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Sociologie des Législatives : les Français qui ont voté pour le raz de marée LREM ne sont pas n'importe qui...
©Reuters

Premier tour

Comment expliquer la déroute totale du Parti Socialiste et du Front National au premier tour des élections législatives ainsi que la razzia d' "En Marche !" : la réponse se trouve dans la sociologie du corps électoral.

François Kraus

François Kraus

François Kraus est Directeur des études politiques au département Opinion de l'Ifop.

 

 

 

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Atlantico : Qui est la France qui a voté ? Quelles leçons de cette sociologie du vote ? 

François Kraus : Nous avons conduit à l'IFOP un sondage le jour du vote auprès de 2000 électeurs. Ce qu'il y a de plus intéressant c'est la démobilisation assez nette à gauche et à l'extrême droite. Sur 50% de participation vous avez 40/45% des électeurs de la France insoumise ou du Parti Socialiste qui se sont déplacés, donc moins de la moyenne.

A l'inverse on a une mobilisation des électeurs qui ont le plus intérêt à aller voter, c’est-à-dire ceux d'Emmanuel Macron. 

Il y a également une bonne mobilisation des électeurs de droite qui s'explique par leur âge et leur niveau socio-culturel plus élevé que la moyenne. Dans notre enquête on voit qu'il y a moins d'un quart des électeurs de moins de 25 ans qui se sont déplacés. Nous sommes sur un score qui est très net et cela confirme la tendance de fond en France qui est que les personnes plus âgées sont plus mobilisés pour aller voter. C'est évidemment favorable à l'électorat de droite et aussi à celui de Macron qui bénéficie d'une bonne cote de popularité auprès des personnes âgées, notamment des femmes. Ces personnes sont généralement imperméables aux discours des extrêmes qu'ils soient de droite ou de gauche. Cela dépend des catégories sociales mais généralement lorsque l'on est âgé on a une sensibilisation politique qui est plus ancienne, un capital qui fait que l'on n'est pas sensible au changement, on attache beaucoup d'importance au contrôle des déficits, de la dette de la rémunération des retraites et à la sécurité. Cet ensemble crée généralement une sensibilité de droite ou de centre-droit.

Les jeunes sont la catégorie de l'électorat qui se mobilise le moins dans toutes les élections. Aux présidentielles, il y avait une bonne participation des jeunes en faveur de Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen et pour les plus diplômés pour Emmanuel Macron. Au contraire à cette élection la fiable mobilisation de la jeunesse se fait au détriment du vote pour Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen. France insoumise perd 11% et le Front National passe de 21 à 13/14).

Les résultats d'hier soir sont principalement liés à ce que l'on appelle l'abstention différenciée qui a beaucoup joué en défaveur des partis de gauche et d'extrême droite. Cette démobilisation est surtout politique. L'argument mis en avant par les abstentionnistes du FN, c'est qu'à leurs yeux le vote n'était pas vraiment utile car le choix des Français s'est déjà exprimé pendant l'élection présidentielle. Ils ont le sentiment que cela ne vaut pas le coup d'aller voter pour rajouter un candidat ou deux à l'Assemblée car de toute manière ils ne gagneront pas. Une partie des électeurs s'est mobilisé pour éviter la majorité annoncée à "En Marche !" mais ce n'est pas extrêmement porteur contrairement à des situations où le résultat est incertain et où ils ont le sentiment que leur voix compte. Dans les conditions annoncées du scrutin globalement la démobilisation semblait évidente.

Concernant les catégories professionnelles on peut déjà noter une constante. Ce qu'a montré le second tour de l'élection présidentielle c'est qu'il y a un clivage que l'on retrouve aux législatives en fonction du capital socioculturel, le niveau scolaire, le sentiment que l'on a d'être un gagnant ou un perdant de la mondialisation… 

Pour le vote en fonction des traditions familiales nous sommes dans quelque chsoe d'assez déstructuré. Traditionnellement dans les familles de droite on vote à droite, dans les familles communistes on vote communiste mais avec l'apparition du phénomène Macron qui est un phénomène nouveau,  on ne retrouve plus forcément ce genre de filiations.  D'autant plus que le nouveau président  constitue un vote "attrape tout". Un jeune d'une famille de gauche peut voter Macron sans forcément être en rupture avec sa famille, de même pour un jeune d'une droite traditionnelle qui peut voter "En Marche !" sans forcément avoir le sentiment d'être en rupture.

On peut dire la même chose avec France insoumise qui est malgré tout un mouvement nouveau qui a pu capter le vote du PS. 

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