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 La droite a-t-elle les talents et les idées pour être à la hauteur du Big Bang de la présidentielle 2017
©DAMIEN MEYER / AFP

Bof bof

Rebondir après la défaite, c'est l'objectif des Républicains. Pourtant, difficile de partir sur des bases solides quand les têtes ont été coupées et que les idées sont mises à mal par la concurrence, notamment celle du nouveau président. Difficile de retrouver un nouvel élan... mais la droite à une ébauche de plan.

Tristan Quinault-Maupoil

Tristan Quinault-Maupoil

Tristan Quinault-Maupoil est journaliste politique au Figaro.fr. 

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Atlantico : La droite est-elle capable de proposer quelque chose qui soit à la hauteur du marasme qu'a représenté pour elle cette élection présidentielle ?

Tristan Quinault-Maupoil : Deux questions sont posées à la droite : celle du projet et celles des personnalités qui le porteront. Pour ce qui est des personnalités, il est vrai que la droite a une certaine difficulté à se renouveler et à présenter des personnages nouveaux. Bruno Le Maire en a fait le constat à la primaire, et il en a été de même pour Nathalie Kosciusko-Morizet, et pourtant ils sont déjà dans la vie politique depuis un certain nombre d'années. Ces candidats qui se présentaient comme ceux du renouveau ont fait un score très faible (de deux et quelques pour cent chacun). Cela s'explique en partie par le fait que l'électorat de droit privilégie des personnalités qui sont des compétences, une expérience.

Toutefois on constate que plusieurs ténors LR on dédicé de quitter l'Assemblée. Et ce depuis les régionales de 2015. Quasiment à chaque ce sont des trentenaires qui ont pris le relai. Ils sont encore inconnus mais c'est de là début d'un renouvèlement par la base.

Pour ce qui est des idées, elle a la capacité à parler de certains sujets « modernes ». On l'a vu lors de la primaire, par exemple avec la question de l'économie numérique qui occupait une place importante chez un certain nombre de candidats. On aborde une nouvelle phase avec l'élection d'Emmanuel Macron. On va voir lors des législatives si la droite est à la fois capable de porter un projet qui est nouveau et des personnalités nouvelles. Il est évidemment très compliqué d'inventer un nouveau projet en un mois de temps. Et il est difficile également de trouver des nouvelles figures pour leur faire porter un projet dans le même laps de temps. Et dans tous les cas, il sera difficile de rivaliser sur ce point avec la situation incroyable que devrait proposer Emmanuel Macron et son mouvement.

Comment malgré ce scénario idéal pour le nouveau président et malgré le « traumatisme » de la candidature Fillon, la droite peut-elle malgré tout encore mobiliser ?

On peut être tenté de dire que face à un candidat de la République qui a 39 ans, il faut essayer de le concurrencer sur le terrain du jeunisme ou de la modernité – qui est parfois une fausse modernité – dans une forme de course à l'échalote. Il est vrai que le désir d'alternance et de renouvellement existe à droite. Mais la droite a payé l'échec de François Fillon. Son échec personnel (celui des affaires) mais aussi celui d'un projet qui regardait trop vers l'électorat de droite et pas assez vers l'extérieur. Mais quand on regarde les sondages d'hier soir, on observe qu'il existe un souhait de cohabitation. Emmanuel Macron n'a donc pas élu parce qu'il est jeune : il a été élu parce qu'il y a eu un certain nombre d'alignement de planètes en sa faveur. Son élection n'est pas une prime à la modernité. Évidemment au sein de son électorat, cela a marché, mais la solution pour le concurrencer, cela ne serait pas le copier et envoyer quelqu'un de plus jeune que lui. Il faut faire quelque chose de cohérent, c'est ce que revendique le programme de François Baroin : c'est à la fois une partie du programme de François Fillon et à la fois des mesures qui ont fait le succès de la droite comme les heures supplémentaires défiscalisées. Ce n'est pas simplement tout réinventer de A à Z. Les électeurs de droite sont toujours là, ils attendent d'être rassurés, car ils ont été désorientés lors de la présidentielle par François Fillon.

Construire la stratégie des Républicains sur les faiblesses d'Emmanuel Macron (sa jeunesse, sa difficulté à rassembler une majorité, son manque d'expérience) n'est-il pas insuffisant par rapport à ce que la droite attends de ses représentants aujourd'hui ? La droite ne doit-elle pas se constituer en opposition sur des bases plus solides ?

Oui certainement, mais l'élection est dans un mois et cela sera beaucoup trop court pour tire les conséquences de cet échec, pour constituer un nouveau programme et une nouvelle équipe. Pour l'instant, c'est plutôt un état de fait : on regarde quelles sont les forces en présences, et il faut faire avec. La droite aura sûrement besoin de se réinventer, mais d'ailleurs comme tous les partis politiques aujourd'hui, à la fois le Parti Socialiste qui sort essoré de cette présidentielle, mais y compris le Front National qui a montré ses limites. Tous les partis donc y compris les Républicains vont devoir trouver de nouvelles solutions. Mais pour les législatives, c'est sans doute trop tard. Il faut aussi concernant la droite prendre une donnée que l'on ne dispose pas encore : c'est de savoir s'il y aura des personnalités de droite, et si oui combien qui rentreront au gouvernement. Parce que forcément cela peut changer la donne. Certains noms circulent déjà, et cela pourrait rebattre quelques cartes.

Sur qui et sur quelles idées la droite peut-elle aujourd'hui être un parti opératif en vue de la bataille des élections législatives ?

C'est déjà plutôt acté : François Baroin a été désigné pour mener la bataille des législatives pour son parti demain. Il n'est pas si jeune que cela, mais les électeurs ont étonnement cette image de lui, le comparant même à Harry Potter ! Mais ce n'est pas un candidat septuagénaire que l'on voit depuis quarante ans. Il peut être une première réponse. Parmi les autres personnalités, c'est assez compliqué. On sait qu'Eric Woerth est chargé de composer le projet, comme il l'avait déjà fait en 2012 pour Nicolas Sarkozy et pour les Républicains au moment où ce dernier avait repris la présidence. Il n'est pas un gage d'originalité, mais un gage de sérieux et de clarification. Car si de fait Emmanuel Macron a été élu, nombreux sont ceux qui reconnaissent qu'il est flou sur de nombreux points et de nombreuses propositions. La carte peut jouer la carte d'un projet clair et défini.

Pour ce qui est des thèmes de la droite, on en saura plus la semaine prochaine. Elle ne voudra pas perdre du terrain sur les thèmes sur lesquels Macron l'attaque. Par exemple sur les heures supplémentaires défiscalisées que propose Macron et qu'avait abandonné Fillon. La droite va reprendre cette mesure qui est une mesure catégorisée à droite. Il s'agit de marquer son territoire. La droite va aussi devoir s'occuper de sécurité. C'est le deuxième centre d'intérêt de la droite lors de cette élection, et là encore la droite a un message connu et ancien à porter. Elle a des personnalités qui portent ce message-là, par exemple Eric Ciotti ou d'autres. Il y a un certain retour aux fondamentaux sarkozystes. Et c'est logique, car si l'on regarde les électeurs de Nicolas Sarkozy en 2012, il y a eu une perdition de presque 50% d'entre eux en 2017. Il faut aller les rechercher et notamment un électorat populaire qui a abandonné la droite dans bien des régions. Les heures supplémentaires défiscalisées et la sécurité sont des thèmes qui devraient leur parler et qui sont fondamentales pour la droite.

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