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Le copinage Thierry Solère- Jean-Jacques Urvoas : le retour du « tous pourris ? »
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Des tricheurs en dessous de tout

Les deux hommes se sont employés à remettre au gout du jour cette vieille rengaine populiste. Et le succès a été au rendez-vous.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Le « tous pourris » a été durant longtemps un tube figurant au hit-parade des débats nationaux. Ses deux interprètes les plus connus : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Ils disaient, eux, qu’ils avaient les mains propres pour dénoncer les mains sales de leurs adversaires. Mais la voix de la patronne du Front national est devenue inaudible. Quant à celle du leader de la France Insoumise, elle est aujourd’hui totalement éraillée.

Deux hommes viennent de prendre la relève : Thierry Solère, ex-député des Républicains rallié au macronisme et Jean-Jacques Urvoas, ancien Garde des Sceaux socialiste. Au « tous pourris » ils ont ajouté un codicille plein de saveur : « et nous les premiers ! ». Et cette nouvelle version de la si vieille rengaine a, de toute évidence, de beaux jours devant elle.

Un jour, entre les deux tours de la présidentielle, Thierry Solère demanda un service a son ami Urvoas. Ne nous récriez pas : un homme de droite a bien le droit d’être ami avec un homme de gauche ! Au nom de quoi leur interdirait-on de faire des bouffes ensemble, de voir et d’aimer les mêmes films, de courtiser les mêmes filles ?

Mais cette amitié-là allait bien plus loin. Elle était fusionnelle. Passionnelle. Montaigne et La Boétie peut-être ? Car le service demandé venait d’un homme visé par une enquête pour blanchiment d’argent et quelques autres broutilles. Et ce service était demandé à un homme à qui sa fonction conférait beaucoup de pouvoirs.

Solère voulait savoir en détail ce qu’il y avait dans l’enquête le concernant. Urvoas, au mépris de toute honnêteté, en demanda copie à la Direction générale des affaires criminelles et transmit la note à son ami. En message crypté car ils savaient bien, l’un et l’autre, que c’était parfaitement illégal. Solère, passablement étourdi, garda ce message sur son téléphone. Ledit téléphone fut saisi lors d’une perquisition policière. Et le pot-aux-roses fut découvert. La triche est une compétition de haut niveau. Ni Urvoas, ni Solère n’étaient au niveau. Des nuls de chez nuls !

La curiosité de Thierry Solère était légitimement motivée par l’ambition de servir son pays. Un autre de ses amis, de droite celui-là, Edouard Philippe était pressenti pour devenir le futur Premier ministre du futur président de la République. Et Solère espérait bien être un de ses ministres. Il lui fallait tout savoir sur l’enquête car Macron s’était engagé à écarter du gouvernement quiconque ferait l’objet d’une mise en examen.

Solère ne devint pas ministre. Évoquant cette affaire, la presse a très abusivement parlé de liaisons dangereuses. Nous avons scruté attentivement les beaux visages du député et de l’ancien ministre. Et nous ne voyons pas très bien qui serait Valmont, le vil séducteur et qui serait la douce et naïve Cécile…

Jean-Jacques Urvoas aura à répondre de ses manquements devant la Cour de justice de la République, seule habilitée à juger les actes d’un ministre en exercice. Thierry Solère, lui, est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire. Mais si le mot décence a encore un sens, on lui conseille de raser les murs.

On ne peut s’empêcher de rappeler ici certains des propos du futur ex-questeur de l’Assemblée nationale. Futur ex-questeur car François de Rugy, le président de l’Assemblée, a fini après une longue résistance de l’intéressé, à lui faire comprendre que c’était un peu scandaleux de vouloir garder un poste qu’il avait eu en tant que Républicains, maintenant qu’il avait endossé la casaque de LREM.

Il y eut donc un temps où Solère était Républicains. Il aimait alors la justice d’un amour pur, chaste et respectueux. En 2016, il fit une déclaration historique d’une noble beauté : « j’incite tous les élus Républicains à se battre pour que soient rompus tous les liens entre la politique et la justice ». Il faillit être canonisé ce jour-là.

Pendant la campagne des primaires de la droite et du centre, il devint le porte-parole de Fillon. Puis il le lâcha. Pénélope, les costards de chez Arnys : Solère ne mangeait pas de ce pain-là. Et là encore il fut pur et émouvant en renouvelant sa confiance en la justice qui s’acharnait sur l’ancien Premier ministre. Depuis Thierry Solère s’est raisonné. Il a mis toute sa confiance en Jean-Jacques Urvoas. 

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