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Attention tabou, la dépression post-natale touche aussi les nouveaux pères
©Reuters

Devenir père

La dépression post-natale n'est pas l'apanage des femmes, contrairement aux idées reçues. Les hommes sont également touchés par ce phénomène et les conséquences peuvent être lourdes.

Monique Bydlowski

Monique Bydlowski

Monique Bydlowski est psychiatre, psychanalyste et directeur de recherche à l'INSERM dont elle est directeur honoraire. Elle est l'auteur de "Je rêve un enfant", "Les enfants du désir" aux éditions Odile Jacob et de "La dette de vie : Itinéraire psychanalytique de la maternité" aux éditions PUF.

 

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Atlantico : La dépression post-natale pour les femmes est un phénomène connu. Pourtant le phénomène touche aussi les hommes à hauteur d'un père sur 10. Chez les hommes, comment se manifeste ce phénomène ?

Monique Bydlowski : La fréquence des dépressions paternelles est de l'ordre de 15% chez les nouveaux pères. Il y a deux types de décompensation. L'homme peut faire une dépression de type banale, un état dépressif temporaire plus ou moins profond et durable.Il faut distinguer deux types de dépression. Le premier, des dépressions psychiques (tristesse, incapacitante) et les dépressions graves, plus rares mais elles existent. Il y a des hommes qui font vraiment des décompensations psychotiques à l'occasion de la naissance d'un enfant. C'est pour cela qu'il est de bonne règle dans les consultations de psychiatrie d'urgence lorsque l'on voit un homme jeune arriver de poser la question d'une naissance.

Une autre façon pour les hommes de décompenser c'est de faire des accidents somatiques. Souvent des choses viscérales comme des crises d'appendicite, crise de colite… C'est un phénomène fréquent. Une étude anglaise a été faite auprès de soldats qui avaient tous à peu près le même âge et qui attendaient une naissance, environ 25% d'entre eux faisaient des pressions somatiques à tel point qu'on a parlé de syndrome de la couvade.

L'attachement à l'enfant n'est pas inné. Il se crée dans les soins initiaux avec l'enfant. C'est l'enfant qui attache les parents. Lorsque l'on met au monde un enfant il y a une nécessité quasi vitale de s'attacher à lui. Si le père s'absente ne cherche pas à s'attacher à l'enfant il va se retrouver au bout de deux ou trois ans face à un véritable inconnu. L'attachement se construit.

Comment expliquer d'un point de vue clinique ce phénomène ? Est-ce un phénomène récent ou a-t-il toujours existé? Est-il plus fort aujourd'hui ?

Pour un homme, la naissance d'un enfant est encore plus une irruption que pour la femme. La femme a été habituée pendant 9 mois à la présence de l'enfant alors que pour les hommes, surtout ceux qui ne sont pas allé à la première échographie où l'on voit l'enfant petit mais en entier.

Pour l'homme voir arriver un enfant c'est une irruption. Pour beaucoup qui ont eu des petits frères et petites ça les ramène au sentiment de désolation qu'ils ont eu à ce moment-là quand ils ont eu l'impression d'être remplacé par quelqu'un d'autre. Devenir père c'est aussi pousser son père au bord de la tombe. Ce n'est plus le père du nouveau papa qui est le père de famille, ça devient vous. C'est prendre la place de son père réellement. Il y a là un vrai phénomène de remaniement psychique d'identité. D'un seul coup on est plus un ancien adolescent, jeune homme mais un père avec toutes les responsabilités que cela annonce.

Ce phénomène de dépression post-natale a toujours existé. Il n'a pas plus d'importance aujourd'hui, c'est juste que l'on s'y intéresse plus. Notamment car les familles se sont réduites.

Est-il possible d'éviter ce phénomène ? Que faire si l'on en est victime ?

Il faut être vigilant d'abord. Si le père ne se sent pas bien pendant ou après la grossesse d'une manière ou d'une autre, physiquement ou psychiquement, il faut aller consulter un médecin. Les généralistes savent très bien dépister des dépressions. Et pourront aider les patients. Si le ou les problèmes continuent il ne faut pas hésiter à aller consulter un spécialiste.

Si l'on est touché par ce phénomène, il faut aller en parler avec un professionnel. Un psychologue de formation psychanalytique. C'est même une urgence par rapport aux relations ultérieures avec l'enfant. L'homme qui aura été très malade au sens psychique du terme va être en difficulté pour développer des liens d'attachement avec son enfant.

Se soigner n'est pas aller faire une psychanalyse c'est rencontrer un psychanalyste qui le recevra en face à face le nombre de séances qu'il faudra. C'est du travail en urgence pour nous praticiens. 

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