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Pourquoi nous sous-estimons gravement l’impact du dérèglement climatique sur les grandes métropoles mondiales
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Le jour d'après ?

La question de la hausse du niveau des mers mais de bien d'autres paramètres climatiques fait que la population urbaine mondiale ne peut plus se sentir à l'abri des changements climatiques. Il va falloir s'adapter, ou risquer de voir les "catastrophes" se multiplier.

Nicolas Imbert

Nicolas Imbert

Nicolas Inbert est directeur exécutif de Green Cross France et Territoires.

Co-auteur de l'ouvrage "OCEAN: des clés pour agir " www.desclespouragir.com 

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En 2015, l'Observatoire Manua Loa à Hawaï a signalé que la concentration moyenne quotidienne de CO2 dans l'atmosphère avait dépassé 400 parties par million (ppm) pour la première fois. Chaque année, les niveaux de glace de l'Arctique sont de plus en plus bas, le pergélisol dans des régions comme la Sibérie et l'Alaska fond, libérant des quantités dangereuses de méthane dans l'atmosphère, et apporte des tempêtes plus violentes et des sécheresses plus sévères dans différentes parties du monde. Cela se vérifie-t-il aujourd'hui? 

Nicolas Imbert : Le dérèglement climatique s’accélère, et nous sommes de plus en plus conscients de la gravité de ses effets. Dans le même temps, nous commençons effectivement à comprendre ce que signifie le mot dérèglement, la succession des tempêtes, des inondations, des sécheresses, et l'importance non seulement de développer notre résilience, nos capacités d'adaptation, mais aussi l'urgence d'entreprendre maintenant, et massivement, la transition écologique de nos économies et de nos sociétés. C'est maintenant que tout se joue: de notre capacité à infléchir les modes de consommation et de production dans les 2 à 3 ans à venue dépend la capacité du climat à se régulier de manière sereine ou bien à encore plus se dérégler.

A l'été 2014, une équipe de scientifiques de la NASA a annoncé des preuves concluantes que le recul de la glace dans le secteur de la mer d'Amundsen en Antarctique occidental était devenu imparable. Ils ont conclu que cette fonte suffirait à faire monter le niveau de la mer de plus d'un mètre (3 pieds).  Quelles régions du monde ont déjà été impactées?

Comme l'océan, les glaciers sont les sentinelles du climat. Il n'y a pas à ce stade une région du monde, terrestre ou marine, sur laquelle l'humain n'aie pas déjà constaté les effets du dérèglement climatique. Des zones que l'on pouvait croire préservées, comme l'Arctique ou l'Antarctique, subissent les effets des bouleversements indus par une augmentation des températures moyennes que l'on peut estimer à 0,8 - 1°C depuis 1990. On y découvre aussi les traces des plastiques, des radionucléides, des perturbateurs endocriniens et autre polluants que l'on croyait limités aux continents peuplés. Ailleurs, ce sont les migrations d'espèces comme le moustique-tigre, les incendies, les sécheresses, les inondations catastrophiques, les ouragans...les effets sont visibles partout. 
Et nous avons, c'est essentiel, des clés pour agir, pour infléchir la situation. Clés que Green Cross regroupent dans ses ouvrages pédagogiques "des Clés pour AGIR", à découvrir sur www.desclespouragir.fr

Robert DeConto, co-auteur d'une étude récente prédisant des vitesses de fonte significativement plus rapides dans les plus grands glaciers du monde, affirme que si les calottes polaires s'effondrent, c'est en centimètres par an et non plus en millimètres que la hausse du niveau des eaux se mesurera. Quels sont les risques d'un tel scénario pour nos villes? Existent-ils déjà des villes côtières parées, structurellement parlant, à ce type de scénario catastrophe? 

Aujourd’hui, la question de la résilience est une préoccupation de toutes les îles et territoires littoraux du monde, et c'est d'ailleurs un enjeu essentiel pour la CoP23, la prochaine conférence climat, qui se tiendra en novembre prochain à Bonn, sous la présidence fidjienne. Nous y serons, autour de Jean-Michel Cousteau, et particulièrement actifs sur ce thème. Qu'ils s'agissent de territoires aussi différents que New York ou Miami aux Etats-Unis, Dacca au Bangladesh, les îles Kiribati, Dunkerque, l'île d'Yeu ou Marseille, il n'y a plus aujourd’hui un littoral habité qui ne se pose pas la question de sa résilience, et des possibilités d'action. 
Les évolutions sont progressives, mais nécessitent des réponses humaines et économiques difficiles à trouver: il s'agit non seulement de rendre les activités humaines du littoral plus résilientes et plus adaptées à des tempêtes et à une montée des eaux qui altéreront le trait de côte, mais également souvent d'anticiper une bande littoral où l'eau douce devient progressivement plus salée rendant difficile l'accès à l'eau et l'agriculture, de prévoir de désinvestir ou d'abandonner des constructions ou activités littorales. La solution de renforcer localement les digues n'est qu'un pis-aller, qui génère des vulnérabilités juste à côté sans traiter le problème à long terme. Il s'agit vraiment d'une métamorphose, mais qui peut conduire aussi à des transitions heureuses quand elles sont anticipées, comme d'abandonner une urbanisation et une minéralisation galopantes pour utiliser des espaces naturelles en zone-tampon préservant à la fois la biodiversité et la résilience de l'endroit, repenser l'aménagement, travailler l'efficacité énergétique, développer ou repenser des systèmes alimentaires territoriaux, passer d'un tourisme industrialisé à un tourisme durable...les solutions sont multiples, les enjeux sont immenses, et la transition est d'autant plus facile qu'elle est pensée en amont.

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