Pourquoi l’ascension vertigineuse du bitcoin représente une menace face aux grandes monnaies<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pourquoi l’ascension vertigineuse du  bitcoin représente une menace face aux grandes monnaies
©Reuters

Edito

Longtemps confidentiel le bitcoin fait aujourd’hui une percée spectaculaire sur les places financières. Fruit au départ de l’imagination de quelques passionnés d’informatique, il utilise les dernières trouvailles du numérique et s’inscrit dans la logique de l’ubérisation de l’économie pour donner naissance à une sorte de nouveau géant de la finance qui commence à représenter un défi pour les grandes devises traditionnelles.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

Il suscite partout un engouement au point que les épargnants du Zimbabwe se précipitent sur lui pour se protéger contre l’inflation galopante que connait leur pays. En quelques semaines, le bitcoin a pris l’aspect d’une véritable lame de fond. Son cours a dépassé dix mille dollars, alors qu’il était insignifiant en début d’année. Pour  l’instant il n’est pas stabilisé et connait des fluctuations très fortes. A quatre reprises il a enregistré un reflux brutal  pouvant atteindre trente pour cent, mais il s’est toujours  repris. Il exerce la fascination d un produit nouveau un peu mystérieux, car il fonctionne au sein des réseaux sociaux en reposant sur un programme informatique sécurisé piloté par une communauté de dix mille développeurs. Le nombre d’utilisateurs monte en flèche et se chiffre à plusieurs millions, voire dizaines de millions pour une valeur globale dont la fourchette imprécise se situe entre 150 et 300 milliards de dollars. Certains spécialistes estiment qu’il se situe déjà au trentième rang mondial des monnaies.

A dire vrai, l’apparition  du bitcoin  n’est pas un phénomène unique. Il a toujours existé dans le monde des moyens de paiement parallèles à ceux qui étaient mis en œuvre par les Etats. Des monnaies locales  circulent ainsi dans de nombreuses agglomérations : elles sont acceptées par des commerçants ou des boutiques spécialisées et portent souvent un nom du terroir. Des chaînes de magasins offrent ainsi des points en fonction des achats qui peuvent  être ensuite convertis en euros par exemple. Mais leur influence est circonscrite à un univers très localisé. A l’inverse, l’informatique et internet confèrent au bitcoin une puissance de feu inconnue jusqu’ici, même s’il  commence à avoir des concurrents plus modestes comme l’etherium. Car de grands fonds d’investissements vont entrer dans la danse. La bourse de Chicago va  lancer ce mois-ci un contrat à terme sur le bitcoin qui va lui donner une ampleur nouvelle.

Le bitcoin apparait ainsi comme une menace pour les grands pays qui avaient pris le contrôle de la création monétaire après la fin de l’étalon-or. Ils avaient  ainsi confié aux banques centrales la mission de réguler le fonctionnement du système alors que les banques commerciales assuraient la création monétaire par le jeu du crédit. Mais les banques centrales ont dévoyé le système en inondant le marché sous des quantités abusives de billets pour lutter contre  la crise financière de 2008, en renonçant au rôle que jouaient les taux d’intérêt ramenés pratiquement à zéro. Du coup, les banques centrales ont perdu une partie de leur pouvoir, contesté aujourd’hui  par des inventions comme celle du bitcoin. Ce produit apparait aussi comme une ouverture dans l’univers des placements qui s’est singulièrement rétréci avec les actions trop  chères, risquant un krach et des obligations qui ne rapportent plus rien. Il échappe de plus à la fiscalité, sans compter qu’il est un outil essentiel pour le blanchiment d’argent, au moment où les contrôles des Etats se sont renforcés sur les mouvements d’argent officiels.

Pour l’instant, les autorités bancaires se refusent à voir dans lebitcoin une véritable menace,  en le traitant avant tout comme une bulle passagère qui devrait éclater rapidement en raison de sa vertigineuse ascension, liée à la spéculation. Mais il apparait comme un témoignage supplémentaire de la contestation des  pouvoirs  régaliens dans un monde où les craquements se multiplient.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !