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Le CAC40 à 5500, oui mais après ?
©Reuters

10 ans !

Dix ans ! Il lui aura fallu dix ans ! Le Cac 40 vient de passer 5500 points le 31 octobre 2017, son niveau de… début janvier 2008.

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Encore un effort, et nous sommes à son deuxième maximum historique à 6000, début 2007, juste avant la grande plongée mondiale de 2008, la terrible « crise des subprimes ». Elle l’amènera au-dessous de 3000, début 2009. Depuis, c’est la lente remontée. Mais nous sommes loin du maximum historique du 4 septembre 2009 : 6944, à l’époque de la « nouvelle économie ». 26,25% à gagner encore.

Le Cac 40 remonte donc la pente, dans une économie mondiale méconnaissable, en pleine euphorie boursière. La capitalisation boursière mondiale atteint 90 trilliards de dollars selon Bloomberg, son record absolu, essentiellement lié à la montée récente des bourses émergentes, en fait asiatiques. La bourse va mieux ici, parce qu’elles vont mieux partout.

D’abord, la bourse de Paris va mieux dans une économie française qui va mieux, où les profits montent. La croissance atteint 0,5% au troisième trimestre. Elle va vers 1,8% cette année, en attendant 1,9% l’an prochain. La consommation est tonique. Plus encore, l’investissement des entreprises se réveille, avec leur rentabilité retrouvée. C’est elle qui alimente la bourse, avec trois sources.

Source un : les ordonnances devraient soutenir l’activité et l’emploi dans les PME, plus les baisses attendues de l’impôt sur les sociétés. En outre, dans l’esprit des investisseurs, s’ouvre une période où les décisions politiques et fiscales paraissent mieux balisées. La bourse de Paris va mieux, après les inquiétudes des élections, dans un temps qui lui paraît plus business friendly.

Source deux : l’évolution des salaires est très modérée. Les salaires dans l’industrie augmentent de 2,0% sur un an. Pour l’ensemble de l’économie française, c’est +1,7%. La baisse des charges, par CICE interposé, calme encore cette évolution. Salaires et charges augmentent donc très peu : 1,1% sur un an, avec en plus la révolution technologique en cours.

Source trois : le crédit pas cher aux entreprises, avec la politique de quantitative easing de la Banque centrale européenne. La BCE détient près de 350 milliards d’euros en bons du trésor français, ce qui représente près du quart de la dette négociable française. Ce portefeuille fait baisser les taux à long terme et se répercute dans les conditions bancaires. Le taux des crédits à l’équipement des entreprises est ainsi à 1,4%, pour une durée de 9 ans (et l’inflation à 1,1%) ! Pas surprenant si les crédits augmentent de 7,6%. Visibilité politique et baisse des charges, plus flexibilité dans les entreprises et modération salariale, plus taux d’intérêt historiquement bas et révolution technologique : le taux de marge remonte à 31,8% de la valeur ajoutée. Que vouloir de mieux pour la bourse ? Et pourtant, ce n’est pas tout !

Ce n’est pas tout, car toutes les bourses en zone euro vont mieux : c’est ce que cherche la Banque centrale européenne, sans trop le claironner. Avec des entreprises mieux valorisées et des ménages qui se sentent plus riches, le moral remonte, la dépense suit, puis les salaires, puis l’inflation (normalement). La zone euro a 2,5% de croissance et seulement 1,4% d’inflation, qui devrait remonter en 2019… à 1,5%. Le taux de chômage pèse. Il permet, comme en France, une remontée des profits d’autant plus forte que le quantitative easing de la BCE joue partout. Et continuera, jusqu’en 2019 ! Avec 2 500 milliards d’euros de titres publics et privés, la BCE abaisse les conditions bancaires, avec des crédits qui continuent de monter et des banques toujours accommodantes. Et voilà le Stoxx Europe 600 qui atteint 400, son plus haut depuis deux ans, très proche de son maximum historique !

Et ce n’est pas tout, loin s’en faut, puisque les Etats-Unis entendent en rajouter, alors que leurs indices boursiers sont au plus haut !  Ils sont en reprise, depuis neuf ans, avec un taux de chômage à 4,2% de la population active, des taux courts à 1,25% et longs à 2,4%, pour une inflation structurelle à 1,5% - et des salaires qui montent peu ! Il est question que le successeur de Janet Yellen se mette à monter les taux. Mais il devra faire attention à ne pas déclencher de krach obligataire, sachant qu’en plus Donald Trump veut pousser encore la machine économique, en abaissant les taux d’impôts sur les ménages et surtout sur les entreprises !

Et il ne faut pas oublier l’Asie, Chine et Japon en tête, qui rejoignent à toute vitesse le peloton et apportent leur écot à la montée mondiale des bourses. Le FMI recommande évidemment de faire attention, de poursuivre les réformes et soutenir les innovations. Sages paroles, on le reconnaît bien là !

La Bourse de Paris monte sur fond d’amélioration économique et de soutien monétaire, avec l’appui des baisses des impôts. Elle n’est pas seule à être saisie d’optimisme : l’euphorie est mondiale. C’est à ce moment qu’il faut faire attention et agir. Car, dans une telle situation, les banques centrales doivent normalement monter les taux. Comme disait Alan Greenspan, c’est quand l’ébriété monte autour du bol de punch qu’il faut le retirer, doucement bien sûr.

Mais aujourd’hui, nous avons oublié la leçon de Greenspan. La Banque centrale européenne ne montera pas ses taux avant mi-2019, le Japon va continuer ses achats de bons du trésor, la Chine rester opaque, l’Angleterre et le Canada fera le minimum de hausse des taux et surtout, les Etats-Unis veulent en rajouter, par la baisse de la fiscalité ! La bourse de Paris va donc monter encore, inquiète peut-être, mais pas seule… à être inquiète et surtout à monter !

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