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Effondrement total du UKIP aux élections locales au Royaume-Uni : un avertissement pour le FN ?
©Reuters

Brexit, 2ème effet Kiss pas kool

Le parti europhobe UKIP a subi une défaite cinglante lors des élections locales qui se tenaient en Angleterre, Ecosse et Pays de Galles ce jeudi. Maintenant que le Brexit a été voté, les électeurs britanniques semble accorder leur confiance à un parti classique de gouvernement. Une leçon pour le Front national ?

Bruno Bernard

Bruno Bernard

Anciennement Arthur Young.
Ancien conseiller politique à l'Ambassade de Grande-Bretagne à Paris, Bruno Bernard est aujourd'hui directeur-adjoint de cabinet à la mairie du IXème arrondissement de Paris.

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Atlantico : Les élections locales qui se tenaient en Angleterre, Ecosse et Pays de Galles de ce jeudi 4 mai ont marqué un effondrement du parti UKIP, passant de 41 à 1 siège lors de dépouillements provisoires dans la journée du 5 mai. Quelles sont les causes de cet échec du UKIP, soit son plus mauvais score depuis 2012 ?

Bruno Bernard : UKIP est l’acronyme de « United Kingdom Independence Party » dont la seule véritable raison d’exister était le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne. Avec la victoire des partisans du camp « Leave » le 23 juin 2016, UKIP, parti « monothème »,a perdu son sens aux yeux des électeurs britanniques qui, pour la plupart étaient des anciens électeurs conservateurs. Ceux-ci retournent donc logiquement vers leur parti d’origine, les Tories, responsables de la direction des négociations de sortie du Royaume.

C’est un mouvement logique, le vote UKIP fut « le bélier » qui permis d’enfoncer la porte de la sortie de l’Union européenne, désormais cet électorat fait confiance à un parti de gouvernement pour tenir le château et le remettre en ordre. 

Quelles sont les leçons de cet échec électoral pour la France ? Peut on faire un lien entre la situation actuelle du UKIP et le Front national ? En quoi le cas exceptionnel du Brexit marque t il cependant une différence entre les deux pays ? 

UKIP et le Front National ne sont jamais entendus au Parlement européen, c’est d’ailleurs uniquement grâce à l’apport d’une député FN en rupture avec celui-ci que le parti britannique a pu créer son groupe parlementaire « Europe de la liberté et de la démocratie ».

UKIP s’effondre électoralement car politiquement ce parti n’a plus de sens et ne parvient pas à se renouveler suite à sa victoire idéologique lors du Brexit et du départ de son chef charismatique Nigel Farage.

A la différence, le FN est sur une pente ascendante quoi que l’on pense du résultat de Marine Le Pen au premier tour, de son débat d’entre deux tours et de sa très probable défaite contre Emmanuel Macron.

Depuis maintenant 5 ans le FN s’implante dans la vie politique quotidienne de  la France avec des élus locaux, des parlementaires, des militants et si la marche présidentielle était encore trop haute pour Marine Le Pen, on voit bien que son accession au second tour n’a pas déclenché la mobilisation que son père dût affronter en 2002. Ajoutez à cela que Marion Maréchal Le Pen semble tout à fait en mesure de prendre la suite de sa tante alors qu’elle a moins de 30 ans et vous aurez compris que si la vie politique française continue à n’opposer que « barrages » et bons sentiments à la colère des gens, l’accession au pouvoir du FN ne sera qu’une question de temps. Toutefois, avant cela, ce parti va devoir faire se professionnaliser et faire un travail doctrinal en profondeur pour parvenir à une position cohérentesur l’Euro et de l’Union européenne.Son flottement idéologique en la matière fut remarquable et remarqué pendant cette campagne. Ce travail sera également nécessaire en matière économique car même la colère s’arrête face à un pouvoir d’achat menacé et des impôts en augmentation.

Cette élection a pu marquer une large victoire des Tories, renforçant ainsi la position de Theresa May. Comment interpréter un tel résultat à la veille des élections générales, la droite britannique est elle en passe de retrouver une position aussi dominatrice que celle qu'elle a pu connaître sous l'ère Thatcher ?

Depuis l’accession au pouvoir de Theresa May le Parti conservateur bénéficie d’un alignement des planètes inespéré. Le Brexit a rendu UKIP, sa plus grande menace électorale jusque-là, inutile ; son adversaire historique a un leader dont les candidats Labour, eux-mêmes, ne souhaitent pas prononcer le nom lorsqu’ils passent dans les médias et les Libéraux Démocrates ne se sont toujours pas remis de leur passage au gouvernement dans la coalition avec les conservateurs. Rarement un parti politique et son chef n’ont bénéficié d’autant d’éléments favorables à la veille d’une élection aussi importante que celle du 8 juin prochain.

La seule chose qui mitige cette situation en apparence idyllique sont les négociations du Brexit ou plutôt leur absence qui installent une incertitude très pesante sur ce pays. Il est évident que si Mme May obtient une large victoire le 8 juin, elle aura un mandat clair et fort pour mener à bien les discussions avec Bruxelles et les 26 autres États mais elle n’aura pas mandat pour jouer avec les nerfs des Britanniques mis à rude épreuve depuis le résultat du référendum. 

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