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671 infractions chez Business France ou la preuve que le droit du travail est largement inapplicable... mais Mme Penicaud saura-t-elle en tirer les conséquences ?
©ALAIN JOCARD / AFP

Des paroles mais pas d'actes

Business France, opérateur de l'État dédié à l'exportation, vient d'être épinglé par un rapport de l'Inspection du travail pour près de 700 infractions commises à l'époque où l'organisme était dirigé par Muriel Pénicaud. Une fois de plus, l'État s'avère incapable de respecter un droit du travail conçu pour moraliser les entreprises privées.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Business France donne un nouvel exemple du "fais ce que je dis, mais ne fais pas ce que je fais" caractéristique de l'État employeur.

Les fonctionnaires et l'idéologie anti-entreprise

Tout le monde le sait: l'entreprise, c'est le mal et c'est le lieu de l'exploitation. La coterie des hauts fonctionnaires cédétistes ne cesse de le rappeler, à l'unisson d'un Laurent Berger qui vient d'expliquer que les patrons devaient enfin partager le pouvoir dans leur entreprise. Comme souvent chez les donneurs de leçons démocratiques, la foi est rarement suivie par les actes. 

Les mauvaises langues pointeront l'extrême centralisation de la CFDT sous Laurent Berger et son peu d'appétence pour le partage du pouvoir. Les mêmes mauvaises langues ironiseront aussi sur la propension d'un certain nombre de hauts fonctionnaires, souvent proches de la CFDT, à multiplier les lois, les décrets, les circulaires destinés à protéger les salariés contre leur employeur. 

D'où l'extrême complexité du droit du travail en France, qui s'explique d'abord par la défiance que la technostructure nourrit vis-à-vis des chefs d'entreprise. 

Les graves défaillances des managers publics

Ceux-là même qui grimpent avec morgue sur leur cheval pour améliorer la protection des salariés sont aussi souvent, la pratique le montre, les derniers à mettre en pratique les grands principes qu'ils infligent à des entrepreneurs qui n'en peuvent mais. On ne dira jamais assez la brutalité du management dans le service public, qui vaudrait à n'importe quel employeur un passage rapide en correctionnelle. 

L'hôpital public, par exemple, donne de fréquentes illustrations des comportements managériaux inappropriés dans le service public. Les entreprises ne pourraient se permettre de commettre autant de dérives sans appeler à leur encontre des mesures de sanction extrêmement brutales. 

Le cas Business France

Dans le cas de Business France, les écarts sont emblématiques. Près de 700 infractions au Code du Travail relevées par un inspecteur sont déjà une forme d'exploit qui illustre l'écart entre l'État légiférant, garant des protections salariales, et l'État employeur, infiniment plus violent et exploiteur que n'importe quelle entreprise privée. 

On notera en particulier ce cas de salariés qui ont dépassé à 55 reprises le plafond hebdomadaire de 48 heures travaillées. Un patron qui se permettrait ce genre d'écart serait lourdement sanctionné. On attend de voir quelle mesure sera prise à l'encontre de l'ancienne directrice générale de l'établissement public. 

L'État est-il vraiment garant du droit?

Une fois de plus se pose la question de la nature exacte de l'État. 

Dans la vulgate sociale-démocrate habituelle, l'État est le meilleur rempart de l'égalité et du droit contre l'arbitraire et l'injustice. D'où l'idée souvent positive attachée aux externalités produites par les instances publiques. 

En réalité, les pratiques managériales de l'État montrent que la nature publique d'une institution ne garantit en rien le respect de valeurs humanistes. Bien au contraire, on trouve sans doute chez les entrepreneurs capitalistes bien plus de respect du droit et du bien-être individuel que dans la technostructure. 

De ce point de vue, il est incompréhensible que les entrepreneurs perdent à ce point la bataille de l'hégémonie culturelle. Avec les atouts dont ils disposent, plus aucun Français ne devrait plus croire, et depuis très longtemps, qu'être employé par l'État protège mieux qu'être employé dans une entreprise. 

Mais, pour gagner cette bataille de l'hégémonie culturelle, il est vrai qu'il faut se mobiliser de façon efficace.

Cet article a été initialement publié sur le site Décider & Entreprendre

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