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Vents contraires : ce paradoxe de la sortie l'euro entre le Front national et la droite de la droite italienne
©Alessio85

Chemins différents

Alors qu'en France le FN semble tenter de se reconstruire au-delà de son aversion contre l'Europe, c'est précisément sur ces bases que la Ligue du Nord et Forza Italia ont construit leur alliance en vue des prochaines élections en Italie.

Giorgio Pedronetto

Giorgio Pedronetto

Giorgio Pedronetto, diplômé en Sciences Politiques (Université de Turin), a d’abord travaillé pour différents organismes parapublics italiens et français avant de rejoindre le secteur financier où il s’occupe de marketing. Historien passionné et très attentif aux évolutions politiques, il rédige depuis environ trois ans un blog d’opinion : « Un regard un peu conservateur ».

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L'annonce de Berlusconi de son projet de monnaie parallèle ouvre les portes à une alliance entre Forza Italia et la Ligue du Nord sur des fondements anti-Bruxelles, quand le FN semble se détacher de sa tradition anti-européenne et rejeter la "ligne Philippot" après l'échec de l'élection présidentielle de 2017. Qu'est-ce qui explique ces trajectoires radicalement opposées ?

Tout d'abord il ne faut pas oublier les racines différentes de ces partis et leur image. En France le FN a toujours été marginalisé et considéré comme gênant et, surtout, n'a jamais exercé le pouvoir. En Italie, en revanche, la Ligue du Nord et la droite nationaliste (Fratelli d'Italia) gouvernent actuellement dans plusieurs villes et régions et à plusieurs reprises on fait partie des gouvernements de Silvio Berlusconi à niveau national. 
Ainsi, la trajectoire de la droite nationaliste française et celle italienne (je trouve que la définition d'extrême droite ne sied plus à aucun de ces partis) divergent. En France l'hypothèse de sortie de l'euro a été abandonnée pour permettre au FN de gagner du terrain parmi les électeurs de droite qu'une telle perspective inquiétait. Dans le cas italien, l'enjeu de la Ligue est différent : d'abord dépasser le stricte cadre régional, en quittant le "du Nord" pour bénéficier d'une connotation nationale. Ensuite, ne pas laisser au mouvement de Beppe Grillo le monopole de l'opposition à la monnaie unique,même si l'instauration d'une monnaie nationale pour les échanges intérieurs me semble hasardeuse. Cette possibilité, proposée par Silvio Berlusconi, serait plutôt l'embryon de l'entente électorale avec Matteo Salvini et Giorgia Meloni, leaders de la Ligue et de Fratelli d'Italia, pour cimenter le "cartel de la droite" en vue des élections législatives de 2018.

Le FN est persuadé de ne pas pouvoir gagner en faisant de l'Europe l'ennemi numéro 1. L'euroscepticisme est-il plus fort en Italie qu'en France ? Si oui, pourquoi ?

La situation de la politique économique et le difficile redressement des finances publiques ont rendu plus sensible l'économie italienne par rapport à la stricte observance des paramètres bruxellois.  De plus, la communication calamiteuse du gouvernement Monti entre 2011 et 2013 a renforcé le sentiment eurosceptique : les italiens ont eu l'impression que les sacrifices imposée et l'augmentation de la pression fiscale ne servaient que les intérêts des institutions européennes.
Ensuite, en oubliant la parenthèse d'Enrico Letta, trop policé pour l'arène de la politique italienne, le gouvernement de Matteo Renzi ne perdit jamais l'occasion de pointer du doigt l'Union Européenne et de claironner qu'il allait se faire entendre, avec les piètres résultats que l'on connaît (notamment en termes de gestion de l'immigration).
Le résultat est que l'Italie s'aperçoit comme abandonné par l´Europe et les anciennes inimitiés avec le monde germanique, caractérisant l'histoire italienne du XIXe et XXe siècle,refont surface, savamment exploitées par les politiques de tout bord ainsi que par la presse.

En France comme en Italie, on a l'impression de retrouver des courants nationalistes proches des "régionalistes" avec une opposition entre un Nord plus anti-Europe et un Sud plus anti-immigrés. Cette analyse vous semble-t-elle juste ? Qu'est-ce qui explique cette éclatement de l'électorat de droite et d'extrême-droite sur ces thèmes ?

Je ne vois pas de différence entre Nord et Sud de l'Italie sur ces thèmes. Le problème soulevé par l'immigration incontrôlée est ressentie partout de la même façon. 
Pour revenir au thème de la droite et de l'extrême droite, je ne pense pas qu'on puisse définir la Ligue et Fratelli d'Italia comme des extrémistes, cette catégorie politique se limite à des entités mettant l'accent plutôt sur les thèmes identitaires, tels Casa Pound ou autres.
Les questions territoriales (Nord industriel opposé au Sud en récession) ne sont plus de mise après avoir été le cheval de bataille des premières années de la Ligue. Cela a par ailleurs froissé son fondateur, Umberto Bossi, qui ne s'est pas privé de critiquer Matteo Salvini. Toutefois sa position est désormais minoritaire et ne devrait pas entraver l'évolution du parti à niveau national.

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