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Le top 3 des secteurs industriels
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Déclin ?

En dépit d'une activité économique ralentie, les États-Unis ont quand même pu compter sur le dynamisme de leur industrie manufacturière. Qu'en est-il pour la France ? Nettement moins compétitive sur ce terrain, elle peut encore compter sur les biens d'équipement, les trains et l'agroalimentaire.

Jean-Louis Levet

Jean-Louis Levet

Jean-Louis Levet est économiste.

Son dernier livre est Réindustrialisation j'écris ton nom, (Fondation Jean Jaurès, mars 2012).

Il est également l'auteur de Les Pratiques de l'Intelligence Economique : Dix cas d'entreprises paru chez Economica en 2008 et GDF-Suez, Arcelor, EADS, Pechiney... : Les dossiers noirs de la droite paru chez Jean-Claude Gawsewitch en 2007, et de Investir : une urgence absolue pour la France et l'Europe à télécharger chez la Fondation jean Jaurès (en libre téléchargement).

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Avec la  crise financière puis économique de 2007-2008, c’est le grand retour de la question industrielle dans le débat national. Sans industrie, nos élites ont enfin pris conscience que l’avenir de l’économie française et de ses emplois était fort compromis. Prise de conscience bien tardive, pour un pays qui connaît un processus de désindustrialisation massif depuis plusieurs décennies, à l’image de la Grande-Bretagne et des États-Unis. L’industrie manufacturière française (industrie au sens strict) ne représente ainsi plus que 15% de la valeur ajoutée nationale, soit moitié moins que celle de l’Allemagne, moins que celle de l’Italie (23% en 2008) et au même niveau désormais que celle de la Grande-Bretagne. Resituons la France dans le contexte européen, où elle réalise l’essentiel de ses échanges extérieurs (à près de 70%).

L’industrie française occupe désormais une position intermédiaire, entre d’un côté les États du nord de l’Europe (Scandinavie, Finlande, Allemagne, Autriche) qui ont fondé leur croissance sur les activités industrielles, la maîtrise des coûts, un fort investissement dans la recherche (3% en moyenne du PIB) et l’éducation et de l’autre, les pays du sud, avec l’Espagne focalisée sur l’immobilier et le tourisme de masse, la Grèce sur les services domestiques à faible valeur ajoutée et à salaires bas, l’Italie, qui bien que possédant encore un tissu dense de PME (petites et moyennes entreprises) désinvestit dans la recherche. Ces caractéristiques nationales de spécialisation sectorielle exposent plus ou moins les pays aux aléas de la demande mondiale.

Dans le cas français, on observe un affaiblissement de la position extérieure, avec ses faiblesses bien connues : moindre ouverture internationale de ses PMI (petites et moyennes industries), forte dépendance des PME sous-traitantes aux donneurs d’ordre abusant souvent à leur égard de leurs positions dominantes, faible dynamique globale de l’investissement et de l’innovation, et donc plus grande dépendance à l’égard de la variable du coût du travail. En effet, moins une industrie est innovante, plus elle est sensible à une augmentation du coût du travail, désormais équivalent à celui de l’Allemagne, après avoir été inférieur de près de 20% au début des années 80.

La crise met en lumière cette insuffisante inadaptation de la spécialisation industrielle française héritée des Trente glorieuses, encore trop concentrée sur des secteurs comme l’automobile et pas assez sur les secteurs de haute technologie et sur des activités très créatrices, et ce quel que soit le domaine. En outre, les industries de haute technologie (aéronautique, espace, énergie) sont trop dépendantes de la demande publique ou de facteurs géopolitiques aléatoires (voir les difficultés depuis de nombreuses années pour Dassault par exemple à vendre aux États son avion de combat le Rafale). Ainsi, entre 1995 et 2007, la part des produits importés dans la demande intérieure de produits manufacturés a progressé de plus de 50%, soit deux fois plus rapidement qu’en Allemagne. Ce qui signifie une adaptation insuffisante de l’offre industrielle française à l’évolution quantitative et qualitative de la demande interne et mondiale.


Regardons en effet de plus près la structure de la balance commerciale de l’industrie manufacturière française, qui, redevenue excédentaire à la fin des années 1980, devient déficitaire depuis le début des années 2000, pour atteindre un déficit de 32 milliards en 2010 et de 42 milliards en 2011 (pour les raisons évoquées précédemment, renforcées par la crise).  Au cours de cette dernière décennie, notre balance reste légèrement excédentaire dans nos deux principaux points forts : les industries des biens d’équipement d’une part (en gros entre 6 et 10 milliards d’excédents sur la période), avec surtout l’industrie aéronautique, notre première industrie exportatrice (11% des exportations en 2010, avec un excédent de 18 milliards d’euros), mais aussi l’activité ferroviaire, la troisième mondiale en chiffres d’affaire après celles de la Chine et de l’Allemagne ; d’autre part les industries agricoles et alimentaires ( autour de 6 milliards en moyenne au cours de la même période). Elles sont d'ailleurs le deuxième contributeur de notre balance commerciale et la seconde industrie dans ce domaine en Europe derrière l’Allemagne, dont on n’oublie d’ailleurs cette caractéristique de notre voisin.

Les industries de biens de consommation et des biens intermédiaires demeurent largement déficitaires (autour aujourd’hui respectivement de 10 et 13 milliards d’euros). Quant à l’industrie automobile, autre point fort historique de l’industrie française, elle connaît désormais, depuis 2008,  un déficit commercial qui atteint 3 milliards d’euros en 2010.

Ce constat global, limité à l’industrie manufacturière (au-delà bien sûr de la grande diversité des situations selon les activités et les entreprises), doit cependant non pas nous pousser à baisser les bras mais bien au contraire à faire du développement industriel et plus largement entrepreneurial une priorité nationale. L’emploi (en particulier des plus fragiles, les jeunes, les femmes, les seniors, les moins qualifiés) et le niveau de ressources de nos concitoyens en dépendent pour une large part.

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