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Yann Wehrling : "Le MoDem apporte une fibre sociale et environnementale à Emmanuel Macron"
©DAMIEN MEYER / AFP

Entretien politique

Le Congrès du MoDem se déroule ce weekend à Paris. A cette occasion, le porte-parole et secrétaire national du parti, Yann Wehrling, dresse pour Atlantico le bilan du mouvement centriste sur la politique menée par le gouvernement, notamment sur la question sociale.

Yann  Wehrling

Yann Wehrling

Yann Wehrling est conseiller régional IDF, Fondateur du Parti de la Nature et ancien Secrétaire national des Verts. 

 

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Atlantico : Le Congrès du MoDem se déroule ce weekend à Paris. François Bayrou accueillera notamment Edouard Philippe ou Jean-Michel Blanquer. Alors que le parti centriste dispose de 47 députés et deux membres du gouvernement, comment évaluez-vous aujourd'hui l'influence du parti sur la ligne politique du gouvernement ? Qu'est-ce que le gouvernement n'aurait pas pu faire sans le MoDem selon vous ?

Yann Wehrling : Ce n'est pas la question qu'on se pose tous les matins. On fait simplement notre travail. Nous sommes un parti membre de la majorité, nous avons des députés en nombre, deux ministres et une responsabilité : apporter notre part au travail qui est à faire. Apporter nos idées, amender ce que le gouvernement propose, faire nous-mêmes des propositions…  Dans ces conditions et au vu de la situation nous sommes convaincus que notre présence est utile.

Nous avons participé au programme présidentiel d'Emmanuel Macron, nous ne nous sommes pas posé la question de mettre le "tampon MoDem" sur telle ou telle proposition. Nous avons gagné et maintenant nous mettons en œuvre. Nous avons tenu à ce que d'entrée de jeu les premières mesures portées soient celles sur lesquelles nous avons insisté comme la loi de moralisation de la vie politique. Demain, nous allons changer le mode de scrutin pour les législatives et réduire le nombre de parlementaires. Et plus globalement, ici ou là, nous tenons à apporter cette fibre sociale et environnementale qui est propre à notre famille politique. Nous traduisons cette fibre en amendements et c'est notre façon de voir les choses, une façon complémentaire avec la vision d'Emmanuel Macron et cela fonctionne aujourd'hui.

François Bayrou avait insisté sur le volet social, où en sommes-nous aujourd'hui ? Comment évaluez-vous l'impact de votre travail de sensibilisation au sein de la majorité ?

Nous sommes positifs. Chaque fois que l'on a porté ce sujet, derrière il y a eu une attention en retour. Il y a eu la revalorisation des minimas sociaux, il y a quelques jours il y a eu l'annonce de la revalorisation du SMIC alors que certains instituts de recherche ou des acteurs extérieurs portaient l'idée d'arrêter de revaloriser automatiquement.

Plus globalement, tout au long des derniers mois, nous avons veillé à ce que les réformes conduites de manière prioritaire pour aider les entreprises à créer de l'emploi soient accompagnées en parallèle de projets qui visent à ce que les Français retrouvent l'espoir d'avoir un pouvoir d'achat qui s'améliore.

L'abandon de la taxe d'habitation va se faire, la baisse des charges salariales va se faire et toutes ces réformes sont empruntes de cette fibre sociale qui est autant celle du gouvernement que la nôtre. On ne peut donc que trouver positif cet équilibre qui est fait entre les réformes économiques et la préservation du modèle social.

Aujourd'hui une question importante qui se pose est celle des inégalités. Vendredi dans le journal Le Monde, l'économiste Branko Milanović expliquait que si l'on continuait à suivre la tendance actuelle nous aboutirions à un modèle sud-américain  avec 1% de la population possédant une très grande partie des richesses du pays, une classe moyenne importante mais accompagnée d'une classe défavorisée qui serait, elle, à des niveaux de vie comparables à ceux dans des pays du tiers-monde. Aujourd'hui comment jugez-vous l'action du gouvernement sur cette thématique des inégalités ?

Ce sont des projections qui sont à mon avis fantaisistes. Ce sont des vues qui ne sont pas souhaitables et personne dans ce gouvernement ne peut souhaiter que notre société évolue dans ce sens. S'il devait y avoir le début du commencement d'un indicateur qui nous donnerait le sentiment que l'on va dans la direction que décrit l'économiste, on corrigerait cette direction. Nous ferons toujours les ajustements nécessaires pour faire en sorte que personne ne soit laissé sur le bas-côté. Je note quand même aussi que l'on vient d'engager un travail sur la réforme de l'assurance chômage qui pose aujourd'hui sur la table des idées qui ont vocation à élargir la sécurité de l'assurance chômage pour des gens qui n'en bénéficient pas aujourd'hui, je pense notamment aux indépendants. Je ne vois pas où l'on peut aujourd'hui évoquer des régressions, ce sont plutôt des avancées sociales qui sont en train d'être réfléchies.

Le MoDem semble apporter de nombreuses fibres à la coalition gouvernementale. Mais dans ce cas, pourquoi n'est-il pas un groupe interne à La République en marche ? Est-ce que cette distanciation est justifiée ?

La pluralité politique est étrangère à la culture politique française. A chaque fois, l'on entend qu'il faut des concentrations politiques, des grandes familles, des grands partis… Aujourd'hui on pourrait presque penser que la pluralité n'a pas droit de cité en France. Pour ma part je pense qu'on peut être dans une même coalition majoritaire et ne pas être forcément dans le même parti. Cette tradition de pluralisme politique existe dans de nombreux pays dans le monde  mais en France. Historiquement nous avons toujours plaidé pour cette pluralité qui doit se traduire par la capacité des partis politiques à pouvoir avoir une représentation juste à l'Assemblée nationale avec un mode de scrutin proportionnel. Nous continuerons de nous battre, aujourd'hui plus encore qu'avant, pour que cette pluralité soit enfin une tradition française.

Le MoDem reste un parti qui est très fortement incarné par son président François Bayrou. Cette force qu'il a eu à rassembler et à porter ce mouvement, est-ce que ce n'est pas aussi une faiblesse?  Est-ce que l'on peut aujourd'hui imaginer un MoDem sans François Bayrou ?

C'est une famille politique ancienne. C'est vrai que François Bayrou la porte fortement mais il y a de nombreuses personnalités à côté. Nous ne nous posons pas cette question. Nous sommes contents que François Bayrou soit toujours là pour conduire la ligne politique de notre parti. Sa réélection à 93% montre la légitimité qu'il a à continuer de le faire.

Avec un François Bayrou qui a renoncé à être candidat à la présidentielle et sans autre tête d'affiche ayant vraiment la stature nationale pour l'être à sa place en 2022, le MoDem ne perd-il pas de son poids politique dans le cadre des institutions de la 5e République ? Un parti peut-il compter sans se compter à une présidentielle ?

Non. Je considère que François Bayrou a rendu honneur à notre parti en prenant la décision de rejoindre Emmanuel Macron. Historiquement il est intéressant de rappeler qu'il a été candidat à plusieurs élections présidentielles et qu'il a même failli gagner en 2007. On peut se demander alors si certains à l'époque n'ont pas manqué de courage en n'osant pas apporter leur soutien à François Bayrou alors qu'ils ne supportaient pas leur candidat mais ont préféré rester enfermé dans leur famille politique en faisant fi de leurs convictions.

Ce courage de la part de certains dont n'a pas pu bénéficier François Bayrou à l'époque, il en a fait bénéficier Emmanuel Macron. Il a fait la démonstration de sa hauteur de vue et du sens qu'il a de l'intérêt général en renonçant à y aller soi-même.  Nous faisons des choses qui ne sont pas dans la tradition française. On ne s'est pas inscrit dans un clivage droite-gauche, nous avons un parti dont le candidat a choisi d'en soutenir un autre… Pour nous c'est le résultat qui compte et c'est ce qui a compté. Nous avons gagné sur notre ligne politique ce qui est bien l'essentiel.

Le dossier Notre Dame des Landes est sur le point d'être résolu. Comment vous positionnez-vous, vous et votre parti sur ce dossier épineux ?

Très simplement. Avant même la mission commanditée par le gouvernement nous avions déjà émis des réserves sur ce projet. La mission qui a été rendue penche plutôt en faveur d'un agrandissement de l'aéroport en comparaison de la création d'un nouveau aéroport en rase campagne. Cela ne fait que conforter notre point de vue qu'il faut abandonner le projet et préférer u aménagement de l'actuel aéroport à Nantes.

Comment comptez-vous aujourd'hui faire pencher la balance dans ce sens étant donné les différentes positions de vos partenaires au gouvernement ?

Nous exposons notre point de vue. Nous donnons le point de vue d'une des composantes de la majorité sur ce dossier mais il appartiendra au président de la république de lui aussi peser le pour et le contre et de décider. Je serais attentif à sa décision mais l'important maintenant est de décider.

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