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Je viens d'être diplômé en "parler Macron"! Et avec la mention "bien" s'il vous plaît…
©ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Youpi!

L'épreuve était rude. Complexe comme la pensée du président. Et pourtant je l'ai brillamment remportée.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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J'entends les quolibets. Les "c'est ridicule". Les "c'est grotesque, pathétique et pitoyable". Les rires gras et odieux des macronophobes. Ils ont eu entre les mains, et parcouru le "Cahier d'Eté" que La République En Marche propose à ses sympathisants. Une sorte de devoir de vacances à faire sur la plage. Et ces sans-cœurs ricanent, piétinant sans pitié aucune, la nouvelle religion que la France se doit de célébrer depuis juin dernier.

Moi, j'ai ouvert ce missel et je m'y suis plongé avec respect et modestie. Il y a dedans un test de la personnalité. "Êtes-vous capable de faire la planche dans l'eau en pensant à la loi de programmation des finances publiques?". Difficile. Impossible presque. Eh bien moi j'ai réussi! J'ai même fait mieux. Je suis capable de faire la planche dans l'eau, de regarder le ciel, et d'y voir, assis sur un nuage, Emmanuel Macron qui me couve d'un regard bienveillant et protecteur.

Epreuve encore plus difficile : l'examen du "parler Macron". Il s'agit de donner la bonne définition des mots perlimpinpin, carabistouille et bovarysme qui font – c'est dit dans le cahier - partie du vocabulaire du chef de l'Etat. Moi j'ai trouvé. Perlimpinpin s'applique aux promesses électorales du candidat Macron. Carabistouille est le qualificatif qu'on se doit d'utiliser pour parler de ses réformes. Quant au bovarysme, je suis un des rares à savoir que Macron, inspiré par Flaubert, se promène dans son bureau en répétant : "Emma Bovary, c'est moi".

Avec tout ça, j'aurai du avoir la mention "très bien". Mais je n'ai eu que "bien". A propos de Flaubert, j'avais écrit en marge de mon devoir que Macron devrait relire son "Dictionnaire des idées reçues" car ça pourrait l'inspirer pour ses prochains discours. Les examinateurs n'ont pas aimé et m'ont baissé ma note. Je dois quand même faire un reproche aux concepteurs et aux auteurs du "Cahier d'Eté".

Ils ont placé la barre très haut. Trop haut. S'adresser à des gens d'élite comme moi, c'est délicieusement aristocratique et flatteur. Mais oublier les petites gens, ceux qui ne sont rien, ceux qui dans l'apprentissage du "parler Macron" en sont aux balbutiements, c'est faire preuve d'un mépris de classe insupportable. Mais je découvre que je me suis laissé emporter en allant trop vite en besogne. En effet, il y a dans le cahier un poster à colorier! Merci d'avoir pensé au peuple.

PS : si vous croyez, alors que j'ai bossé comme un malade pour vous en rendre compte, que ce "Cahier d'Eté" est une invention du Gorafi, allez sur le site de la République en Marche…

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