Les solutions esquissées pour une juste concurrence mondiale ne sont pas à la hauteur des défis !<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Les solutions esquissées pour une juste concurrence mondiale ne sont pas à la hauteur des défis !
©

Tribune

L’Initiative Citoyenne Européenne est lancée dans 9 pays de l’Union Européenne afin d'obliger les dirigeants politiques à s’engager à appliquer une nouvelle politique commerciale commune vis-à-vis des pays tiers pour protéger le commerce européen.

Gilbert Ribes

Gilbert Ribes

Gilbert Ribes est Polytechnicien, ancien dirigeant dans l’industrie, membre du Forum Démocratique et co-organisateur de l’Initiative Citoyenne Européenne.

Voir la bio »

Les objectifs fondamentaux de l’Union Européenne -plein emploi et croissance équilibrée- ne sont pas atteints et tous les pays européens s’en éloignent, à de rares exceptions près.

Avec 23 millions de chômeurs, 80 millions de pauvres, l’explosion du travail précaire, la stagnation des salaires et du pouvoir d’achat, l’apparition de travailleurs pauvres, l’effondrement des classes moyennes et l’explosion des inégalités de revenus, la cohésion sociale et la paix sociale sont menacées.

Avec la désindustrialisation et les délocalisations massives, les surendettements publics, les déficits extérieurs de la majorité des pays européens et l’accumulation par certains pays émergents comme la Chine de réserves de change colossales, la cohésion économique et l’indépendance économique de l’Europe sont menacées.

La concurrence mondiale actuelle  entre les pays développés et certains pays émergents en est la cause principale :

  • différences radicales des normes sociales, environnementales, sanitaires et juridiques, 
  • croissance de certains pays émergents fondée sur leurs exportations au détriment de leur demande intérieure, 
  • restrictions multiples et sévères aux importations et aux investissements étrangers imposées par la plupart des pays émergents, 
  • protectionnisme monétaire pratiqué par la Chine.

Ce diagnostic est partagé par un nombre croissant d’économistes et de dirigeants politiques européens. On le retrouve en France dans la plupart des projets politiques, de l’extrême gauche à l’extrême droite, en passant par l’UMP et le PS. On le retrouve dans un projet de Rapport de la Commission du Commerce Extérieur du Parlement Européen.

Mais les solutions esquissées ne sont absolument pas à la hauteur des défis, de l’urgence et de la gravité de la situation. Face aux restrictions aux importations et aux investissements étrangers, le principe de réciprocité ne doit pas se limiter aux marchés publics. Face à l’accumulation des réserves de change et au protectionnisme monétaire des Chinois, l’appel au bon vouloir des dirigeants chinois est pathétique. Face aux différences radicales des normes sociales, environnementales, sanitaires et juridiques, il ne suffit pas de réclamer de nouvelles règles d’organisation du commerce mondial tenant compte de ces normes : il faut préciser ces nouvelles règles.

Le moment est venu pour les citoyens européens de faire entendre leurs voix pour obliger leurs dirigeants politiques à s’engager à appliquer une nouvelle politique commerciale commune vis-à-vis des pays tiers, politique qui protège les emplois, les droits sociaux et les intérêts économiques des peuples européens et qui provoque une renaissance de l’industrie européenne, condition indispensable pour retrouver le plein emploi et une croissance équilibrée.

Les enquêtes d’opinion démontrent que 2/3 des Français, mais aussi des Italiens, des Espagnols et des Allemands y sont favorables.

L’Initiative Citoyenne Européenne que nous lançons dans 9 pays de l’Union Européenne fait une proposition qui répond à ces objectifs. Pour que les candidats à l'élection présidentielle en France et aux élections nationales dans les autres pays européens s'engagent à la soutenir et pour qu'elle soit adoptée par la Commission, le Parlement et le Conseil Européens, il faut qu’elle soit soutenue par au moins un million de citoyens européens ! Plus nous aurons de signatures, plus nous aurons de chances d’être entendus. Votre avenir et celui de vos enfants en dépendent.

A l’occasion du lancement de cette l’Initiative Citoyenne Européenne, Le Forum Démocratique et l’Association Manifeste organise un débat sur le libre échange le lundi 19 Mars 2012 à 18h30 à l’Ecole de Guerre Economique (171 rue de Grenelle ,Paris 7ème, amphi Grenelle).

