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Les quatre France et la carte inédite du vote Macron
©Reuters

Quatre-quarts

Un front est-ouest sépare les deux finalistes de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Mais si on regarde d'un peu plus prêt, force est de constater qu'il y a d'autres lignes de fracture, entre une France urbaine, une France du Littoral, du vide, de la mondialisation ou non, des campagnes, historiquement à droite ou à gauche...

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Les quatre principaux candidats se sont partagés un peu plus de 80% des voix. Cette domination arithmétique a également trouvé sa traduction géographique comme le montre la carte du candidat arrivé en tête. Chacun d’entre eux règne sur un espace bien défini. L’espace que domine Marine Le Pen correspond à l’implantation classique du FN. A l’exception de la région parisienne, elle vire en tête dans la plupart des communes situées à l’est d’une ligne Le Havre-Lyon. A ce fief du quart nord-est de la France s’adjoignent le littoral méditerranéen et l’axe de la Garonne remontant jusqu’à la Charente-Maritime.

Si cette géographique est désormais bien connue, la répartition des fiefs d’Emmanuel Macron, autre finaliste et candidat présentant une offre politique en rupture avec les schémas traditionnels, fait apparaître une carte assez inédite. A y regarder de plus près, la géographie du macronisme agrège différents apports. On y décèle ainsi la dot de François Bayrou avec son implantation dans les Pyrénées-Atlantiques et certains départements de l’ouest. A cette assise qui correspond en partie aux restes du vote démocrate-chrétien s’arriment des terroirs socialistes comme le Lot, le sud de l’Aveyron, la Corrèze hollando-chiraquienne ou bien encore le Puy-de-Dôme ou la Haute-Vienne ainsi que la Bretagne où le soutien des centristes et de toute une partie du PS (Jean-Yves Le Drian) débouchent sur une domination sans partage du leader d’En Marche ! Ce dernier peut aussi s’appuyer sur le vote des cadres et des diplômés vivant dans les grandes métropoles universitaires : Nantes, Rennes, Bordeaux, Toulouse, Caen, Amiens (dont il est originaire), Lilles, Metz, Nancy, Strasbourg, sans oublier Lyon (fief de son soutien Gérard Collomb), la région grenobloise et l’agglomération francilienne.  Au final, la carte qui se dessine ressemble assez à celle du « oui » lors des référendums européens.

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Traduction de l’échec de François Fillon, la sphère d’influence traditionnelle de la droite s’est considérablement rétractée. Le principal point d’appui est centré autour de son bastion sarthois avec la Mayenne, l’Orne et une partie du Maine-et-Loire. On retrouve également plus au sud, le Cantal, l’Aubrac, les Savoie et le Haut-Doubs à la frontière suisse. Le candidat de droite vire également en tête dans les zones à hauts revenus parmi lesquelles on peut citer l’ouest des Yvelines (terre d’élection de Gérard Larcher), les vignobles champenois et alsaciens mais aussi et surtout de nombreuses zones balnéaires : Le Touquet (pourtant lieu de villégiature de la famille Macron), la Côte fleurie (Trouville, Deauville, Honfleur), le golfe du Morbihan, la côte vendéenne et charentaise (avec le fameux retraité de l’Ile de Ré assujetti à l’ISF…), le bassin d’Arcachon et la Côte d’Azur.

Changement de décor avec la France de Jean-Luc Mélenchon qui s’appuie sur la survivance de l’implantation communiste. On retrouve ainsi les campagnes rouges du Bourbonnais dans l’Allier, celles des Monts d’Arrée en Bretagne, celle du Périgord et de la Haute-Vienne, les bassins miniers du Canigou, des Cévennes, et de Lorraine. Le communisme urbain est également représenté avec les restes de la banlieue rouge, le Havre, l’agglomération rouennaise, Vierzon… Mais le mélenchonisme a largement débordé les limites des restes du communisme municipal en captant toute une partie des fiefs socialistes traditionnels principalement dans le sud : Landes, Ariège, Corbières et Ardèche.     

Ainsi dépouillé par Emmanuel Macron des zones de la deuxième gauche (Bretagne, Isère, Ile-de-France) et par Jean-Luc Mélenchon des vieux terroirs de la première gauche, Benoît Hamon s’en est trouvé réduit à la portion congrue. Le candidat du PS ne vire en tête que dans 16 communes en métropole. Ce score dérisoire le place, sur ce critère, loin derrière Jean Lassalle qui en affiche pas moins de 78, pour l’essentiel (61) dans son fief des Pyrénées-Atlantiques.

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