52% (Macron) auprès des Français.

Bruno Cautrès

Bruno Cautrès est chercheur CNRS et a rejoint le CEVIPOF en janvier 2006. Ses recherches portent sur l’analyse des comportements et des attitudes politiques. Au cours des années récentes, il a participé à différentes recherches françaises ou européennes portant sur la participation politique, le vote et les élections. Il a développé d’autres directions de recherche mettant en évidence les clivages sociaux et politiques liés à l’Europe et à l’intégration européenne dans les électorats et les opinions publiques. Il est notamment l'auteur de Les européens aiment-ils (toujours) l'Europe ? (éditions de La Documentation Française, 2014) et Histoire d’une révolution électorale (2015-2018) avec Anne Muxel (Classiques Garnier, 2019).

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Maxime  Tandonnet

Maxime Tandonnet

Maxime Tandonnet est un haut fonctionnaire français, qui a été conseiller de Nicolas Sarkozy sur les questions relatives à l'immigration, l'intégration des populations d'origine étrangère, ainsi que les sujets relatifs au ministère de l'intérieur.

Il commente l'actualité sur son blog  personnel

 

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Atlantico : 2007-2012-2017. Après 7 mois de présence à l'Elysée, quel bilan comparatif peut on dresser des trois derniers présidents français, Nicolas Sarkozy, François Hollande, et Emmanuel Macron ? Quelles ont été, sur les différentes thématiques, les promesses de campagnes respectées, ou non, et les mesures les plus emblématiques de ces débuts de quinquennat ?

Bruno Cautrès : Les débuts de quinquennats de nos trois derniers Présidents de la République présentent des différences, mais l’on retrouve toujours quand même des constantes : il s’agit de montrer que « le changement » ou « la transformation » sont en cours, que le nouveau pouvoir agit énergiquement (renvoyant toujours ses prédécesseurs à l’inaction, aux problèmes non réglés depuis « vingt ou trente ans »), que les promesses sont tenues et que les premiers résultats sont palpables. Les premières mesures prises et lois votées doivent également montrer que la nouvelle majorité est au travail, qu’elle est efficace et qu’elle n’a pas d’autre objectif que le « redressement » d’une France toujours décrite comme au bord du gouffre et finalement sauvée par la magie de l’élection présidentielle, le talent et l’abnégation au travail du nouvel exécutif, la clairvoyance de son diagnostic sur l’origine de nos problèmes et de nos maux. On est donc bien à chaque fois dans la mise en œuvre de mesures emblématiques, chargées en symboles et qui doivent « imprimer » en profondeur l’opinion, fixer un « cap » et donner la trajectoire de l’action pendant les 5 ans. C’est d’ailleurs en cela que les ruptures et les changements de cap en cours de mandat sont très délicats, voire impossibles, à gérer (Jacques Chirac en octobre 1995 ou François Hollande à partir du début 2014). La composition du gouvernement fait également partie de cette stratégie de communication.

En début de mandat, Nicolas Sarkozy met en place un Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale, confié à Brice Hortefeux, fait adopter la loi sur la récidive (peines planchers, suppression de l’excuse de minorité pour les récidivistes de plus de 16 ans) et met en œuvre rapidement des mesures phares de son programme économique : adoption de la loi sur le service minimum dans les services publics, loi TEPA (le « paquet fiscal », composé du bouclier fiscal, de la défiscalisation des heures supplémentaires, de la diminution des droits de succession). La réforme de l’autonomie des universités est également très rapidement lancée. L’agenda européen de Nicolas Sarkozy est également très lourdement chargé en son début de mandat : adoption du Traité de Lisbonne, préparation de la présidence française du Conseil européen (second semestre 2008), questions internationales ou relations avec la Russie. Parmi les promesses non-tenues en début de mandat ou finalement jugées irréalisables, on peut citer les « plafonds annuels d’immigration », les allocations familiales dès le premier enfant, la loi interdisant les « golden parachutes ».

En 2012, François Hollande met lui aussi rapidement en œuvre nombre de ses promesses de campagne, notamment dans le domaine social et économique: retour (partiel et conditionnel) à la retraite à 60 ans, coup de pouce au SMIC, mise en place des « emplois d’avenir », lutte contre les niches fiscales, retour sur les allégements de l’ISF, abrogation de la TVA sociale, etc…Il occupe également fortement le terrain sociétal : gratuité de la contraception pour les mineures, IVG gratuit et anonyme pour toutes les femmes, début des annonces en ce qui concerne le droit au « mariage pour tous ».Parmi les retards ou renoncements de François Hollande on peut évoquer la fameuse taxe à 75% qui sera progressivement transformée et abandonnée. Son agenda européen est également chargé en début de mandat, avec un échec relatif en ce qui concerne la «renégociation du Traité de stabilité budgétaire » (le TSCG signé en Octobre 2011 par la France). Il n’était pas parvenu à imposer le rapport de force à l’Allemagne d’Angela Merkel, qui avait soutenu Nicolas Sarkozy. La nouvelle version de ce traité sera finalement adopté, presque à l’identique, le 11 octobre 2012 en France avec comme seule contrepartie un « pacte de croissance » qui peinera à convaincre par la suite.

Le début de mandat d’Emmanuel Macron a sans doute tiré des leçons de ses prédécesseurs : l’agenda des réformes semble pour le moment se dérouler avec le timing prévu, même si l’abrogation de la taxe d’habitation se fait par paliers. Les principales mesures sont pour le moment dans le domaine économique et dans le domaine du travail. Ces deux piliers de l’action du gouvernement d’Edouard Philippe se sont rapidement incarnés dans la réforme du Code du travail et le début de la réforme des cotisations sociales, bientôt de l’indemnisation du chômage, de la formation et des retraites, réforme de l’ISF ; mais l’on voit progressivement se dessiner un nouvel horizon sur les questions de sécurité mais aussi de société. Au plan européen, Emmanuel Macron est pour le moment en phase de « stand by » tant que la situation politique interne de l’Allemane est figée ; mais comme ces deux prédécesseurs il a voulu fortement marquer les débats européens par deux discours considérés par de nombreux dirigeants européens fixant un cap important. Malgré une incontestable rapidité à réformer, de nombreuses promesses de campagne d’Emmanuel Macron semblent néanmoins encore en chantier ou en cours de réflexion : baisse de l’impôt sur les sociétés, système universel de calcul de la pension des retraites, suppression de 120 000 postes dans la fonction publique (alors que le budget 2018 n’en prévoit que 1600).

Maxime Tandonnet : Les six premiers mois de Sarkozy ont été tonitruants sur le plan des mesures prises ou en cours d'adoption. "Tout ce que j'ai promis de réformer, je le réformerai!" assenait-il à ses débuts. Parmi les mesures symboliques, on se souvient des peines planchers pour les récidivistes, la défiscalisation des heures supplémentaires, l'obligation d'apprentissage du Français et des valeurs de la République avant l'optention d'un visa de séjour, l'allègement de l'impôt sur l'héritage, considéré comme sa mesure la plus populaire, la mise en place du service minimum dans les transports, pour mettre fin aux mouvements de grèves qui paralysent le pays... Les débuts de François Hollande ont été plus progressifs. Les grandes mesures emblématiques comme le "mariage pour tous" sont venues plus tard. De fait, les premiers mois de ce quinquennat ont été marqués par l'antisarkozysme et il fallait faire tout le contraire de son prédécesseur y compris en ne manifestant pas de suractivisme. Le début de mandat de M. Macron se situerait dans une position proche du mandat Sarkozy. Il tient le même discours sur sa volonté de mettre en oeuvre les réformes promises, et plusieurs ont été faites: sur la moralisation de la vie publique, sur le code du travail avec les ordonnances, sur la fiscalité avec la transformation de l'ISF en impôt sur la fortune immoblière et la suppression progressive de la taxe d'habitation, sur la sortie de l'état d'urgence et la lutte contre le terrorisme. Ces réformes ont-elle la même ampleur et portée que celles des six premiers mois Sarkozy? C'est encore difficile à dire aujourd'hui de manière objective... 

