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Forte tête : combien de temps résistera la principauté Bayrou au sein de La République en marche ?
©JOEL SAGET / AFP

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Avec le résultat désormais très probable d'un succès écrasant de La République en marche aux élections législatives du 18 juin et après l'affaire des assistants parlementaires du MoDem, il y a fort à parier que François Bayrou ne tienne plus très longtemps son poste de garde des Sceaux.

Alexis Massart

Alexis Massart

Alexis Massart  est directeur d'Espol, école européenne de sciences politiques et sociales de l'Université catholique de Lille.

 

 

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Atlantico : Après l'épisode ayant pposé François Bayou à Radio France, sur fond d'enquête relative aux supposés emplois fictifs du modem, Edouard Philippe a déclaré "Quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen" ce à quoi le garde des sceaux à rétorqué "Chaque fois qu’il y aura quelque chose à dire à des Français, des responsables, qu’ils soient politiques, qu’ils soient journalistiques, qu’ils soient médiatiques, je le dirai".Dans quelle mesure François Bayrou peut-il se retrouver dans une situation de risques, notamment en raison de la probable large majorité que pourrait obtenir LREM ce 18 juin qui marginaliserait le MoDem ?

Christophe Bouillaud : A ce stade, nous ne pouvons pas encore parler de marginalisation du Modem ni d’ailleurs d’une crise majeure au sein de l’exécutif. L’objectif de François Bayrou est davantage de se positionner en tant que président du Modem dans une gestion de rapports de force. La perspective, si elle se confirme, d’une majorité absolue de la République en Marche dimanche prochain peut potentiellement poser des soucis au Modem. Etre un allié incontournable pour constituer une majorité parlementaire ou un allié supplétif dont, en cas de besoin, on peut se passer ne donne naturellement pas le même poids politique. Dès lors, François Bayrou entre davantage dans une dynamique de la force de la parole qui viendrait compenser un poids parlementaire finalement marginal à l’Assemblée nationale. Ce qui se joue dans cet échange entre le Premier Ministre et son Ministre de la Justice est le cadrage du niveau de liberté de parole dont pourra user le président du Modem. Des risques n’apparaîtront que si un modus vivendi n’est pas admis par les différents protagonistes.

Quelles sont les tensions existantes dans la majorité actuelle, à l'égard de François Bayou et du Modem ? Quels sont ceux qui pourraient avoir intérêt à écarter François Bayrou ? ​

Les tensions relèvent de deux lectures opposées de l’apport de chacun dans l’élection présidentielle et dans les législatives. Du côté du Modem il y a une tendance à facilement penser que François Bayrou « a fait » l’élection d’Emmanuel Macron. Ce qui naturellement est exagéré. François Bayrou ne s’est retiré de la compétition que lorsqu’il a été admis que ses propres chances étaient inexistantes, et ce avant tout par le succès croissant de la stratégie d’Emmanuel Macron. L’apport n’est certes pas négligeable mais pas forcément autant qu’on peut le penser au Modem. Du côté de la République en Marche, l’analyse vaut davantage sur les élections législatives qui vont permettre très certainement au Modem d’avoir non seulement des députés au Palais Bourbon mais également un groupe parlementaire, et ce grâce à l’élan qui suit l’élection présidentielle. On voit bien que chacun a dès lors sa propre lecture des échéances électorales, situation assez classique de gestion des rapports de force.

Ceci étant, au sein de la majorité présidentielle personne n’a intérêt à voir éclater cette alliance. L’opposition aurait alors un boulevard pour développer ses critiques.

Inversement, quel serait le risque pris par Emmanuel Macron d'écarter François Bayrou ? Quel pourrait être le pouvoir de nuisance du président du Modem à l'égard du Président ? 

Francois Bayrou a à plusieurs reprises démontré qu’il avait un pouvoir de nuisance. Il n’y a donc aucun intérêt immédiat pour Emmanuel Macron de se séparer de François Bayrou. Ecarter le Président du Modem, et donc le Modem dans son ensemble par voie de conséquence, donnerait une image beaucoup trop monolithique pour le parti du Président et viendrait casser le positionnement de rassembleur qu’Emmanuel Macron a cherché à développer. Le risque principal serait donc d’altérer très rapidement l’image du nouveau Président de la République.

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