Pour s’inscrire, envoyer un email avec votre nom à   [email protected]

Pour mémoire, retour sur quelques citations de candidats :

"L'Europe ouverte à tous les vents, l'Europe qui ne se protège par contre les dumpings, l'Europe qui ouvre ses marchés sans exiger la réciprocité de la part de ses concurrents, l'Europe qui laisse entrer des produits de pays qui ne respectent pas les règles sociales ou environnementales, cela ne peut plus durer. L'Europe doit négocier pied à pied la défense de ses intérêts commerciaux." Discours du 1er décembre 2011 de Nicolas Sarkozy à Toulon

"L’Europe qui ouvre tous ses marchés publics quand d’autres n’en ouvrent aucun, c’est non. La réciprocité exigée ce n’est pas le protectionnisme, c’est la volonté d’une concurrence loyale entre les grands marchés du monde. Depuis 1933, l’État américain est contraint par la loi à n’utiliser que des produits fabriqués en Amérique dans les marchés publics. Depuis 30 ans, les Américains ont étendu cette obligation à tous les marchés d’infrastructures autoroutières et de transports en commun qui bénéficient de subventions gouvernementales. Alors, je pose solennellement la question, pourquoi ce que les États-Unis, pays le plus libéral du monde, s’autorisent, l’Europe se l’interdirait.  La France demandera que l’Europe se dote d’un « Buy European Act » sur le modèle du « Buy American Act ». Ainsi bénéficieront de l’argent public européen, les entreprises qui produiront en Europe. Je veux m’engager totalement dans ce combat. Si dans les douze mois qui viennent aucun progrès sérieux sur l’exigence de la réciprocité avec nos principaux partenaires n’était enregistré, alors la France appliquera unilatéralement cette règle jusqu’à ce que les négociations aboutissent." Discours du 11 mars 2012 de Nicolas Sarkozy à Villepinte

"L’Europe doit défendre dans les négociations commerciales, qu’elles soient bilatérales ou multilatérales, un principe de réciprocité. Réciprocité dans l’ouverture des marchés. Réciprocité dans les normes, notamment sociales et environnementales, qui sont appliquées. Nous souhaitons que ce principe de réciprocité dans les relations commerciales se traduise par la mise en place de « taxes réciprocité» aux frontières de l’Europe: la fiscalité sera modulée afin de corriger les phénomènes de concurrence déloyale de la part de pays n’ayant pas les mêmes normes sociales, environnementales, mais également économiques (contrôle des aides d’État...) que l’Europe. Ces «taxes réciprocité» intégreront notamment la «taxe carbone» aux frontières de l’Europe.Afin d’assurer leur conformité à l’OMC, ces taxes seront ciblées et liées à des conventions internationales identifiées (normes de l’Organisation internationale du travail, convention sur la diversité biologique, protocole de Kyoto, etc.)". Programme 2012 de l’UMP

"Je proposerai également une nouvelle politique commerciale pour faire obstacle à toute forme de concurrence déloyale et pour fixer des règles strictes de réciprocité en matière sociale et environnementale. Une contribution climat-énergie aux frontières de l’Europe viendra compléter cette stratégie. J’agirai, dans le cadre du G20, pour une parité plus équilibrée de l’euro vis-à-vis du dollar américain et du yuan chinois en proposant un nouvel ordre monétaire international". Projet présidentiel  2012 de François Hollande

"Nous proposerons à l’OMC que soient inscrites dans les règles du commerce international les normes fondamentales définies par huit conventions de l’Organisation Internationale du Travail…les normes de lutte contre le réchauffement climatique,ainsi que les normes techniques et sanitaires de protection des consommateurs européens…en cas d’échec durable des négociations sur les normes dans le cadre de l’OMC,nous augmenterons les droits de douane au niveau européen sur les produits ne respectant pas les normes internationales en matière sociale,sanitaire ou environnementale".Programme 2012 du Parti Socialiste

La Commission du commerce international du Parlement Européen "demande que l’Union Européenne propose une réforme des règles d’organisation des échanges régis par l’OMC incluant des normes contraignantes à caractère social et sanitaire,élaborées conjointement avec l’OMS, l’OIT et l’ONU". Rapport  au Parlement Européen de la Commission du commerce international du Parlement. Rapporteur: Marielle de Sarnez

Le Commissaire Européen Michel Barnier a rappelé que ses services et ceux du Commissaire au Commerce Karel De Gucht travaillaient à une proposition visant à garantir une meilleure réciprocité des pays tiers comme la Chine dans l'accès aux marchés publics. Le commissaire a qualifié la proposition dans les cartons de Bruxelles de "réaction non protectionniste", pointant sans la citer la proposition de Nicolas Sarkozy. Elle permet "d'appliquer une réciprocité sous certaines conditions et nous donne du levier vis-à-vis de nos partenaires commerciaux".  Le projet de texte de l'exécutif européen vise à limiter l'accès aux marchés publics de l'UE à des entreprises de pays extérieurs si ces derniers n'assurent pas des conditions équivalentes aux sociétés européennes candidates chez eux à des appels d'offre. [Déclaration de Michel Barnier à l’AFP]

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !