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Trump, militaires, 14 juillet, Nice : la "grande pièce de théâtre" d'Emmanuel Macron
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14 juillet

La première journée du 14 juillet d'Emmanuel Macron en tant que président de la République a été chargée. Entre le traditionnel défilé sur les Champs Elysées en présence de Donald Trump et la cérémonie commémorative de l'attentat de Nice, Emmanuel Macron a été sur tous les fronts.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Atlantico : Que retenir de cette première journée du 14 juillet qu'a vécu Emmanuel Macron en tant que président de la République entre Donald Trump sur les Champs Elysées et l'hommage rendu à Nice ? 

Eric Verhaeghe : Essentiellement qu'il s'agit d'une opération de communication qui tourne à la pipolisation excessive du 14 Juillet. On a beaucoup vu les images sur le dîner à la Tour Eiffel la veille, puis une sorte de grande pièce de théâtre le 14 juillet, commencée à Paris avec un défilé, suivie d'une signature géante d'autographes, et terminée par une séquence émotion à Nice. Le 14 Juillet, qui est une fête de l'émancipation, de la Révolution, s'est muée en une séance de neutralisation de la liberté de penser par la victoire de l'émotion. 

On peut d'ailleurs s'interroger sur l'objectif politique de ce genre d'événements. Emmanuel Macron souhaite-t-il hypnotiser l'opinion par des images grandioses mais trompeuses? Cherche-t-il à mettre en place un rideau de fumée pour détourner l'attention de l'opinion? J'en suis intimement persuadé. 

Notre président jupitérien risque-t-il  aux feux de la mise de la mise en scène de sa puissance ?

D'abord, rien ne prouve que les Français soient dupes de cette tactique. Et c'est un premier risque pour le Président: celui d'une profonde perte de crédibilité, avec le sentiment croissant d'une vacuité des images qui sont proposées, et de leur profond décalage avec la réalité du pouvoir. Prenons l'exemple de la fiscalité. Il n'est pas sûr que la séance de twist à laquelle nous avons assisté et qui n'est probablement pas finie contribue à la confiance des Français. Disons même qu'elle peut déboucher pour le Président sur un violent retour de bâton. Macron use et abuse de la technique du grand discours pompeux qui flatte le narcissisme français. Sa rhétorique finit par tourner en rond et la ficelle est plus en plus agaçante. Il s'expose en ayant trop fréquemment recours. 
Ensuite, le Président se déconnecte peu à peu de sa propre réalité. Il se mure dans un monde d'images et d'illusions où il est tout puissant. C'est le syndrome Jospin. Macron, comme Jospin, cède à la tentation de s'entourer de gens qui lui disent ce qu'il a envie d'entendre. Peu à peu, il organise le divorce entre la Président et l'opinion, et ce ne sont pas les quelques selfies ou les quelques autographes qu'il signe après ses discours qui y remédieront. La folie du pouvoir vient vite et c'est une bombe à retardement. Le coup de menton donné devant l'armée en est un symptôme. Macron n'admet pas la critique, il la déteste, la pourchasse. Et cette volonté de ne plus entendre que des paroles complaisantes est probablement aujourd'hui son premier point de risque. 

Est-ce que finalement il n'y a pas beaucoup d'images fortes mais peu de résultat ? N'est-ce pas de toute façon le but de cet exercice présidentiel ? 

L'objectif est bien de meubler le vide et de redonner un faste aristocratique au pouvoir en dissimulant l'essentiel: l'absence de stratégie durable. Il est d'ailleurs très probable que cette politique de communication soit menée sans malice. Emmanuel Macron ne pratique pas la communication faute de résultats. Il pense que l'essence même de la politique, c'est la communication fastueuse. Il me semble que le projet macronien se définit par un substrat qui est la mise en scène. En toute bonne foi, je crois que le Président considère qu'il n'est de pouvoir sans mise en scène et, qu'en France, il n'est de pouvoir efficace sans mise en scène aristocratique. Macron mesure son efficacité, sa réussite à cette aulne. De ce point de vue, ce que vous appelez les résultats lui paraissent secondaires, ou en tout cas pas plus importants que l'effet de communication. 
Non, la question me paraît de savoir s'il reste vraiment beaucoup d'images fortes. Certes, on a vu Trump sur les Champs-Élysées. Certes, on a vu des gens pleurer à Nice. Cela suffit-il à constituer "beaucoup d'images fortes"? Le grand risque pour le Président est de lasser, de banaliser le faste, et d'y rendre les Français indifférents, à force de vouloir gouverner par l'image. 

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