Selon les données IFOP-JDD, les mois de décembre 2007-2012-2017 se traduisaient par des niveaux popularité respectifs de 52%, 37%, et 52% auprès des Français, soit un niveau comparable entre Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron. Quels sont les comparaisons à faire entre le début de mandat des deux hommes ?

Bruno Cautrès : Nicolas Sarkozy avait connu un « état de grâce » de début de mandat plus long que celui d’Emmanuel Macron bien que d’une durée de seulement quatre mois : entre mai 2007 et septembre/octobre 2007, sa popularité s’était maintenue à un haut niveau, au-dessus de 60%. Avant lui, seul François Mitterrand dans la foulée de son élection « historique » de 1981 avait pu atteindre des niveaux plus élevés dans les débuts de son mandat. Cette première période avait été marquée par des images qui imprimèrent le « style Sarkozy » : célébration de sa victoire au Fouquet’s, séjour de repos sur le yacht de Vincent Bolloré, exposition de sa vie privée, libération spectaculaire de onze infirmières bulgares détenues en Lybie. Il est intéressant de noter que, dans les premiers mois de sa présidence, Nicolas Sarkozy semble ne pas pâtir tout de suite de l’appréciation des français sur son style : la présidence de « rupture », sur le fond mais aussi sur la forme, ne commencera à avoir des conséquences négatives pour la popularité de Nicolas Sarkozy que plus tard. Mais dès le mois d’octobre 2007, Nicolas Sarkozy entamait un chute assez nette de sa cote de confiance, qui passait de plus de 60% en septembre 2007 à 52 % trois mois plus tard. Le mois d’octobre 2007 avait donc amorcé un premier décrochage important: alors que dans les quatre premiers mois de sa présidence Nicolas Sarkozy était parvenu à atténuer l’opposition venant des électorats du Front national (après avoir aspiré une partie importante de cet électorat  la présidentielle il avait créé un Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale) et de la gauche ou du centre (« ouverture » avec la nomination au gouvernement de personnalités venant de la gauche), à partir de l’automne des fractures commençaient à apparaître : premiers « dérapages » verbaux, visite à Paris du colonel Kadhafi en décembre 2007, polémique sur les droits de l’homme au Tibet, mise en avant trop importante de sa vie privée.

Pour Emmanuel Macron, on arrive au même chiffre de popularité au mois de décembre 2017 que Nicolas Sarkozy dix ans avant (52%), mais par un chemin totalement différent. Tout d’abord, Emmanuel Macron n’a pas connu « d’état de grâce » dans l’opinion malgré un niveau de popularité presque égal à Nicolas Sarkozy au lendemain de son élection. C’est notamment du fait d’une chute brutale, d’ampleur inégalée avant, de sa popularité entre juin et septembre/octobre 2017. L’été 2017 fut un peu « meurtrier » pour Emmanuel Macron suite aux premières annonces (APL, jour de carence des fonctionnaires) mais aussi suite à une série de déclarations («les Français détestent les réformes », les « fainéants ») : en trois mois, Emmanuel Macron chute de plus de vingt points de popularité. Alors de Nicolas Sarkozy entamait une première chute dans l’opinion à partir d’octobre 2007, c’est à partir de ce même mois d’octobre qu’Emmanuel Macron entame une très importante remontée de sa popularité. Corrigeant sérieusement sa communication (disparition des phrases et propos polémiques), accélérant de manière particulièrement forte la mise en œuvre de son programme et montrant une capacité certaine à « déminer » les conflits sociaux potentiels (réforme du code du travail), Emmanuel Macron semble avoir réussi en décembre 2017 sa reconquête de popularité. Mais une différence importante sépare les dynamiques de popularité d’Emmanuel Macron et de Nicolas Sarkozy au cours de leurs huit premiers mois: si Nicolas Sarkozy a très vite « clivé » les électeurs, Emmanuel Macron continue de susciter une série d’interrogations. La remontée de popularité n’a pas éliminé l’attitude de « wait and see » de nombreux segments des électorats vis-à-vis des réformes engagées. L’idée de laisser sa chance à Emmanuel Macron est une donnée importante de sa popularité, même auprès de ceux qui n’ont pas voté pour lui. Une autre différence apparait aussi au plan sociologique : alors que Nicolas Sarkozy suscitait un important clivage générationnel (il restera très soutenu par les plus de 65 ans tout au long de son mandat), Emmanuel Macron suscite un plus important clivage social : si les classes populaires apprécient davantage son action en décembre qu’en septembre, l’écart reste important avec les classes favorisées. Un point rapproche néanmoins Emmanuel Macron et Nicolas Sarkozy : leur capacité à capter des électorats hors de leur « vivier naturel » : Nicolas Sarkozy avait fortement séduit les électeurs à droite de sa droite, notamment au Front national ; Emmanuel Macron, élu par le centre-gauche est en train de s’imposer au centre-droit. Mais de la même manière que Nicolas Sarkozy avait déçu par la suite l’électorat de FN, on peut se demander si l’électorat de centre-droit et des LR va définitivement soutenir Emmanuel Macron ou revenir plus fortement vers son « parti naturel ». La balle est aussi dans le camp de Laurent Wauquiez.

Maxime Tandonnet : Une différence sensible sépare, d'une part les six premiers mois des mandats Sarkozy/Macron, et  d'autre part, ceux du mandat Hollande. Les deux premiers se situent dans une période de croissance internationale et de baisse relative du chômage tandis que Hollande arrive à l'Elysée dans la tourmente de la crise économique. Peut-être que la différence de popularité s'explique, au moins en partie, par ces écarts dans la situation économique. Concernant les débuts de mandat des deux hommes, Sarkozy et Macron, ils ont des ressemblances et des différences. Tous deux sont des rebelles dans leur camp. Sarkozy veut la "rupture" vis-à-vis de l'ère Chirac dont il fut ministre et Macron n'a de cesse que de se démarquer de Hollande, dont il fut aussi ministre. Ils ont l'ambition de casser les clivages politiques. Sarkozy pratique "l'ouverture" en appelant dans son gouvernement un maximum de personnalités de "gauche". Macron va plus loin: venu d'un gouvernement socialiste, il nomme un Premier ministre "de droite". Autre ressemblance frappante: l'utra personnalisation du pouvoir, la mise en scène presque caricaturale de leur personnage qui écrase tout le reste, avec la bénédiction des médias qui raffolent de la "politique spectacle". Le climat est en revanche extrêmement différent: chaotique sous l'ère Sarkozy, qui commence avec de violentes polémique sur le Fouquet's, le "discours de Dakar", les tests ADN; au contraire radieux et bienveillant, à l'exception de quelques rares accrocs, autour de l'image du plus jeune président de France, auréolée d'optimisme, d'harmonie et de jeunesse. 

Contrairement à ses deux prédécesseurs qui ont pu cliver le pays entre les deux camps traditionnels, on peut observer une mutation du soutien à Emmanuel Macron qui s'est déplacé à droite de l'échiquier. A quelles conditions Emmanuel Macron peut-il espérer rester, au contraire de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, au delà de ce seuil de 50% ? Au regard du mouvement politique annoncé, une telle hypothèse est -elle crédible ?

Bruno Cautrès : Il faut tout d’abord rappeler que depuis les années 1990 et notamment la présidentielle 1995, l’espace politique français n’est plus structuré par un seul clivage, mais par deux clivages : au traditionnel clivage gauche-droite s’est ajouté un second clivage que Pascal Perrineau avait qualifié alors de clivage « ouvert/fermé » et que l’on peut aussi appeler le clivage « libéraux/conservateurs » au plan européen. Les travaux du CEVIPOF ont popularisé la notion de « tripartition » de l’espace partisan et idéologique pour rendre compte de cette dualité des clivages : la coexistence entre les deux clivages provoque une rupture dans l’ordre bipolaire de la politique française et instaure une « tripartition » entre la gauche, la droite et le FN. On voit que la logique « centriste » d’Emmanuel Macron tente de transformer cette « tripartition » entre « quadripartition » (le premier tour de la présidentielle de 2017 avec quatre candidats autour de 20%) pour favoriser ensuite une nouvelle grande coupure binaire entre les « progressistes » et les « conservateurs » (le second tour de la présidentielle). La logique du « et de gauche et de droite » repose donc sur l’idée de faire émerger ce dernier grand clivage sur certains dossiers économiques ou de réformes de société. C’est au sein de ce jeu de positions qu’il faut regarder les évolutions politiques (et sondagières) en cours : Emmanuel ne pourra se maintenir au-dessus de 50% de popularité que s’il parvient à fidéliser les électeurs de centre-gauche et de centre-droit sur des thèmes qui leur tiennent particulièrement à cœur : économie plus ouverte et compétitive et moins d’impôts à droite, réformes de société à gauche. Le déplacement du soutien d’Emmanuel Macron vers le centre-droit au cours des derniers mois pose une question de fond et de stratégie politique pour lui : jusqu’à quel point peut-il pousser cet avantage sans perdre définitivement les électeurs de gauche qui ont commencé à adhérer à l’idée du « président des riches » ? Poussée jusqu’à son terme cette logique reviendrait à progressivement « giscardiser » Emmanuel Macron et en faire le candidat naturel du centre-droit à la présidentielle de 2022… On peut se douter qu’Emmanuel Macron voudra plutôt solidifier son socle centriste « de droite et de gauche »…La longue « prise de judo » entre Emmanuel Macron et le clivage gauche-droite n’est pas terminée et l’on ne sait pas encore qui aura, à long terme, le dessus, qui mettra genoux à terre….Les clivages politiques ont jusqu’à présent plutôt montrer leur grande résilience, mais aussi leur capacité à muter….

Maxime Tandonnet : Deux facteurs entrent en jeu. Le premier, c'est la situation économique internationale. Tant qu'elle continue à s'améliorer et bénéficie à la France, même faiblement, même avec un décalage de plusieurs années en raison des lourdeurs structurelles de l'économie française, la cote de M. Macron pourra sans doute se maintenir à un niveau élevé. Toutefois, il est peu probable que l'amélioration perdure pendant cinq ans. Le chômage français reste à un niveau considérable de 3,5 à 5,5 millions de personnes. La tendance légère à l'amélioration favorise une remontée de la cote présidentielle. Mais ce phénomène est précaire et rien ne permet de penser que les facteurs profonds du décrochage français sur l'économie, l'emploi, l'industrialisation, sont en voie d'être résorbés, notamment le niveau des prélèvements obligatoires qui reste astronomique (47% du PIB) et celui de la dette publique (100% du PIB) sans que rien ne soit en voie de changer à cet égard. Si une nouvelle crise internationale devait survenir dans les années à venir et le chômage repartir à la hausse, M Macron sera accusé de ne pas avoir fait les réformes nécessaires pendant la période favorable et une vague d'impopularité lui reviendra en boomerang. Or, dans les cinq ans à venir, la probabilité d'une crise économique est assez forte. 

Le second facteur, c'est celui de la communication, de l'image personnelle. Pour l'instant, sur le plan de l'image, M. Macron surpasse à la fois Sarkozy et Hollande. Dans l'ensemble, il bénéficie dans les médias radios et télévisions, une partie de la presse, d'une aura qui n'a guère de précédent, liée à sa jeunesse, à la modernité des apparences et du discours en particulier le ni droite ni gauche. Mais cette image est d'autant plus fragile qu'elle est omniprésente. L'usure du pouvoir liée à la surmédiatisation est un risque. En outre, nul n'est à l'abri d'un désastre médiatique, à l'image de l'affaire Cahuzac pour M. Hollande. La population peut finir par se lasser, malgré le message médiatique positif et valorisant. L'image médiatique compte immensément dans le monde mderne. Mais le réel peut resurgir à tout moment. L'opinion publique, un jour où l'autre, peut être amenée à demander des comptes au président, omniprésent, supposé omnipotent donc omniresponsable, en matière d'emploi, mais aussi de sécurité, de lutte contre le terrorisme et le communautarisme, de maîtrise de l'immigration, de pouvoir d'achat, de niveau scolaire, etc. Pis: le monde médiatique peut aussi retourner sa veste, par lassitude ou par opportunisme et lâcher soudain son protégé. Bref, par delà l'effet de mode, par-delà les jubilations et éblouissements de l'immédiat, la probabilité d'une popularité durable sur cinq ans paraît assez faible. 

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