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De quelle couleur est le macronisme ?
©Reuters

Arc-en-ciel

Dans moins de dix jours, une nouvelle majorité s’installera à l’Assemblée nationale. Si elle sera probablement en faveur d'Emmanuel Macron, cela ne signifie pas que tout sera simple pour le nouveau président.

Bruno Cautrès

Bruno Cautrès est chercheur CNRS et a rejoint le CEVIPOF en janvier 2006. Ses recherches portent sur l’analyse des comportements et des attitudes politiques. Au cours des années récentes, il a participé à différentes recherches françaises ou européennes portant sur la participation politique, le vote et les élections. Il a développé d’autres directions de recherche mettant en évidence les clivages sociaux et politiques liés à l’Europe et à l’intégration européenne dans les électorats et les opinions publiques. Il est notamment l'auteur de Les européens aiment-ils (toujours) l'Europe ? (éditions de La Documentation Française, 2014) et Histoire d’une révolution électorale (2015-2018) avec Anne Muxel (Classiques Garnier, 2019).

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Cette note a été initiallement publiée par BVA

Nous voici donc parvenus à la toute fin de l’incroyable séquence électorale de 2017. Cette séquence fut longue : c’est il y a un peu plus de sept mois que François Hollande renonçait à se (re)présenter, quelques jours après la victoire de François Fillon à la primaire de la droite et du centre. Elle fut particulièrement intense et riche en événements, donnant  à certains moments le sentiment d’une course folle rythmée par les « affaires », le « dégagisme », l’ampleur de « l’indécision », la « marche » irrésistible d’Emmanuel Macron vers l’Elysée, la fracture entre « France optimiste » et « France pessimiste », la « recomposition » politique, autant des mots clefs qui resteront comme les marqueurs de cette élection. 

Dans moins de dix jours, une nouvelle majorité s’installera à l’Assemblée nationale. Tout semble indiquer qu’Emmanuel Macron et Edouard Philippe disposeront d’une majorité, sans doute large. Le champ de bataille des élections législatives aura pour certains (sans doute le PS) des allures d’Azincourt : une partie de la chevalerie de notre vie politique va rester sur le carreau. On comptera les victimes par dizaines et pour certaines personnalités, cela signera la fin de leur vie politique.

L’amplitude de la victoire de la République en marche va sans doute l’inscrire parmi les grandes victoires électorales de l’histoire politique récente de notre pays : on comparera cette victoire aux vagues « rose » de 1981 (lorsque le PS obtenait 285 des 491 sièges de députés de l’époque soit 58% des sièges après avoir obtenu 36.03% des suffrages exprimés au premier tour) et « bleue » de 1993 (lorsque le RPR et l’UDF obtenaient respectivement 257 et 215 sièges sur 577, soit 81.8% des sièges avec 20.39% et 19.08% des exprimés). 

Ces précédents historiques posent une intéressante question : triompher à la manière d’une armée invincible et dominer la vie politique est-il si bon pour celui qui a engrangé tant de succès et vis-à-vis du bon fonctionnement de la démocratie ?

Le « veni, vedi, vici » des Romains semble effectivement bien s’appliquer à Emmanuel Macron, pour le moment. Mais on se rappelle que les élections législatives de 1986 imposèrent à François Mitterrand une cohabitation « de choc » avec Jacques Chirac et que la dissolution de 1997 mis fin à la « chambre bleue » de 1993, imposant à ce même Jacques Chirac une cohabitation avec Lionel Jospin, la future victime du « 21 avril 2002 ». Par ailleurs, il existe un angle mort particulièrement nocif pour le parti ou la coalition électorale qui domine très largement : c’est l’oubli de l’acte fondateur de cette domination, le score du premier tour de la présidentielle qui permet la qualification au second tour puis la victoire et ses conséquences en chaine. Or, au premier tour de la présidentielle le candidat d’En Marche n’avait totalisé « que » 24.01% des votes exprimés…

Certes, la victoire écrasante du second tour a créé une nouvelle situation, porteuse de sa propre dynamique, mais cet angle mort nous rappelle que même si les candidats de la République en Marche arrivent en (sur)nombre à l’Assemblée nationale, le pays n’est pas nécessairement totalement acquis aux réformes qui seront mises en œuvre. 

La fin de la séquence électorale de 2017 va donc marquer le début d’une nouvelle période qui va progressivement devenir de moins en moins politique et de plus en plus sociologique et socio-économique. Car réformer cela veut dire faire des perdants…

Au fait, quel code couleur allons-nous utiliser pour parler de la nouvelle Assemblée ? Et de gauche (rose), et de droite (bleu), cela donne une couleur qui tend vers le mauve ou le violet. On sait depuis les travaux de Michel Pastoureau que les couleurs ont une histoire et celle de ces deux couleurs est riche en significations et interprétations diverses. Parmi celles-ci, certains soutiennent que ces couleurs sont celles de la douceur et du rêve, ayant des vertus apaisantes… A voir…

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