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0.71 euro brut par jour ; la “relance” du pouvoir d’achat selon Emmanuel Macron
©Reuters

Merci qui ?

Depuis des années, les préoccupations des Français sont connues : chômage, sécurité, pouvoir d'achat, immigration, etc. Or en matière de pouvoir d'achat, ils s'apprêtent à être copieusement bernés.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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Issue des travaux du conseiller économique Jean Pisani-Ferry ( ancien responsable de France Stratégie ), l'idée d'une bascule entre hausse de la CSG et baisse de certaines cotisations salariales est en passe de tourner au marché de dupes. Pourquoi ? Tout simplement parce que la bascule va enfanter une balance déséquilibrée entre une hausse certaine de la CSG d'au moins 1,7 point et une baisse en deux temps et incertaine en vigueur des cotisations salariales.

Très vite ( dès 2.500 euros bruts ) le mécanisme de l'impôt excèdera celui de la baisse des charges. Il y aura donc des perdants en termes de pouvoir d'achat parmi les salariés sans parler des retraités concernés dès 1.300 euros de pensions.

Sur ce point, le Gouvernement a sous-estimé l'importance du soutien intergénérationnel : les seniors aident les jeunes générations à boucler leurs fins de mois dans bien des cas.

" Le retrait de l’activité professionnelle ne s’accompagne pas du retrait des aides économiques au sein de la parentèle. On observe en effet que les dons financiers se poursuivent au cours du vieillissement et ne diminuent qu’au grand âge.

Ces conclusions sur l’évolution des solidarités familiales mettent en évidence l’importance de bénéficier de pensions de retraite décentes pour continuer à contribuer aux cycles d’échanges intergénérationnels et intrafamiliaux. "

https://www.cairn.info/revue-retraite-et-societe-2009-2-p-11.htm

Ceci est un fait qui se vérifie dans toutes les catégories sociales et la réforme de la CSG pourrait bien présenter, de facto, un effet pervers que l'on n'aurait pas retrouvé dans un recours à la TVA sociale car il y a une profonde différence entre un impôt obligatoire ( la CSG ) et un impôt qui relève de l'acte souverain de consommer.

De surcroît, la TVA sociale aurait concerné les importations contrairement à la CSG que l'économiste Eric Chaney ( ancien de Morgan Stanley et d'Axa ) nomme sans une dose de malice appropriée " la première tranche du barème de l'impôt sur le revenu " .

En technocrate de l'économie, Pisani-Ferry a conseillé le candidat Macron de manière inadéquate. Le cas du pouvoir d'achat des personnes au Smic est, à cet égard, caricatural.

Les pouvoirs publics et les députés annoncent avec fierté que " la hausse du pouvoir d'achat sera, pour quelqu'un au Smic, de 260 euros par an " ( Sylvain Maillard, député de Paris dont la suppléante n'est autre que la fille de Jean Pisani-Ferry… ).

Acceptons-en l'augure et effectuons un calcul simple. 260 euros annuels, cela donne 21,66 euros par mois soit une hausse de 1,46% du Smic ajusté à 1480 euros mensuel.

Mieux encore, 260 euros divisés par 365 jours donne un résultat de 0,71 euro brut par jour calendaire.

C'est donc un effet d'affichage davantage qu'une hausse du pouvoir d'achat qui a été concocté.

En 2012, le décidément sonore Jean-Luc Mélenchon avait stigmatisé une hausse dérisoire du Smic en indiquant qu'elle permettrait tout juste de s'acheter un Carambar.

En 2017, soyons sans crainte, les élus de la France insoumise ( voire insurrectionnelle ? ) trouveront bien une formule-choc.

Sur le fond, les cocus du pouvoir d'achat seront légions.

D'autant – le diable est dans les détails – que plus de flexibilité du travail ( ordonnances ) rime généralement avec une moindre capacité des travailleurs peu qualifiés à négocier leurs salaires notamment du fait de la différence très nette entre les taux de chômage des cadres et les autres catégories.

Trop d'analystes oublient de dire que le nombre d'emplois créés aux Etats-Unis postérieurement à la crise a généré des jobs moins bien payés qu'auparavant.

On a d'un côté une baisse du chômage mais de l'autre – au mieux – un tassement des rémunérations.

Autrement dit, en France, il est hautement probable que certains des aspects de la réforme du droit du travail à venir ne débouche sur une contraction globale de la masse salariale d'autant plus évidente que sa définition inclut les cotisations salariales.

https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1503

Certains y verront un gain de compétitivité-prix favorable à notre appareil de production dont l'état est qualifié par l'optimiste Jean-Hervé Lorenzi de " pas topissime " ( sic ).

D'autres y verront une strangulation du pouvoir d'achat à condition de simplement prendre le temps de lire les étiquettes de la grande distribution par ces temps de rentrée scolaire.

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