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Education : revenir sur la réforme des collèges c’est bien, savoir par quoi la remplacer, ce serait mieux
©Reuters

NVB

Jean-Michel Blanquer, nouveau ministre de l'Education nationale souhaite revenir sur la réforme des collèges menée par Najat Vallaud Belkacem. Sans pour autant savoir par quoi la remplacer.

Jean-Paul Brighelli

Jean-Paul Brighelli

Jean-Paul Brighelli est professeur agrégé de lettres, enseignant et essayiste français.

 Il est l'auteur ou le co-auteur d'un grand nombre d'ouvrages parus chez différents éditeurs, notamment  La Fabrique du crétin (Jean-Claude Gawsewitch, 2005) et La société pornographique (Bourin, 2012)

Il possède également un blog : bonnet d'âne

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Atlantico : En 2015, la réforme des collèges menée par Najat Vallaud Belkacem avait provoqué une vive polémique au sein du pays. Fraîchement arrivé au ministère de l'éducation, Jean Michel Blanquer s'apprête à revenir sur cette réforme, entraînant des effets dès cette rentrée 2017, notamment sur la question de l'autonomie. Concrètement, quels seront les effets de cette "révision" de la réforme des collèges ? En quoi est elle opportune ? 

Jean-Paul Brighelli : Avant tout, il s'agit de se réconcilier avec les enseignants,qui à 80% n'ont jamais adhéré à cette réforme. C'est aussi la raison pour laquelle Blanquer s'est empressé de recevoir tous les syndicats, l'un après l'autre — et pas seulement, comme le faisait NVB, ceux qui étaient susceptibles de lui cirer les pompes. Par ailleurs, il n'est pas très difficile de revenir sur une réforme qui a beaucoup de mal à se mettre en place. Enfin, j'ai cru comprendre qu'il ne revenait pas au statu quo ante, mais qu'il suggérait des accommodements, établissement par établissement.

Il y a peu de risque politique. Du côté des parents, par exemple, la FCPE était profondément divisée, avec une direction qui allait dans le sens de la réforme et une base qui ne l'a jamais approuvée. Revenir sur l'éradication du latin et des classes bilangues est peu coûteux financièrement, puisque les enseignants sont toujours là, et que la demande existe.

Cette révision est elle suffisante ? Quels seraient les priorités à prendre en compte par le nouveau ministre de l'éducation pour une véritable réforme du collège français ? 

Vous avez raison : effacer une mauvaise réforme ne change rien au fait que primaire et secondaire marchent sur la tête. Par exemple, dire que l'on va mettre l'accent sur l'apprentissage du français, que l'on va dédoubler les CP dans les établissements les plus déshérités ne suffit pas. Encore faut-il, par exemple, modifier la façon dont on apprend à lire et à écrire, et en finir avec des méthodes létales appliquées sur ordre depuis trente ans — non pas la méthode globale, qui n'a jamais été utilisée, mais la méthode idéo-visuelle enseignée jadis dans les IUFM et désormais dans les ESPE. IL faut en revenir à une méthode alpha-syllabique, dont on sait qu'elle est la plus efficace. Les manuels existent, par exemple ceux du GRIP. 

C'est finalement la formation des maîtres qu'il faut reprendre sérieusement en main. Le pédagogisme est un cancer qui a envahi peu à peu toutes les branches de la formation. Il faut en finir avec des gens qui nous envoient dans le mur, et qui accélèrent encore. Et la méthode Montessori, très gourmande en personnels, ne peut être une solution globale, quelles que soient les tentations aujourd'hui.

Comment cette révision est elle perçue par les professionnels de l’éducation nationale ? Le ministère peut il se contenter de retirer la réforme de Najat Vallaud Belkacem, sans proposer un nouveau contenu ? 

Dans l'immédiat, ce sont des effets d'annonce. Le ministre attend les élections, comme tout le monde, afin d'avoir les coudées franches. Quel qu'en soit le résultat, il y survivra — c'est un professionnel reconnu, qui arrive du cabinet Chatel où il était le patron de la DGESCO. Les décisions réelles seront prises pendant l'été, et à la rentrée.

Sur la question de l'autonomie des établissements, par exemple, le ministre sait bien qu'il faut y aller avec d'infinies précautions. Nous ne sommes pas l'Angleterre et ses "free schools", ni l'Amérique est ses "charter schools". Tout modèle importé se cassera les dents en France — d'autant que le syndicat des chefs d'établissement est par exemple hostile à une réforme qui donnerait aux principaux de collège ou aux proviseurs le droit de recruter les enseignants. Il faut inventer un modèle français qui se tienne.

Et dans un tout premier temps, je serais par exemple très favorable à une revivification des "internats d'excellence", mis en place par Blanquer sous l'ère Chatel. Il y a des milliers d'élèves qu'il faut décontextualiser et reprendre en main — le principal problème est de faire revenir l'ordre et le silence dans les classes, afin de remettre tout le monde au travail.

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