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Macron, le choix de l’intelligence collective
©madameoumadame.fr

Présidentielle

Tout au long de la Ve République, les gens d’esprit n’ont cessé de se moquer du centre. On lui reproche d’être mou, inconstant, sans conviction. On le traite de force d’appoint.Pourtant, en 2017, c’est un candidat centriste - se réclamant à la fois de la droite et de la gauche - qui est le favori pour gagner l’élection présidentielle. Comment expliquer cette percée historique ?

Emile Servan-Schreiber

Emile Servan-Schreiber

Emile Servan-Schreiber est un spécialiste mondialement reconnu des marché prédictifs : l'intelligence collective au service de la prévision. Avant la création de Lumenogic il a fondé et dirigé NewsFutures pendant 10 ans (2000-2010). Sous son leadership, NewsFutures puis Lumenogic ont développé nombre d'applications innovantes des marchés prédictifs pour une clientèle mondiale de grandes entreprises, médias et gouvernements.

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Tout au long de la Ve République, les gens d’esprit n’ont cessé de se moquer du centre. On lui reproche d’être mou, inconstant, sans conviction. On le traite de force d’appoint.Pourtant, en 2017, c’est un candidat centriste - se réclamant à la fois de la droite et de la gauche - qui est le favori pour gagner l’élection présidentielle. Comment expliquer cette percée historique ?

C’est que nous sommes entrés dans l’âge de l’intelligence collective, et que celle-ci s’exprime naturellement mieux au centre que sur les bords. Les français en quête de solutions intelligentesse tournent donc en masse vers le centre.

Nombreux sont les candidats qui dans cette campagne ont invoqué l’intelligence collective. Jean-Luc Mélenchon fustigeait récemment place de la République « des hommes et des femmes providentiels, des comités d’experts de toutes sortes qui, sans cesse, se substituent à l’intelligence collective. » Dans la même ligne, Benoit Hamon postulait sur Twitter que « l'intelligence collective est bien supérieure au prétendu génie des hommes providentiels de la Ve République. » Même Marine Le Pen est d’accord, prônant depuis 2011 l’usage généralisé du référendum « parce que je crois à l’intelligence collective. » Mais le fait que l’extrême gauche et l’extrême droite se voient chacune comme le meilleur vecteur de l’intelligence collective suggère au contraire qu’aucune des deux n’y entendgrand chose.

Qu’est-ce que l’intelligence collective ? Pour les scientifiques, c’est la capacité d’un groupe à être plus intelligent que les individus les plus intelligents du groupe. C'est l'inverse de la « pensée unique ». Si le groupe est intelligent c’est parce que chacun y contribue son savoir, forcément partiel et teinté de subjectivité. Mais quand tout est mis sur la table, les savoirs s’accumulent et se complètent, tandis que les biais individuels s’annulent les uns les autres. Reste une somme de connaissances consolidée et débarrassée du brouillard subjectif. C’est mathématique. Mais pour que cela fonctionne, quatre ingrédients sont nécessaires: diversité des opinions, indépendance d'esprit, décentralisation des sources et, enfin, un mécanisme efficace pour synthétiserl'information récoltée. Si on respecte larecette, le groupe sera plus intelligent que « le meilleur d’entre nous ». Mais si un seul ingrédient vient à manquer, on sombre facilement dans la sottise, ou pire.

On comprend alors pourquoi le centre politique est collectivement plus intelligent que « la droite » ou « la gauche ». Étant issus intellectuellement des deux bords, mais pourtant résolus à travailler ensemble, les centristes évacuent plus facilement les biais idéologiques qui empoisonnent et qui aveuglent. Le manque de discipline partisane, qui leur est souvent reproché, permet en fait à chacun de contribuer au débat sans subir de pression pour se conformer à une pensée unique. Au centre, on ne fulmine pas contre les « traitres » qui osent suivre leurs convictions plutôt que les ordres.

Diversité des points de vue et indépendance d’esprit sont donc les deux premiers ingrédients de l’intelligence collective qui ont toujours fait partie de l’ADN du centre. Mais cela ne suffisait pas jusqu’à présent, car sans personnalité charismatique pour réaliser une synthèse, on ne pouvait que constater, comme François Bayrou, que « rassembler les centristes, c’est comme conduire une brouette pleine de grenouilles : elles sautent dans tous les sens ».Emmanuel Macron est le troisième ingrédient de la recette, celui qui permet la synthèse créatrice de valeur. Celui à qui l’on reproche si souvent considérer plusieurs idées apparemment contradictoires « en même temps », se conforme en fait à une exigence intellectuelle : F. Scott Fitzgerald ne disait-il pas que « le test d’un intelligence de premier ordre est la capacité à tenir compte de deux idées opposées en même temps, tout en restant capable de fonctionner » ?

Quand au dernier ingrédient, la décentralisation des sources, on le retrouve dans la « grande marche », cette récoltemassive des opinions de français sur tout le territoire.

Le succès d’EmmanuelMacron vient donc de ce qu’il a su révéler le potentiel de l’intelligence collectiveau centre. Il yest plus fort qu’ailleurs sur l’échiquier politique. En 2017, la France a besoin de cette intelligence !

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