Des effets psychologiques de grandir avec un prénom extrêmement commun<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Style de vie
Des effets psychologiques de grandir avec un prénom extrêmement commun
©

Effet de mode

Certains prénoms comme Sarah, Nicolas, Julie ou Pierre sont très répandus dans la société. Cela peut ne pas être une mauvaise chose dans la vie d'un enfant. Avoir un prénom classique peut être un avantage pour trouver un travail.

Stéphanie Rapoport

Stéphanie Rapoport

Stéphanie Rapoport est l’auteur de l'Officiel des prénoms ainsi que d’autres publications sur les prénoms. Elle anime le site meilleursprenoms.com.

Voir la bio »

Atlantico : De nombreux parents souhaitent donner à leurs enfants des prénoms qui leurs permettent de se distinguer. Certains d'entre-eux comme Sarah, Nicolas, Pierre et Marie sont très répandus. Quel est l'effet psychologique que procure le fait de porter un prénom courant ? 

Stéphanie Rapoport : Effectivement, il y a un phénomène de singularisation dans les choix de prénoms qui reflète la société individualiste et compétitive dans laquelle nous vivons. Les porteurs de prénoms très répandus, qu’ils soient d’origine biblique (Jean et Marie sont les deux prénoms les plus portés en France aujourd’hui) ou non, se sentent forcément moins « uniques » que ceux qui ont un prénom original ou peu commun. D’autant que pour les différencier les uns des autres, on doit associer à leurs prénoms leurs noms de famille. Pour autant, les Marie, les Jean, les Jade et les Enzo qui ont été élevés dans des familles aimantes se plaignent rarement de leurs prénoms au point de vouloir en changer. D'autant que le fait de porter un prénom courant peut avoir des avantages. Ainsi, les parents qui attribuent un prénom rare ou original à leur enfant nourrissent plus souvent des attentes élevées quant à leur réussite sociale. Des attentes qui peuvent être difficiles à gérer à l’adolescence. Or les porteurs de prénoms répandus subissent généralement moins cette pression familiale. Ils ne ressentent pas autant le besoin de se singulariser et sont plus libres de faire des choix personnels, en cohérence avec eux-mêmes. Ils ont un autre privilège : comme le montrent de nombreuses études, les porteurs de prénoms répandus inspirent davantage confiance qu’un prénom peu connu.

Dans les années 1990, l'arrivée de sitcoms américaines a vu une vague de prénoms directement inspirés des noms personnages de ces séries. Dans quels cas et pourquoi avoir un prénom plus conventionnel peut-être meilleur pour l'enfant ?

Les années 1990 ont été propices à l’explosion d’un certain nombre de prénoms issus de séries américaines. Comme Kevin, qui a été propulsé au premier rang des attributions en France de 1989 à 1994. Mais ce prénom, qui a beaucoup plu aux classes modestes et populaires, a été victime de son succès : aujourd’hui, un Kevin sur un CV français donne, à la seule vue du prénom, l’indication d’une origine sociale populaire. Par contraste, un prénom conventionnel reflète davantage le type de choix que font les parents dans les milieux plus favorisés. Les prénoms traditionnels échappent ainsi aux stéréotypes négatifs qui affectent le prénom Kevin.

L'article cite le cas de migrants Européens qui se sont installés aux Etats-Unis au début du 20ème siècle. Pourquoi les parents peuvent être amenés à donner des prénoms à consonance étrangère ? 

La Grande Famine des années 1840 a fait émigrer des milliers de familles irlandaises en Grande-Bretagne et aux États-Unis… Ces familles ont tout quitté pour ces terres d’accueil, et nombre d’entre elles ont voulu attribuer des prénoms irlandais à leurs enfants afin qu’ils n’oublient jamais le pays d’origine de leurs parents. C’est ainsi que le prénom Liam, qui connaît un certain succès en France aujourd’hui, s’est exporté aux États-Unis.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !