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Passation de pouvoir : Emmanuel Macron ou le retour affiché de l'autorité
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Oui, chef !

Au cours de la cérémonie d'investiture, Emmanuel Macron a su montrer qu’il savait se placer au-dessus des partis pour adopter une qualité d’arbitre, aptitude faisant cruellement défaut au sommet des institutions depuis de nombreuses années.

Jacques Charles-Gaffiot

Jacques Charles-Gaffiot

Jacques Charles-Gaffiot est l'auteur de Trônes en majesté, l’Autorité et son symbole (Édition du Cerf), et commissaire de l'exposition Trésors du Saint-Sépulcre. Présents des cours royales européennes qui fut présentée au château de Versailles jusqu’au 14 juillet 2013.

 

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De l’empyrée, Jupiter a su retenir ce matin les cataractes qui s’étaient répandues sur le malheureux François Hollande qui, voici cinq ans, remontait en voiture découverte les Champs-Elysées pour honorer le Soldat inconnu qui sommeille sous l’Arc de Triomphe.

Tandis que sur la glèbe, de gauche comme de droite, les Français retenaient leur souffle pour mieux déchiffrer les premiers pas accomplis par un successeur fringant, qui, aux yeux de beaucoup, risquait d’apparaître inexpérimenté, et peut-être même maladroit, engoncé dans un costume présidentiel, taillé peut-être trop grand pour lui.

L’investiture de ce dimanche (du latin médiéval investio signifiant étymologiquement couvrir d’un vêtement) a été sans conteste réussie. Cultivé et policé, le nouveau président a su utiliser les principaux ressorts que les convenances protocolaires ont fixé depuis des centaines de lustres pour rendre plus symbolique l’instant solennel de la dévolution du pouvoir. Cette sage prudence observée par Emmanuel Macron est d’autant plus notable que la tradition républicaine de la Ve République ne fixe aucune règle précise en la matière, offrant ainsi en ce domaine à chaque titulaire de la charge suprême une liberté presque entière.

A lire également sur notre site : "Tentation autoritaire : La République En Marche... vers le 3e Empire ?"

A la suite des deux derniers quinquennats, plusieurs écueils devaient être évités.

La cérémonie devait tout d’abord dessiner sans ambiguïté la stature du personnage public investi de la fonction présidentielle, silhouette qui s’était fortement altérée en dix ans. Il convenait, en effet, d’éviter toute confusion avec la sphère privée du personnage même si des contacts furtifs pouvaient être tolérés, voire même attendus. Brigitte Macron a su demeurer un spectateur secondaire de cette liturgie civique, se cantonnant dans son rôle d’épouse du chef de l’Etat. Elégante, elle a joué son rôle dans une parfaite discrétion et sobriété qui tranchèrent avec l’attitude observée par une Valérie Trierweiler omniprésente qui tint, par exemple, à saluer aux côtés de son compagnon, les représentants des corps constitués et la foule des personnalités conviées.

Il convenait ensuite de montrer que le nouveau président avait su tirer leçon des reproches formulés à la suite de la réception donnée à la Coupole le soir du 22 avril. Nul représentant, semble-t-il, de l’industrie du divertissement ou des médias ne figurait parmi les invités conviés dans la Salle des fêtes de l’Elysée. Place de l’Etoile, également, Emmanuel Macron ne s’est livré à aucun selfie. L’heure était à la gravité et non à la frivolité. Dans une simplicité authentique, il s’est livré à un double bain de foule, accordant une attention particulière à chacun.

Le nouveau président devait aussi incarner la longue continuité aux très lointaines origines de ses devanciers. En saluant l’œuvre constructive accomplie par chacun de ses prédécesseurs, il a su montrer qu’il savait se placer au-dessus des partis pour adopter une qualité d’arbitre, aptitude faisant cruellement défaut au sommet des institutions depuis de nombreuses années. Le nouveau président sut également incarner une certaine spécificité française en renonçant, par exemple, à céder aux usages si en vogue par delà l’Atlantique : ainsi, à la différence du geste qu’il avait accompli au soir du 7 mai dernier, on ne le vit pas porter la main le cœur en entendant l’hymne national.

Sans faute, un minutieux ballet s’est donc déroulé tout au long de la journée, mêlant les instants de gravité et de solennité aux gestes chaleureux, tout en préservant le nouveau titulaire de familiarités intempestives, d’apartés malvenues, et de tout ce qui pourrait recouvrer d’accommodements malencontreux.

Sans conteste, le président d’En Marche ! a su aujourd’hui accomplir un grand pas (qu’il aura sans doute encore renouveler) : restaurer l’autorité du chef de l’Etat.

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé régulièrement les accointances d’Emmanuel Macron avec la grande finance ! Vingt-quatre heures après, il faut le reconnaître, la banque Rothschild est aussi un singulier pôle d’excellence : elle a su mettre à l’étrier deux de nos deux (grands ? – l’histoire nous le dira) chefs d’Etat. 

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