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Des conséquences du soutien de Nicolas Dupont Aignan à Marine Le Pen : suicide politique ou ébauche d’une nouvelle union des droites ?
©ALAIN JOCARD / AFP

C’est le premier pas qui coûte

Nicolas Dupont-Aignan a annoncé ce vendredi soir qu'il se ralliait à Marine Le Pen, avec qui il a "signé un accord de gouvernement". Les conséquences d'un tel soutien peuvent être multiples.

Jean-Philippe Moinet

Jean-Philippe Moinet

Jean-Philippe Moinet, ancien Président de l’Observatoire de l’extrémisme, est chroniqueur, directeur de la Revue Civique et initiateur de l’Observatoire de la démocratie (avec l’institut Viavoice) et, depuis début 2020, président de l’institut Marc Sangnier (think tank sur les enjeux de la démocratie). Son compte Twitter : @JP_Moinet.

 

 

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Atlantico : Comment envisager les effets du soutien apporté par Nicolas Dupont Aignan à Marine Le Pen ? Le président de Debout la France est il voué à une disparition politique, comme cela a pu arriver à ceux qui ont pu rallier le Front national par le passé, ou faut il y voir le départ d'un mouvement "tectonique" d'élus de la droite vers le parti de Marine Le Pen ?

Jean-Phillipe Moinet : La candidate du parti d'extrême droite va bien sûr chercher à exploiter médiatiquement ce ralliement personnel de Dupont-Aignan, qui a provoqué, dans le même temps, une cascade de démissions à la tête et au sein de Debout la France. Dominique Jamet, vice-President de ce parti ou Eric Anceau, membre du conseil national - et ils sont et seront suivis par bien d'autres qui n'acceptent pas cette armistice de la honte -, ont immédiatement décidé de quitter un parti et un homme dont ils considèrent qu'il a trahi la ligne d'indépendance, une ligne qui établissait une nette distinction vis-à-vis du FN, précisément sur les valeurs humanistes et l'attachement aux principes de la République. 

Les électeurs de Dupont-Aignan seront aussi très divisés, et la survie de ce qui devient un satellite réduit du FN est en jeu. Quel sera sa ligne de distinction ? Dupont-Aignan a négocié sans doute des accords pour quelques circonscriptions et le remboursement de ses frais de campagne. Mais l'extrémisme absorbe et détruit ceux qui s'en approchent. C'est ce qu'on compris, depuis longtemps, les responsables et élus de la droite républicaine, y compris les plus droitiers ou durs dans leur positionnement sur la sécurité, l'immigration, les sujets de société. Notons que tous les candidats à la primaire de la droite ont appelé à faire barrage au FN, comme toutes les grandes voix de LR, présidents de régions, de départements, les maires...

On est donc très loin d'un mouvement "tectonique" de la droite vers le parti d'extrême droite. Le ralliement de Dupont-Augnan est même d'autant plus remarqué (et instrumentalisé) qu'il est isolé. 

Ancien chef cabinet de François Bayrou, ancien membre du RPR, le mouvement opéré par Nicolas Dupont-Aignan est il plutôt celui d'un homme, ou s'agit il d'une conséquence logique de ses orientations politiques ? Le cas échéant, faut-il effectivement envisager d'autres cas analogues au cours des prochains jours, semaines, ou mois ? La Droite est elle irrémédiablement fracturée ? 

Il est vrai que les postures et les thèses développées par Dupont Aignan à titre personnel tendaient à banaliser celles du parti d'extrême droite, mais son calcul de court terme est à haut risque pour l'avenir de son mouvement, dont les raisons d'une identité propre disparaissent. La digue qu'il fait sauter emporte la cohérence et raison d'être de sa boutique.

La droite LR, par ailleurs, est bien sûr tiraillée et déstabilisée  après l'échec de son candidat, Francois Fillon, des individualités s'expriment et certaines parfois jouent un dangereux relativisme des principes et des valeurs, en parlant d'abstention. Or, l'histoire l'a montré, le neutralisme face à l'extrémisme est une faute morale doublée d'une erreur stratégique. C'est une faiblesse forcément utilisée par l'adversaire. 

Mais en ce qui concerne les voix qui comptent à droite, la digue tient et la consolidation a été réaffirmée par les plus importants leaders, d'Alain Juppé a Nicolas Sarkozy en passant par François Fillon, Xavier Bertrand, Jean-François Copé, Christian Estrosi, etc... Ils rappellent et soulignent tous et toutes les circonstances historiques dans lesquelles nous nous trouvons et le risque majeur que représente le mouvement d'extrême droite pour l'avenir du pays, son économie, sa cohésion sociale, les relations avec nos voisins. LR a bien souligné collectivement la nécessité de faire barrage au deuxième tour de la présidentielle à Marine Le Pen, qui cherche à exploiter les problèmes et les souffrances sociales, trouve les boucs-émissaires, et qui précipiterait le pays dans le chaos et un désordre inégalé, lourd de conséquences.  

Comment envisager l'avenir du parti Debout la France dans cette perspective, mais également celui du Front national ? Peut-on anticiper une logique d'absorption, ou plutôt de coexistence ?

L'absorption de Debout la France est, à terme, programmée par le ralliement de Dupont-Aignan, qui a abdiqué. Il devient un appendice, qui va rétrécir rapidement, du parti d'extrême droite.

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