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Chômage: l'inquiétante hausse du chômage des plus de 50 ans
©Pixabay

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Si le chômage des jeunes baisse fortement, la tendance générale est moins bonne que prévue, avec une hausse de 0,2 points lors du troisième trimestre.

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès est maître de conférences à Sciences Po (gestion publique & économie politique). Il a notamment publié Réformes: mission impossible ? (Documentation française, 2010), L’âge d’or des déficits, 40 ans de politique budgétaire française (Documentation française, 2013). et récemment Le Logement en France (Economica, 2017). Il tient un blog sur pfgouiffes.net.
 

Vous pouvez également suivre Pierre-François Gouiffès sur Twitter

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Atlantico : Alors que l’économie française semble bien être sur la voie du redressement, les derniers chiffres du chômage, publiés par l'INSEE révèlent une hausse de 62 000 chômeurs, soit +0.2 point par rapport au 2ème trimestre 2017. Comment expliquer une telle progression ?

Pierre-François Gouiffès : Avec 0,2 point sur un trimestre, il ne s’agit pas d’une progression très forte d’autant plus que demeure une baisse de 0,3 points sur une année, mais on n’en comprend pas moins l’impact sur l’emploi d’un ensemble de bonnes nouvelles et de bons indicateurs économiques. En outre les chiffres sont décorrélés des données Pole Emploi et DARES sur la même période (baisse de la catégorie A des demandeurs d’emploi) mais avec le point commun majeur de variations très faibles et d’absence de toute tendance claire : le chômage a arrêté de monter depuis 2016 mais ne baisse pas encore.

On se perd donc un peu en conjectures face à cette situation, en devant distinguer les aspects conjoncturels des points structurels. Le point conjoncturel pourrait consister en le déstockage de personnes qui ne sont pas au chômage car inclues dans les différents dispositifs de traitement politico-budgétaire du chômage dont la France s’est régalée durant des années mais avec lesquels l’exécutif a pris clairement ses distances. Le point structurel consisterait en un effet retard de la reprise sur l’emploi ou pire une baisse de la richesse en emplois de la croissance.

Selon ces mêmes statistiques, on peut constater une baisse du chômage des jeunes et une hausse significative des 25-49 ans. S'agit il d'une tendance plus profonde, visant à remplacer des effectifs plus « âgés » par des personnes plus jeunes ?

Les données INSEE du 3ème trimestre confirment une tendance désormais longue constatée mois après mois avec les chiffres mensuels de Pole Emploi et de la DARES : le chômage des jeunes (moins de 25 ans) diminue de façon significative depuis début 2016 (moins 12%) tandis que celui des 25-49 ans baisse de façon plus modeste et que celui des plus de 50 continue de progresser après une véritable saignée : le nombre des chômeurs de plus de 50 ans a quasiment triplé depuis la crise de 2008 et encore augmenté de 50 % sous le quinquennat de François Hollande. La lutte contre le chômage de ce segment de la population devrait clairement devenir une composante importante des politiques de l’emploi.

Il y a donc bien un phénomène puissant de substitution dans la population active entre les différentes classes d’âge, au profit des plus jeune et au détriment de plus de cinquante ans.

La baisse du nombre de personnes comptabilisées dans les chiffres du halo autour du chômage affiche une baisse de 59 000. Comment explique ce paradoxe d'une hausse du chômage et d'une baisse des effectifs du halo autour du chômage ?

Le nombre de chômeur augmente de 62 000 tandis que les personnes inclues dans le halo autour du chômage (celles qui souhaitent un emploi sans être comptées comme chômeurs au sens du BIT, par exemple les découragés du marché du travail) baissent 59 000 au 3ème trimestre 2017. Une approche intéressante consiste donc à cumuler les chiffres du chômage de l’INSEE (2,7 millions de personnes) et ceux du halo autour du chômage (1,4 millions). On recense ainsi 4,1 millions de personnes au chômage ou qui souhaitent un emploi, pour une progression non significative de 3 000 personnes soit moins de 0,1 %. L’enseignement principal est une fois de plus que le chômage est désormais stable en France mais ne baisse pas véritablement, en tout cas pas pour le moment.

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